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Le calice des esprits

Le calice des esprits

Titel: Le calice des esprits Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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colombe parmi les faucons. Mais l'était-elle vraiment ?
Parfois, elle faisait montre d'une ruse et d'une intelligence dont son père
aurait pu s'enorgueillir.
    — Les templiers, le massacre
chez Vitry, le trépas de Pourte, l'Anglais, ont un point commun, observa-t-elle
en souriant. Moi !
    Elle fit une petite grimace devant
mon étonnement.
    — Mon père doit payer une
lourde dot aux Anglais, mais son trésor est vide. Le pillage du Temple le
remplira. Vitry était l'un de ses banquiers. Il négociait au nom du Temple et
de différents marchands, comme les Frescobaldi d'Italie, divisés entre
partisans de factions rivales. La disparition de Vitry pourrait être un rude
coup pour lui !
    — Et Pourte ?
    — Ah ! l'Anglais !
Édouard a bien choisi. Pourte et Casales appartiennent au Conseil royal. J'ai
cru comprendre qu'ils penchaient en faveur de mon mariage.
    Je me remémorai le banquet de la
veille. Les deux émissaires anglais n'accordaient pas tout à fait foi au
message qu'ils apportaient ; c'est pour cette raison qu'on les en avait
chargés afin d'outrager le moins possible les Français. Les deux hommes,
obligés de défendre une politique à laquelle ils ne croyaient pas, en avaient
de toute évidence été déconcertés.
    — Dédales au cœur de dédales,
remarquai-je. Pourquoi Vitry et Pourte ont-ils été occis ? À cause de
vous, à cause de moi ?
    Je n'attendis pas de réponse.
    — Bien sûr, murmurai-je, il peut
y avoir d'autres motifs et j'ai peut-être été menacée parce qu'on m'a surprise
à fureter.
    — Il y a encore autre chose.
    Isabelle se leva et prit une clé à
la chaîne qu'elle portait au cou. Elle s'agenouilla, poussa de côté le tapis
turc et, à l'aide d'une mince lame, souleva une planche du parquet. En
plongeant le bras, elle sortit un petit coffre qu'elle ouvrit. Elle m'adressa
un sourire malicieux.
    — Marie, et elle seule,
savait où ceci était caché.
    — Et où est Marie à
présent ?
    — Partie, répondit-elle en
riant. Elle ne reviendra jamais. Voilà, c'est pour vous.
    Elle me remit un petit rouleau
dont le sceau était brisé. Je reconnus sur-le-champ, à son écriture
caractéristique, un document rédigé par Vitry. J'avais assez vu son cabinet de
travail pour ne pas me tromper. Je déroulai le parchemin. La date du jour, en
haut, était celle de la veille de son assassinat. La missive était écrite en un
code qu'oncle Réginald m'avait enseigné : l'alphabet grec était remplacé
par des séries de nombres pairs et oméga, la dernière lettre, correspondait au
A français.
    — Vous étiez absente,
expliqua Isabelle en réponse à mon regard interrogateur. Moi aussi, Mathilde,
je dois me protéger. Toutes les lettres adressées à ma maison me sont aussitôt
remises ; ne l'oubliez pas.
    Elle se pencha en avant,
surexcitée.
    — Que dit-elle ?
    — Mon agresseur, répondis-je
avec humeur, vous conseillait de rester dans vos appartements et de vous
occuper de vos broderies.
    Elle tapa du pied et fit un son
grossier des lèvres.
    — Que dit-elle,
Mathilde ?
    Cachant ma contrariété devant son
intervention, je me dirigeai vers la petite table de travail ; Isabelle
debout à mes côtés, je traduisis le message.
    — La rue des
Écrivains — au-dessus de l'enseigne d' Ananias . Faites-lui
confiance si vous le pouvez ! S'il est parti, si pour vous la volonté de
Dieu est claire, vous le trouverez au-dessus du Palefroi dans Seething
Lane qui prend dans Paternoster Row en la ville de Londres.
    — Qu'est-ce que cela veut
dire ?
    Je me tournai et la regardai.
    — Cela veut dire, madame, que
Vitry a réfléchi et s'est demandé si j'étais en sécurité ici. Je pense qu'il se
sentait coupable. C'était un homme bon. Il m'a envoyé ceci comme aide
supplémentaire alors que c'était lui, pendant tout ce temps, qui avait besoin
d'assistance.
    La princesse s'inclina et ses
lèvres effleurèrent mon oreille comme si nous étions amantes.
    — Nous n'avons pas besoin de
lui, Mathilde, souvenez-vous-en toujours. Nous sommes, comme votre assaillant
l'a dit, céans, dans nos appartements avec ce qu'il appelle nos travaux
d'aiguille. Si Dieu le veut, Mathilde, vous et moi tisserons quelque chose dont
tout le monde, mon père y compris, se souviendra à jamais. Ne l'oubliez
pas !
    La passion l'emportait à tel point
que la colère marbra ses pommettes et que ses yeux bleus étincelèrent de rage.
Je ne l'avais encore jamais vue dans cet

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