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Le calice des esprits

Le calice des esprits

Titel: Le calice des esprits Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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cité sont terrorisés par Sandewic, ils haïssent Baquelle
parce qu'il tient sa charge du roi.
    — Et Lord Walter
Wenlock ?
    — C'est l'abbé de
Westminster, pouffa Rossaleti, et il est fort conscient de sa position.
    Il toussa et se ressaisit.
    — Voilà plus de vingt ans
qu'il est abbé. C'était un ami proche de l'ancien roi et c'est un confident du
nouveau. Il plaît beaucoup à Lord Gaveston.
    — Et que pensez-vous maintenant
du trépas de Pourte et de l'agression contre vous ? s'enquit Isabelle.
    — Soupçonner n'est pas
prouver, répondit Casales en se mordillant les lèvres. Bien entendu, mon
seigneur * le roi en a été informé et a protesté.
    Il leva les yeux au plafond.
    — Mais ce n'est que signe des
temps.
    — Et pourquoi mon promis
a-t-il soudain changé d'avis ?
    — Dieu seul le sait !
murmura Casales. Madame, et bientôt Votre Grâce, dit-il en souriant, ce
changement n'est peut-être que pure politique, et en ce sens il est inévitable.
Ma maîtresse jeta un regard perçant à Rossaleti qui acquiesça.
    — Madame, répéta Casales,
nous ne parlons point ici en termes de roman de chevalerie, mais n'oubliez pas
que mon seigneur * le roi d'Angleterre éprouve pour vous un amour
inaltéré.
    — Et Lord Gaveston ?
    L'ambiguïté de la question
d'Isabelle fit tressaillir Casales qui lança un coup d'œil à son compagnon. Le
clerc se contenta d'un sourire serein : ce n'était pas à lui d'y répondre.
    —  Mon seigneur *,
s'empressa de déclarer Casales, aime sa dame, alors que l'affection qu'il porte
à Lord Gaveston est celle qu'on ressent pour un frère chéri. Les nouveaux
émissaires vous le confirmeront.
    — Dans ce cas, messire,
annonça Isabelle en se levant et en lissant les plis de sa robe, il est temps d'aller
voir nos visiteurs.
    Nous nous rendîmes dans la salle
du conseil. Tout était prêt comme pour une messe. Les chandelles brillaient le
long de la table cirée, les bûches de pin odorant craquaient avec ardeur dans
le feu, les braseros pétillaient, sous leurs tentures les
murs — percés sans nul doute de trous pour espionner et munis de
petites loges où Marigny et ses Secreti pouvaient se
dissimuler — étaient plongés dans l'ombre. Les trois envoyés étaient
rassemblés à l'autre bout de la table. Sandewic avait l'air de ce qu'il était,
un vétéran, un vieux chevalier qui n'avait onc failli à Dieu ni au roi. Il me
plut tout de suite ; sa bonté sans fard m'alla droit au cœur. Il me
faisait tant songer à oncle Réginald ! En y repensant, je comprends, en
fait, que certains hommes ont une honnêteté, une richesse d'âme innées.
Sandewic était de ceux-là. Il avait une tête de faucon, le nez busqué, la
bouche bien dessinée et des yeux sévères sous des sourcils broussailleux. Il
était vêtu à l'ancienne mode, sans affiquets, simplement d'un long surcot vert
foncé sans manches sur un bliaud rouge sombre. Il portait un ceinturon autour
de la taille et la chaîne d'argent de son office au cou. Ses cheveux gris fer
tombaient sur ses épaules ; mais sa moustache et sa barbe blanches étaient
taillées avec soin. Il s'agenouilla à l'approche d'Isabelle, lui baisa les
mains puis, de façon touchante, se tourna vers moi et fit de même en me serrant
les doigts. Je sentis entre lui et moi une communion d'âme et d'esprit. Jesu
Christe, miserere mei  ; sa mort brutale allait me terrasser.
    Baquelle était différent :
petit, grassouillet et pompeux. Sa tignasse de cheveux noirs couronnait son
visage radieux et gai. Il arborait la plus belle des tuniques à découpes
dentelées, des chausses bigarrées et des bottes de cavalier en cuir de Cordoue
rouge sang. Il hésitait entre la fanfaronnade et la flagornerie. La gaucherie
de son discours qui se voulait courtois obligea Rossaleti à cacher son sourire.
Image du grand négociant imbu de son importance, c'était tout à fait
l'émissaire royal, et il adressa à ma maîtresse le plus sommaire des saluts.
    Lord Walter Wenlock, abbé de
Westminster, était revêtu des habits noirs des bénédictins, coupés toutefois
dans la meilleure laine et bordés d'hermine. Son capuchon apprêté, rejeté avec
élégance en arrière, était doublé d'un coûteux samit pourpre. Il était fier, de
manières et d'apparence. Sa tonsure était taillée avec soin et sur son visage
patricien rasé de près se lisait un air de suffisante sérénité. Lèvres fines et
regard altier, c'était un homme qui, en

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