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Le calice des esprits

Le calice des esprits

Titel: Le calice des esprits Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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son héritier, en le frappant et en lui donnant des coups de pied,
en hurlant que c'était un fripon et qu'il aurait souhaité pouvoir laisser sa
couronne à quelqu'un d'autre. Gaveston a été exilé sur-le-champ.
    Casales se passa les mains sur le
visage.
    — Quand le vieux roi est mort
en juillet dernier, Gaveston a été rappelé et anobli, fait comte de
Cornouailles et marié à la nièce du souverain, Margaret de Clare. Les comtes de
Lincoln et de Lancastre se sont opposés à l'avancement d'un roturier, d'un
Gascon dont la mère, prétend-on, était une sorcière. Mais mon seigneur *
s'est obstiné. Il ne s'agit pas que de Gaveston, mais aussi de contrer la
volonté de feu son père, qu'il soit question de l'Écosse ou de la tyrannie de
ses conseillers...
    — Ou de mon mariage ?
intervint Isabelle.
    — Oui, madame, avoua Casales.
Vous savez à présent toute la vérité là-dessus. Il suffît que son père ait
désiré quelque chose pour qu'Édouard notre roi veuille prendre le contre-pied,
ait envie de ruer contre l'aiguillon ; par conséquent, Dieu seul sait où
cela nous mènera.
    Casales se tourna vers moi, les
yeux plissés.
    — Avez-vous déjà connu la
solitude, Mathilde ? Savez-vous ce que c'est que d'être seul ?
    J'aurais pu, bien sûr, répondre
avec franchise, mais pour ces deux hommes j'étais ce que je faisais semblant
d'être, une suivante, une dame de chambre *, une jouvencelle du peuple
dans les très bonnes grâces de la princesse. Je compris ce que Casales sous-entendait.
Il avait pris sa décision à mon sujet : étant une favorite de la
princesse, j'étais, par conséquent, fort à même de concevoir quelle était
l'importance de Gaveston. Je m'empressai d'acquiescer, bien que j'eusse dû
réfléchir avec plus de soin à ce qu'il avait demandé. Casales reprit la parole,
tenu de dire la vérité. Il expliqua qu'Édouard d'Angleterre condamnait
quiconque l'avait contrarié pendant sa jeunesse. Il mentionna surtout Walter
Langton, évêque de Coventry et de Lichfield, ancien trésorier de feu le roi,
qui avait tenté de modérer les dépenses du prince. Il était à présent démis de
son office et appréhendé.
    — Et que va-t-il se passer,
selon vous ? voulut savoir Isabelle.
    Casales leva sa main indemne.
    —  Mon seigneur * le roi
est un lévrier agile et rapide, qui prend le vent. En refusant votre mariage il
se moque de son père et du vôtre, que Dieu lui pardonne. Il est, en cela, aidé
par Gaveston, mais à la fin — il montra la croisée d'un signe de
tête — le jour se lève et meurt, la nuit tombe, et on ne peut arrêter
le passage des heures.
    — Est-ce ainsi que vous voyez
mon union ? le taquina Isabelle.
    Casales sirota une gorgée de vin.
Il ignora la question de ma maîtresse et fit un aveu, un aveu fort étonnant, je
m'en souviens bien.
    — Le vieux roi, cœur dur et
volonté de fer, était comme une chape glacée jetée sur l'âme de nous tous,
dit-il entre ses dents.
    Il leva son poignet mutilé.
    — Je faisais partie de ses
troupes à Falkirk quand nous avons vaincu Wallace. Madame, oubliez les contes
sur les preux chevaliers. Au combat, l'âme s'endurcit. À Falkirk, j'ai été
cerné par un groupe d'Écossais et jeté à bas de mon cheval. Je me suis battu
pour sauver ma vie et ai perdu ma main. Un chirurgien barbier a curé le moignon
en versant de la poix bouillante sur la chair déchirée. Feu le roi est passé
près de moi ; il s'est arrêté, a regardé et a déclaré que j'avais de la
chance. « Des hommes meilleurs ont perdu pire que ça », a-t-il dit.
Le vieil Édouard d'Angleterre était ainsi : il pouvait vous glacer jusqu'à
la moelle.
    La franchise de Casales, bien que
réconfortante, ne dissipa pas nos inquiétudes. Isabelle se demandait si son
futur époux était prêt à entrer en guerre plutôt que de se soumettre à la
volonté de son père et du sien. Elle annonça qu'elle enverrait une lettre
personnelle et une broche de sa cassette. Les deux envoyés avaient l'intention
de passer Noël à Westminster et se préparaient à partir pour Wissant. Je me
rappelle que Rossaleti était très troublé. Il nous confia, à la princesse et à
moi, qu'il redoutait fort les fleuves et les mers et que, pour lui, traverser
la Manche en hiver était une des horreurs de l'Enfer. Peut-être pressentait-il
sa mort, ce qui n'était pas le cas de Pelet.
    Deux jours après la réunion avec
Casales et Rossaleti, je commençai à

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