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Le Capitaine Micah Clarke

Le Capitaine Micah Clarke

Titel: Le Capitaine Micah Clarke Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arthur Conan Doyle
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il en est deux que je puis me flatter de ne jamais
violer. Je suis toujours pourvu d'un tire-bouchon, et jamais je ne
manque d'embrasser l'hôtelière.
    – D'après ce que j'ai vu de vous, dis-je en
riant, je pourrais me porter garant que ces deux devoirs sont
toujours accomplis.
    – J'ai des lettres moi aussi, dit-il en
s'asseyant sur le bord du lit, et parcourant un rouleau de papiers.
« Votre Araminte au cœur brisé. » Hum ! la donzelle
ne doit pas savoir que je suis ruiné. Sans quoi son cœur serait
bientôt raccommodé… Qu'est-ce que cela ? Un défi pour faire
combattre mon coq Julius contre le jeune coq de Lord Dorchester,
enjeu cent guinées. Par ma foi, j'ai trop d'occupation à soutenir
l'oiseau de Monmouth, pour l'enjeu du championnat… Un autre
m'invite à une partie de chasse au cerf à Epping… Diantre, si je
n'avais pas gagné au large, je me verrais moi-même aux abois, avec
une meute de mâtins d'huissiers aux talons… Une lettre où mon
drapier me réclame son dû. Il peut supporter cette perte. Je lui ai
réglé plus d'une note bien longue… Une offre de trois mille livres
que me fait le petit Dicky Chichester ! Non, non, Dicky, pas
de cela. Un gentleman ne doit pas vivre aux crochets de ses amis.
On n'en est pas moins très reconnaissant… Qu'est-ce
maintenant ? De
Mistress
Butterworth. Pas d'argent
depuis trois semaines : des garnisaires dans la maison ! Non,
malédiction, voilà qui est trop fort !
    – Qu'y a-t-il ? demandai-je en
interrompant la lecture de mes propres lettres.
    La figure pâle du baronnet avait pris une
légère coloration, et il arpentait la pièce d'un air furieux, une
lettre froissée à la main.
    – C'est une honte abominable, Clarke,
s'écria-t-il. Par la corde, elle aura ma montre, qui sort de chez
Tompion, à l'enseigne des Trois-Couronnes, dans la Cour de
Saint-Paul, et qui a coûté toute neuve cent livres ! Cela
pourra assurer son existence pendant quelques mois… Pour cela
Mortimer aura à se mesurer à l'épée avec moi. J'écrirai le mot de
vilain
sur lui avec la pointe de ma rapière.
    – Je ne vous ai jamais vu en colère jusqu'à ce
jour, dis-je.
    – Non, répondit-il en riant. Bien des gens
m'ont fréquenté pendant des années et me donneraient un certificat
d'égalité d'humeur. Mais cela est trop fort. Sir Edward Mortimer
est le frère cadet de ma mère, mais il n'est pas mon aîné de
beaucoup. Un jeune homme convenable, tiré à quatre épingles, à la
voix douce, le voilà tel qu'il fut toujours. En conséquence de
quoi, il a réussi dans le monde, et a joint les terres aux terres,
selon le langage de l'Écriture. Au temps jadis, je l'ai aidé de ma
bourse, mais il n'a pas tardé à devenir plus riche que moi, car il
gardait tout ce qu'il gagnait. Moi au contraire, tout ce que je
gagnais… Bah ! cela s'est dissipé comme la fumée de la pipe
que vous allumez en ce moment. Lorsque je m'aperçus qu'il n'y avait
plus rien, je reçus de Mortimer un prêt qui était suffisant pour me
permettre de me rendre dans la Virginie, ainsi que je le désirais,
et de faire emplette d'un cheval et d'un équipement. La chance
pouvait tourner de telle sorte, Clarke, que les domaines des Jérôme
lui revinssent, s'il m'arrivait un accident. Aussi ne voyait-il
aucun inconvénient à ce que je partisse pour le pays des fièvres et
des couteaux à scalper. Non, ne hochez pas la tête, mon cher
campagnard, vous êtes peu au fait des malices du monde.
    – Faites-lui crédit, jusqu'à ce que le pire
soit prouvé, dis-je en m'asseyant sur le lit, et fumant, mes
lettres étalées devant moi.
    – Il est prouvé, le pire, dit Sir Gervas, dont
la figure s'assombrit. Comme je l'ai dit, j’ai rendu à Mortimer
quelques services, dont il aurait bien dû garder le souvenir,
quoique je ne juge pas convenable de les lui rappeler. Cette
Mistress
Butterworth a été ma nourrice, et ma famille
avait l'habitude de pourvoir à son entretien. Je ne pouvais me
faire à l'idée que la ruine de ma fortune lui ferait perdre une ou
deux pauvres guinées par semaine, sa seule ressource contre la
faim. Je demandai donc à Mortimer une seule chose, au nom de notre
ancienne amitié, c'était de continuer cette aumône. Je lui promis
que si je réussissais, je le rembourserais entièrement. Ce vilain
au cœur bas me serra la main avec chaleur et jura de le faire.
Combien la nature humaine est chose vile, Clarke ! Pour cette
misérable somme, lui, un homme riche, il a manqué

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