Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le cercle de Dante

Le cercle de Dante

Titel: Le cercle de Dante Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Matthew Pearl
Vom Netzwerk:
excellente plaisanterie. C’était son habitude, le soir, d’arpenter Boston, la ville qu’il avait conquise, en riant pour lui-même. Il lui restait encore un monde à pénétrer, un univers que l’argent n’achetait pas, où le sang déterminait la place que l’on y occupait, et ce monde-là, il était sur le point de le soumettre, nonobstant certains obstacles apparus récemment.
    De l’autre côté de la rue, quelqu’un l’observait, le suivait pas à pas depuis qu’il avait quitté sa demeure. Sur la liste des ombres à châtier, Jennison était le suivant. Voyez comme il marche, voyez comme il siffle et rit ! À croire qu’il n’a rien fait de mal aujourd’hui, qu’il n’a jamais fait le mal de sa vie. Il avance, il fait un pas, en fait un autre. Honte à cette ville qui n’est plus maîtresse de son avenir ! Honte à cette cité qui a perdu son âme !
    L’observateur héla Jennison. Celui-ci s’arrêta et scruta la nuit tout en caressant sa fameuse fossette au menton.
    « Quelqu’un a dit mon nom ? »
    Pas de réponse.
    Il traversa la rue, regardant devant lui. Une personne immobile qu’il reconnut vaguement se tenait près de l’église.
    « Ah, c’est vous. Je me rappelle de vous. Qu’est-ce que vous me voulez ? »
    Jennison sentit l’homme se glisser derrière lui et une lame pénétrer dans son dos de prince des marchands.
    « Prenez ma bourse, monsieur, prenez tout ! Je vous en prie ! Vous pouvez la prendre et passer votre chemin ! Combien voulez-vous ? Que dites-vous ?
    —  Par moi passe le chemin au milieu des hommes perdus. Par moi ! »
     
    S’il était une chose dont J. T. Fields ne se doutait pas en montant dans sa calèche le lendemain matin, c’était bien de trouver un mort là où il se rendait.
    « Attendez un peu plus loin », dit-il à son cocher quand il fut arrivé à destination. Et d’expliquer à Lowell que Bachi était entré dans cette échoppe avant de filer au port.
    Imité par son compagnon, il descendit de voiture et parcourut à pied le bout de trottoir jusqu’à la boutique Wade et Fils. La boutique n’était répertoriée dans aucun annuaire de la ville.
    « Que je sois pendu si Bachi ne traficotait pas ici des affaires louches », s’exclama Lowell.
    Ils frappèrent légèrement à la porte. Un moment plus tard, le battant s’ouvrit à toute volée et un homme vêtu d’une longue capote bleue à boutons dorés sortit en trombe, chargé d’un carton rempli de diverses marchandises.
    « Je vous demande pardon », dit Fields.
    Deux policiers arrivaient sur les lieux. Ils ouvrirent toutes grandes les portes, poussant les deux amis à l’intérieur du magasin. Un homme âgé, au visage émacié, était effondré sur le comptoir, une plume à la main, comme s’il avait été interrompu au milieu d’un travail d’écriture. Les murs étaient nus et les étagères vides. Lowell approcha de quelques pas : le mort avait un câble de télégraphe enroulé autour du cou. Fasciné, le poète contemplait cet homme au visage encore rose et frais. Fields se précipita pour lui barrer le chemin de son bras.
    « Il est mort, Lowell !
    — Oui, aussi mort que les carcasses que Holmes découpe au collège de médecine. Je doute que notre dantéen ait commis un meurtre aussi vulgaire.
    — Venez, Lowell, il faut partir ! »
    L’éditeur n’en menait pas large à la vue du nombre croissant de policiers. Mais aucun d’eux ne les avait encore remarqués.
    « Fields, regardez la valise à ses pieds. Il s’apprêtait à fuir, comme Bachi. » Lowell considéra la plume dans la main du mort. « Il voulait finir quelque chose, j’imagine.
    — Lowell, je vous en prie ! le suppliait Fields.
    — Très bien », fit le poète, mais il contourna le bureau en direction du corps.
    Remarquant un plateau avec du courrier, il saisit l’enveloppe sur le dessus de la pile et la fourra subrepticement dans sa poche.
    « Bon, allons-y ! » dit-il en se dirigeant vers la porte.
    Fields se rua en avant. Au bout de quelques pas, il s’arrêta, ne sentant pas la présence de Lowell derrière lui. Celui-ci s’était immobilisé au beau milieu de la salle, et son visage exprimait une douleur effroyable.
    « Qu’avez-vous, Lowell ?
    — Cette maudite cheville. »
    Fields se retournait pour gagner la porte quand il se retrouva nez à nez avec un policier à l’air inquisiteur.
    « Nous cherchions un ami dont nous sommes sans nouvelles

Weitere Kostenlose Bücher