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Le cercle de Dante

Le cercle de Dante

Titel: Le cercle de Dante Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Matthew Pearl
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et que nous avons vu hier entrer dans ce magasin, monsieur l’agent. »
    Le sergent de ville sortit son carnet de rapports.
    « Le nom de cet ami, encore, monsieur ? L’ Œitalien  ?
    — Bachi. B-a-c-h-i. »
    Lowell et Fields venaient d’être autorisés à partir lorsque Henshaw et deux acolytes du bureau des détectives débarquèrent en compagnie de M. Barnicoat, le coroner. Ils chassèrent des lieux la plupart des policiers qui s’y trouvaient.
    « Ichabod Ross, dit Henshaw en apercevant le corps. Qu’on l’enterre dans le cimetière des pauvres avec le reste de la fange. C’est vraiment m’faire perdre mon temps, quand je pourrais être attablé devant mon petit déjeuner ! »
    Comme Fields s’attardait, Henshaw le chassa d’un œil menaçant.
    Plus tard, dans l’édition du soir, le journal publierait un bref compte rendu du meurtre d’Ichabod Ross, négociant de bas étage, au cours d’une effraction. Mais, pour l’heure, Fields et Lowell examinèrent l’adresse inscrite sur l’enveloppe subtilisée par ce dernier. Les Horloges de Vane. C’était le nom de la boutique d’un prêteur sur gages, sise dans l’une des rues les plus malfamées d’East Boston. Fields et Lowell convinrent de s’y rendre dès le lendemain matin.
    Ayant poussé la porte de l’échoppe sans devanture, ils tombèrent sur un colosse de trois cents livres au moins, au visage rouge comme une tomate et aux joues couvertes d’une barbe verdâtre.
    Un énorme trousseau de clefs pendu à son cou au bout d’une corde cliquetait à chacun de ses mouvements.
    « Monsieur Vane ?
    — Z’êtes pile dessus ! répondit-il avec un sourire qui se figea dès qu’il eut noté la tenue de ses visiteurs. Je l’ai d’jà dit à ces détectives de New York ! C’est pas moi qu’a fourgué les faux billets !
    — Nous ne sommes pas des détectives, dit Lowell. Nous pensons que ceci vous appartient. » Il déposa l’enveloppe sur le comptoir. « Ça vient de chez Ichabod Ross. »
    Un énorme sourire revint prendre sa place sur les traits du boutiquier.
    « Si c’est pas gentil, ça. Ben mon cochon ! Et moi qui pensais que l’vieux, il avait été aplati sans s’arranger avec moi !
    — Croyez bien que nous compatissons à la mort de votre ami, monsieur Vane. Savez-vous pourquoi M. Ross a été traité de si vilaine façon ? s’enquit Fields.
    — Oh-oh ! Des petits fouineurs, pas vrai ? Ben, vous avez pas porté vos cochons au marché à volailles. Combien que vous pouvez allonger ?
    — Nous venons tout juste de vous rapporter un paiement de chez M. Ross, rappela Fields.
    — Et qui m’appartenait en propre ! rétorqua Vane. Vous diriez le contraire ?
    — L’argent devra-t-il toujours présider aux échanges ? s’écria Lowell avec humeur.
    —  Lowell , je vous en prie ! » chuchota Fields.
    Le sourire de Vane se figea à nouveau. Son regard devint fixe, ses yeux doublèrent de volume.
    — Lowell ? Lowell, le poète ?
    — Pourquoi ? Oui ! admit celui-ci, quelque peu désarçonné.
    —  Qu’y a-t-il d’aussi rare qu’une journée de juin  ? reprit l’autre en manquant s’étouffer de rire. Et d’enchaîner :
     
    Qu’y a-t-il d’aussi beau qu’une journée de juin ?
    Viennent ensuite, s’il se peut, des jours admirables ;
    Le ciel vérifie que la terre est à l’unisson,
    Et sur elle, doucement, pose une oreille chaude ;
    Que nous regardions ou que nous écoutions,
    Nous sentons murmurer la vie et briller son éclat.
     
    — Au quatrième vers, c’est tendrement, le corrigea Lowell. Vous voyez : Et sur elle, tendrement, pose une oreille chaude …
    — Ah, qu’on vienne pas m’dire qu’y a pas de grand poète américain ! Ah, seigneur et diable ! C’est que j’ai votre maison, aussi ! »
    Et de produire de dessous son comptoir un volume relié en maroquin intitulé Demeures et Thébaïdes chères à nos poètes, qu’il feuilleta jusqu’au chapitre consacré à Elmwood.
    « Tenez, j’ai même votre autographe dans mon catalogue. Z’êtes celui qui s’vend le plus cher après Longfellow, Emerson et Whittier. Y a bien aussi ce coquin d’Oliver Holmes mais, lui, y vaudrait davantage s’y galvaudait pas son nom en le fourrant sur tout. »
    Sous l’effet de l’excitation, le teint de Vane était passé au violet. À l’aide d’une des clefs qui balançaient à son cou, il ouvrit un tiroir et en pêcha un bout de papier portant la

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