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Le cercle de Dante

Le cercle de Dante

Titel: Le cercle de Dante Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Matthew Pearl
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monsieur ? Eh bien, vous allez abandonner votre chasse aux sorcières immédiatement, voilà ce que je vous dis ! »
    Camp lui éclata de rire au nez.
    « Je me fiche comme d’une guigne de votre colère, professeur ! Cette affaire m’a été confiée et je ne me laisserai pas intimider. Ni par ces prétentieux de Harvard, ni par un vieux bonhomme comme vous ! Vous pouvez m’abattre si cela vous chante. Je suis un homme qui mène ses enquêtes jusqu’au bout !… Je ne suis pas un dilettante », ajouta-t-il après une pause.
    Le ton nonchalant sur lequel ces derniers mots avaient été prononcés fit comprendre à Fields le véritable objet de cette visite.
    « Peut-être pourrions-nous négocier une issue ? dit-il en sortant des pièces d’or de son gousset. Que diriez-vous d’accorder un répit indéfini à cette affaire, monsieur Camp ? »
    Il laissa tomber les pièces dans la paume ouverte du détective. Comme celui-ci gardait patiemment la main tendue, il lui en lâcha deux de plus, faisant éclore un sourire pincé sur les lèvres du coquin.
    « Et mon pistolet ? »
    Fields le lui restitua.
    « Je dirai, messieurs, qu’une affaire se résout parfois à l’avantage de tous. »
    Sur ce, le détective s’inclina et quitta les lieux par l’escalier principal.
    « Devoir payer un homme comme lui ! s’insurgea Lowell. Comment avez-vous deviné qu’il accepterait, Fields ?
    — Bill Ticknor se plaisait à répéter que les gens aiment à sentir l’or dans le creux de leurs mains. »
    Sans cesser de fulminer, Lowell alla coller son visage à la fenêtre et regarda Simon Camp se diriger d’un pas allègre vers le portail, souillant de ses empreintes neigeuses le chemin dallé d’Elmwood. Et il faisait sauter une pièce dans sa main, le bougre !
    Ce soir-là, épuisé et sans forces, Lowell alla s’asseoir dans le salon de musique, hésitant un instant sur le seuil, comme s’il était surpris de ne pas y découvrir celle qui d’habitude y était installée auprès du feu.
    Mabel passa la tête dans l’arche qui reliait cette pièce au cabinet de travail de son père.
    « Père ? Il se passe quelque chose, je voudrais que vous m’en parliez. »
    Bess, le chiot terre-neuve, fit irruption dans le salon et vint lécher la main de Lowell. Le poète sourit à cette manifestation de joie qui, pourtant, l’attrista démesurément, lui rappelant les effusions léthargiques de son vieil Argus, un terre-neuve lui aussi, mort d’avoir avalé du poison dans une ferme voisine.
    Décidée à conserver une certaine gravité à la scène, Mabel écarta le chiot.
    « Père, nous passons si peu de temps ensemble, ces derniers jours. Je sais… »
    Elle s’interdit d’achever sa phrase.
    « Quoi donc ? demanda Lowell. Que sais-tu, Mab ?
    — Je sais que quelque chose vous préoccupe, ne vous laisse pas en paix. »
    Il saisit sa main affectueusement.
    « Je suis fatigué, mon cher Hopkins, avoua-t-il, employant le surnom qu’il lui donnait pour s’amuser. Je vais aller au lit et ça ira mieux. Vous êtes une très bonne fille, ma chère. Maintenant, saluez votre géniteur. »
    Elle s’exécuta en posant un baiser mécanique sur sa joue. Jamais auparavant, elle ne s’était sentie aussi éloignée de son père.
    Dans sa chambre à l’étage, Lowell enfouit son visage dans son oreiller rond sans même jeter un regard à Fanny. Mais, bientôt, il nicha la tête contre son ventre et pleura sans discontinuer pendant presque une demi-heure. Toutes les émotions par lesquelles il était passé dans sa vie se rappelaient à lui ensemble. Sur l’écran de ses paupières fermées, il voyait un Holmes dévasté, affalé par terre, devant la salle des Auteurs, et un Phineas Jennison découpé de haut en bas, le suppliant de le sauver, de le délivrer du châtiment dantesque.
    Sachant que son mari ne lui dirait rien, Fanny se contenta de passer la main dans ses cheveux d’une chaude couleur auburn en attendant qu’il finît par s’endormir, épuisé par les sanglots.
     
    « Lowell, réveillez-vous ! Je vous en prie, Lowell. »
    Il entrouvrit les yeux. Une giclée de soleil l’étourdit.
    « C’est vous, Fields ? Que se passe-t-il ? »
    L’éditeur était assis sur le bord de son lit, un journal plié serré contre sa poitrine.
    « Tout va bien, Fields ?
    — Tout va mal. Il est midi, Jemmy. Fanny me dit que depuis hier soir vous dormez comme une souche en faisant des sauts

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