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Le cercle de Dante

Le cercle de Dante

Titel: Le cercle de Dante Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Matthew Pearl
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le comptoir après le travail. Elle résistait et lui criait de s’arrêter. M. Teal est intervenu. Je crains qu’il n’ait été obligé de soumettre M. Ticknor en usant de la force. »
    Fields prit une chaise et l’approcha de Cecilia Emory.
    « Vous pouvez parler en toute liberté, ma chère », l’assura-t-il gentiment.
    La demoiselle s’efforça d’endiguer ses pleurs.
    « Je suis tellement désolée, monsieur Fields. J’ai besoin de ce travail, et il disait que si je ne faisais pas comme il le voulait… C’est le fils de William Ticknor et on dit que vous devrez bientôt le nommer associé en second à cause du nom qu’il porte.
    — Vous… vous avez repoussé ses avances ? » demanda Fields avec délicatesse.
    Elle hocha la tête.
    « Il est si fort. Et M. Teal… Ah, je bénis le ciel qu’il se soit trouvé là.
    — Depuis combien de temps cela dure-t-il, avec M. Ticknor, mademoiselle Emory ?
    — Trois mois », parvint-elle à articuler entre deux sanglots.
    Autrement dit, très vite après qu’elle avait été engagée.
    « Dieu m’est témoin que je ne l’ai pas voulu, monsieur Fields. Vous devez me croire !
    — Ma chère mademoiselle Emory, écoutez-moi, dit l’éditeur sur un ton paternel tout en lui tapotant la main. Considérant que vous êtes orpheline, je passerai sur les faits. Je vous permets de conserver votre emploi. »
    Elle hocha la tête avec gratitude et jeta les bras autour du cou de l’éditeur. Il se releva.
    « Où est-il ? » demanda-t-il à Osgood.
    Il fulminait. C’était une trahison de la pire espèce.
    « Nous l’avons installé dans la salle d’à côté pour vous attendre, monsieur Fields. Je dois vous dire qu’il nie cette version des faits.
    — Cette jeune fille était parfaitement pure, ou alors je ne connais rien à la nature humaine… Monsieur Teal, le récit de M lle  Emory correspond-il aux faits dont vous avez été le témoin ?
    — Je me disposais à partir, monsieur, quand j’ai vu M lle  Emory en train de se débattre, répondit Teal à la vitesse de l’escargot, sans interrompre son éternelle mastication. Comme elle demandait à M. Ticknor de la laisser, j’ai cogné jusqu’à ce qu’il s’exécute.
    — C’est bien, mon garçon. Je ne l’oublierai pas. »
    Teal ne sut que répondre.
    « Monsieur, je dois être à mon autre travail demain matin. Je suis gardien a l’université pendant la journée.
    — Ah bon ?
    — Mais ce travail ici est toute ma vie, ajouta-t-il vivement. Si vous voulez que je fasse plus de choses, monsieur, je vous en prie, faites-le-moi savoir.
    — Je veux que vous écriviez en détail ce que vous avez vu, monsieur Teal. Nous avons besoin d’une trace écrite, au cas où la police serait appelée à s’en mêler. »
    Il indiqua à Osgood de donner au commis du papier et une plume.
    « Quand M lle  Emory se sera calmée, faites-lui écrire son histoire également. »
    En voyant Teal tracer péniblement ses lettres, Fields comprit qu’il était quasi analphabète, pour ne pas dire totalement. Il s’étonna qu’un homme pût travailler quotidiennement parmi les livres sans posséder ne fût-ce que des rudiments de lecture.
    « Monsieur Teal, dit-il. Dictez plutôt votre récit à M. Osgood, cela paraîtra plus officiel. »
    Teal en convint avec reconnaissance et tendit sa feuille de papier au premier clerc. Cette partie de l’affaire réglée, Fields s’en fut trouver Samuel Ticknor.
    À la vue des traces laissées par le commis sur le visage du coupable, il fut abasourdi : son nez était dévié, ses pommettes tuméfiées. Il lui fallut presque cinq heures pour arracher la vérité à un Ticknor qui alternait manœuvres dilatoires et réponses superficielles. Finalement, le jeune homme admit son adultère avec Cecilia Emory et avoua une autre liaison avec une secrétaire.
    « Vous allez quitter les locaux de Ticknor et Fields sur-le-champ et n’y remettrez jamais les pieds, déclara l’éditeur.
    — C’est mon père qui a fondé cette maison. Quand il vous a engagé, vous n’étiez guère plus qu’un mendiant ! Mon nom est inscrit au fronton de cet immeuble, et même avant le vôtre, monsieur Fields.
    — Votre père serait plus déshonoré que je ne le suis moi-même, Samuel ! Vous avez causé la déchéance de deux demoiselles, vous faites le malheur de votre épouse et de votre pauvre mère. »
    Samuel Ticknor était au bord des

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