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Le cercle de Dante

Le cercle de Dante

Titel: Le cercle de Dante Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Matthew Pearl
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allons discuter en privé avec signore Bachi », dit Longfellow.
    Ils firent entrer le captif dans une pièce voisine et Lowell exigea qu’il s’expliquât sur sa présence.
    « Je ne vous dirai pas un mot. C’est à cette dame que je dois parler.
    — Je vous en prie, signore Bachi, intervint Longfellow. Le Dr Holmes et M. Fields sont présentement en train de lui poser quelques questions.
    — Qu’avez-vous manigancé avec Teal ? reprit Lowell. Où est-il, d’ailleurs ? Et ne jouez pas au plus fin avec moi. Dès qu’il y a un ennui, vous réapparaissez systématiquement, comme de la fausse monnaie. »
    Bachi fit la grimace.
    « Ce serait à moi de poser les questions après le traitement que vous m’avez infligé. Qui est ce Teal, d’abord ?
    — Si je n’obtiens pas satisfaction dans l’instant, je le conduis tout droit à la police et je déballe tout ! menaça Lowell. Ah, Longfellow, je le savais bien qu’il vous roulait dans la farine depuis le début !
    — Allez-y ! Faites venir la police ! s’écria l’italien. Ils m’aideront à récupérer mon dû ! Vous vouliez connaître mes affaires ? Eh bien, je suis venu me faire payer ce que me doit un fainéant. » Il déglutit péniblement, tant il avait honte du motif de sa visite. Sa pomme d’Adam saillante remonta le long de sa gorge. « Vous devez vous douter que je suis un petit peu fatigué de faire le répétiteur.
    — Le répétiteur ? Vous donnez à cette dame des cours d’italien ? s’exclama Lowell.
    — À son mari, répondit Bachi. Et trois cours seulement, il y a de cela plusieurs semaines… Mais dans sa tête, apparemment, mon travail était gratis.
    — Vous étiez reparti pour votre pays ! » jeta Lowell.
    Bachi eut un ricanement déçu.
    « Si seulement, signore ! Disons que des vents contraires rendent mon retour impossible. Avant des lunes et des lunes en tout cas. Mon frère Giuseppe reverra l’Italie avant moi.
    — Votre frère ? Quelle insolence ! s’écria Lowell. Vous filiez comme un fou à bord d’un canot pour rejoindre le paquebot, et vous aviez avec vous une sacoche emplie de fausse monnaie !
    — Emplie de quoi ? répéta Bachi, indigné. Comment savez-vous ce que j’ai fait, ce jour-là ?
    — Répondez ! »
    Bachi brandit un index vengeur sur Lowell. Mais, soudain, il remarqua le tremblement de son doigt et prit conscience qu’il était ivre et assez mal en point. La nausée remonta dans sa gorge. Il parvint à la réprimer en déglutissant et rota, se couvrant la bouche de la main. Quand il fut à nouveau en mesure de parler, une haleine fétide s’échappa de ses lèvres. Mais, au moins, s’était-il calmé.
    « Je suis bien allé sur le paquebot, oui, mais pas avec de l’argent ou quelque autre marchandise illicite. Par Jupiter, j’aurais bien voulu qu’on m’eût lâché un sac d’or sur la tête, professore. En fait, j’y suis allé pour remettre mon manuscrit à mon frère qui avait accepté de l’emporter en Italie.
    — Votre manuscrit ? demanda Longfellow.
    — Une traduction en anglais… L’Enfer de Dante, si vous voulez savoir. Oh, j’ai entendu parler de votre travail, signore Longfellow, et de votre précieux cercle des Amis de Dante. Vous prétendez faire entendre une voix nationale dans cet Athènes yankee, laissez-moi rire ! Vous qui suppliez vos compatriotes de se révolter contre la domination britannique sur les librairies, ne vous a-t-il jamais traversé l’esprit que, moi, Pietro Bachi, je pouvais un tant soit peu contribuer à votre œuvre ? N’avez-vous jamais imaginé qu’en tant que fils de l’Italie, né de son histoire, de ses dissensions, de ses luttes contre l’oppression de l’Église, je recelais peut-être un fond de connaissance irremplaçable, un amour de la liberté qui était celui-là même de Dante ? Non, fit-il après une pause. Non, vous ne m’avez jamais convié à Craigie House. Serait-ce à cause des rumeurs malveillantes qui font de moi un ivrogne ? À cause de mon renvoi de l’université ? Et l’on parle de liberté en Amérique ! Oh, vous êtes trop heureux de nous expédier trimer dans vos usines et combattre dans vos guerres pour mieux nous plonger dans l’oubli. Vous regardez notre culture être piétinée, nos langues estropiées, vos vêtements remplacer les nôtres sur nos épaules et, avec un sourire, vous nous volez notre littérature. Vous vous servez sur nos étagères. Pirates !

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