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Le cercle de Dante

Le cercle de Dante

Titel: Le cercle de Dante Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Matthew Pearl
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de recommencer les recherches au petit matin.
    Lequel des Amis de Dante suggéra-t-il, sur le coup de trois heures et demie, d’aller prendre un moment de repos chez Lowell ? Toujours est-il qu’arrivés à Elmwood, ils s’étendirent dans le salon de musique et dans l’étude, deux dans chaque pièce. Attirée par les aboiements impatients du jeune chien, Fanny Lowell était descendue. Elle leur fit du thé. Lowell se contenta de grommeler contre l’épidémie qui frappait les chevaux sans lui accorder la grâce d’une explication. Quand elle répondit qu’elle avait été malade d’inquiétude en ne le voyant pas revenir, ils prirent conscience de l’heure qu’il était. Lowell envoya son valet William porter des messages chez ses amis. Ils convinrent de s’accorder un petit répit d’une demi-heure, pas plus, et s’endormirent immédiatement dans les pièces contiguës, de plan identique mais inversé, au coin des deux cheminées situées dos à dos.
    À cette heure où le monde était immobile, la chaleur du feu rôtissait un côté du visage de Holmes. Il était si las que c’est à peine s’il se rendit compte qu’on le remettait sur pied et l’entraînait dehors. Il se découvrit longeant une palissade. Suite à un réchauffement inattendu, le sol commençait à dégeler et des paquets de neige fondue obstruaient les cours d’eau. Le terrain qu’il gravissait était en pente si raide qu’il lui fallut bientôt s’accroupir, le corps penché en avant, comme lorsqu’on escalade un versant à pic. De là où il était, il surplombait le Common de Cambridge où les canons de la guerre révolutionnaire toussaient des nuages de fumée, et il pouvait voir le gros orme de Washington et ses milliers de doigts branchus. Il se retourna. Derrière lui, Longfellow avançait lentement. Il lui fit signe de se hâter. L’idée que son ami se retrouvât seul lui plaisait d’autant moins qu’un grondement se faisait entendre dans son dos.
    Deux chevaux aubères aux sabots albinos fonçaient droit sur lui, chacun attelé à une carriole bringuebalante. D’effroi, Holmes tomba sur les genoux. Lorsqu’il osa relever la tête, il reconnut Fanny Longfellow aux rênes de la première, dressée au centre d’une gerbe ardente, des fleurs de feu jaillissant de sa poitrine et de sa chevelure dénouée ; dans l’autre, son fils Wendell menant sa bête d’une main aussi sûre que s’il était né cocher. Lancées à un train d’enfer, les deux guimbardes le frôlèrent de chaque côté. Incapable de garder plus longtemps son équilibre le docteur sombra dans le noir.
     
    Holmes s’extirpa de son fauteuil et se redressa, les genoux tout contre la grille de la cheminée. Un bruit attira son regard. Au-dessus de sa tête, les pendeloques du chandelier cliquetaient.
    « Quelle heure est-il ? lança-t-il tout haut, prenant conscience qu’il avait rêvé.
    Six heures moins le quart, lui répondit la pendule. Lowell, les yeux écarquillés comme un enfant épuisé, remuait à son tour sur sa chauffeuse.
    « Que se passe-t-il ? marmonna-t-il entre ses lèvres pincées, car il avait un goût amer dans la bouche.
    — Lowell, je viens d’entendre passer deux chevaux ! répondit Holmes en allant tirer les rideaux.
    — Quoi ?
    — Deux chevaux viennent de passer, je crois. Non, j’en suis sûr. Il y a juste un instant. Ils sont passés au galop juste devant la fenêtre, au ras de la maison et à fond de train. Je suis certain qu’il y en avait deux ! Or Rey n’en a qu’un et Longfellow a dit que Teal en avait volé deux chez Manning.
    — Crénom, nous nous sommes endormis ! » s’exclama Lowell sur un ton alarmé, en papillotant des paupières.
    Dehors, le jour commençait à poindre. Il alla réveiller Fields et Longfellow, saisit sa longue-vue et passa son fusil sur son épaule.
    Comme il allait sortir avec ses compagnons, Mabel déboucha dans le vestibule en robe de chambre. Il marqua un arrêt, prêt à subir une remontrance, mais sa fille resta immobile, le regard au loin. Lowell alla la serrer dans ses bras et se surprit à lui murmurer : « merci ». Le même mot passa les lèvres de la jeune fille simultanément.
    « Prenez soin de vous, Père. Pour Mère et pour moi. »
    Déjà Lowell s’élançait sur les traces de sabots, laissant ses amis se faufiler avec circonspection entre les ormes dont les branches nues se tendaient vers le ciel. La plongée dans l’air glacial

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