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Le cercle de Dante

Le cercle de Dante

Titel: Le cercle de Dante Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Matthew Pearl
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déclencha instantanément une crise d’asthme chez Holmes.
    « Longfellow, mon cher Longfellow…, commença le docteur.
    — Oui ? » répondit le poète avec bonté.
    Les images terribles qu’il venait de voir en rêve repassaient devant ses yeux et il tremblait à l’idée de laisser échapper : Je viens de voir Fanny qui venait nous chercher, je vous jure !
    « Je crois que nous avons oublié le sifflet de police chez vous. »
    Fields posa une main rassurante sur son épaule.
    « En ce moment, une once de cran s’achète au prix de la rançon d’un roi, mon cher Wendell. »
    Devant, Lowell s’était laissé tomber sur un genou et scrutait l’étang avec sa lunette. Ses lèvres tremblèrent d’effroi. D’abord, il crut à des gamins en train de pêcher dans la glace. Puis, ayant réglé son instrument, il aperçut un visage cireux émergeant d’une étroite ouverture, le visage uniquement. Il reconnut Pliny Mead. Le reste de son corps était invisible, enfoui sous la glace, et il claquait violemment des dents, la langue recourbée en arrière dans sa bouche. Ses bras nus, tendus devant lui sur la glace, étaient ligotés et reliés par une corde à la calèche du Dr Manning stationnée sur la berge. N’était ce lien, le malheureux eût glissé au fond du trou et serait mort, dans l’état de demi-conscience qui était le sien. Au fond de la voiture, un Dan Teal en grand uniforme glissait ses bras sous un autre corps nu et le soulevait, puis posait un pied sur la glace traîtresse. Un corps flasque et livide, un coffre étroit sur lequel reposait une barbe : Augustus Manning !
    Les jambes ligotées des chevilles jusqu’aux hanches, le trésorier de Harvard tremblait comme une feuille dans les bras du soldat. Il avait le nez sombre comme un rubis et le bas du visage couvert d’une épaisse croûte de sang brun. À présent, Teal avait traversé l’étendue de glace lisse et introduisait Manning dans un second trou pratiqué à une trentaine de centimètres du premier. Sous le choc brutal de l’eau glacée, le prisonnier revint à la vie. Il gesticula et se mit à battre des bras follement. Teal en était maintenant à délier Pliny Mead. Désormais, ces deux hommes nus n’avaient qu’un seul moyen de ne pas sombrer au fond de leur trou : s’accrocher l’un à l’autre. Tous deux l’avaient compris d’instinct et, aussitôt, s’étaient tendu les mains.
    Remonté sur la berge, Teal contemplait leurs tentatives désespérées de se saisir les mains quand un coup de feu retentit. Une balle alla se ficher dans un tronc derrière lui.
    Brandissant son fusil, Lowell se propulsait sur la glace au moyen de glissades effrénées.
    « Teal ! » hurla-t-il.
    Il braqua son arme et tira une seconde fois, Holmes, Fields et Longfellow massés derrière lui.
    « Monsieur Teal, vous devez arrêter ! » cria l’éditeur.
    Au bout de son fusil, Lowell avait la plus incroyable des cibles : un Teal parfaitement immobile.
    « Tirez, Lowell, tirez donc ! » lui enjoignit Fields.
    Mais tirer n’intéressait pas Lowell. Viser, voilà ce qu’il aimait depuis toujours dans la chasse. Et il visait.
    Ce fut le moment que choisit le soleil pour surgir de l’horizon et se déployer dans toute sa majesté sur la vaste étendue de cristal. Son reflet éclatant éblouit les poètes. Le temps que leurs yeux s’habituent, Teal avait disparu. On n’entendait plus que l’écho étouffé de ses pas dans le sous-bois. Enfin Lowell tira.
    Le corps de Pliny Mead était flasque et secoué de frissons incontrôlés. Il avait la tête affaissée sur la glace et commençait à glisser lentement dans l’eau mortelle. Manning luttait pour retenir ses bras trop lisses, ses poignets, ses doigts, impuissant à faire contrepoids. Mead disparut. Le Dr Holmes s’élança, en dérapant sur la glace et plongea ses deux bras dans le trou. Ayant rattrapé l’étudiant par les cheveux, il tira. Cramponné à ses oreilles, il tira jusqu’à passer les mains sous ses bras. Il tira encore, tira tant et si bien qu’il parvint à l’étendre sur la glace. De leur côté, Fields et Longfellow avaient réussi à remonter Manning en le hissant par les bras juste avant qu’il ne sombre et maintenant ils s’activaient à défaire les liens autour de ses jambes.
    Holmes perçut le claquement d’un fouet : Lowell, juché sur le siège du cocher de la voiture abandonnée, s’apprêtait à lancer les chevaux dans les

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