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Le Cercle du Phénix

Le Cercle du Phénix

Titel: Le Cercle du Phénix Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Carolyn Grey
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Vous êtes livide…
    D’un pas chancelant, Cassandra se dirigeait déjà vers la
sortie.
    —  Non,
je ne suis pas malade, répondit-elle d’un ton incertain. Je… Je ne puis vous
expliquer… Je ne comprends pas moi-même… Je sais juste que je dois m’en aller…
    Elle courait presque à présent, cherchant à fuir cette
salle aussi étouffante que l’enfer. Julian ne put la retenir.
     
    *
     
    Rayonnante de beauté et de charme, Lady Angelia
Killinton présidait les festivités d’une main de maître. Depuis le début de la
soirée, elle évoluait gracieusement parmi ses invités, distribuant avec
largesse sourires enjôleurs et paroles amicales. Ce masque d’hôtesse courtoise
était toutefois trompeur. Sous la sérénité apparente de la jeune femme se
dissimulait en effet un tourbillon d’émotions que seule une volonté inflexible
permettait de contenir. Les pensées d’Angelia étaient tout entières tournées
vers Cassandra Jamiston, qu’elle ne cessait de chercher du regard dans la
foule.
    Angelia se figea soudain, et une immense vague de
bonheur l’envahit, tellement intense qu’elle en était presque douloureuse.
    C’était bien elle.
    Quinze ans s’étaient écoulés depuis la dernière fois,
mais Angelia savait qu’elle ne se trompait pas. Cette femme et la Cassandra de
ses souvenirs ne faisaient qu’une seule et même personne.
    Folle de joie, le cœur battant à tout rompre, elle
voulut s’avancer vers elle, lui parler, la serrer dans ses bras, mais ce vieil
imbécile prétentieux de général Bertram lui bloqua le passage.
    —  Lady
Killinton, quelle charmante soirée vous nous offrez encore…
    Bouillant intérieurement, Angelia se força à sourire.
Quand elle réussit enfin à se débarrasser de l’importun ,
    Cassandra franchissait les portes d’entrée et
disparaissait dans la nuit.
     
    *
     
    Durant tout le trajet du retour, Cassandra se mura dans un
silence morne que Julian, effaré, n’osa pas troubler. L’attitude de son amie le
plongeait dans des abîmes de perplexité. Le trouble, la crainte, la panique…
voilà des sentiments qui ressemblaient fort peu à la jeune femme, et c’était
bien là le plus inquiétant.
    Leur retour hâtif au manoir ne manqua pas de provoquer
l’étonnement de Nicholas. En deux phrases lapidaires, Cassandra expliqua qu’ils
avaient vu tout ce dont ils avaient besoin, puis, arguant la fatigue, fila à
l’étage en laissant Julian se dépêtrer seul de la situation. Elle gagna sa
chambre en courant, ferma sa porte à clé pour ne pas être dérangée et se jeta
sur son lit, le cœur au bord des lèvres et le corps secoué de tremblements.
    Elle passa une nuit épouvantable faite de cris, de sang,
de peur, de violence et de désespoir. Ses cauchemars paraissaient si réels que
des images sanglantes dansaient encore dans son champ de vision lorsqu’elle
descendit dans la salle à manger prendre son petit déjeuner. Elle avait
l’estomac trop noué pour pouvoir avaler quoi que ce soit, mais l’envie d’un
café serré la démangeait depuis son réveil. Andrew, qui passait la voir avant
de débuter ses consultations de la journée, poussa une exclamation horrifiée en
l’apercevant.
    —  Bonté
gracieuse, Cassandra, que t’est-il arrivé ? Tu as une mine
effroyable ! Serais-tu malade ?
    La jeune femme, pâle et les traits tirés, s’assit en
silence et se servit une tasse de café noir.
    —  Es-tu
malade ? répéta Andrew avec obstination.
    —  Non,
j’ai mal dormi, voilà tout, répondit-elle péniblement, comme si cela lui
demandait un effort démesuré.
    Et de fait, elle avait la désagréable impression que son
cerveau avait fondu et qu’un trou béant occupait sa place.
    Andrew la scrutait avec acuité.
    —  Encore
un de tes cauchemars ? demanda-t-il, hésitant.
    Cassandra n’était pas femme à dévoiler ses blessures et
ses faiblesses aux yeux d’autrui, même s’il s’agissait en l’occurrence de son
plus fidèle ami. Aussi se cabra-t-elle aussitôt.
    —  Cela
ne te regarde pas ! repartit-elle sèchement.
    Puis, après un silence contrit :
    —  Pardonne-moi,
dit-elle d’une voix plus douce. Oui, c’était mes cauchemars, mais encore plus
précis, plus terrifiants que d’habitude.
    Cassandra avait un jour décrit ses rêves à Andrew, des
rêves obscurs peuplés de cadavres. Il avait alors deviné la crainte secrète de
son amie : que ces images ne soient pas simplement des songes

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