Le Cercle du Phénix
furent parcourues d’un léger frisson. L’espace d’un battement de
paupières, elle parut s’interroger sur la conduite à tenir. Puis elle secoua
lentement la tête.
— L’homme
pour lequel Nicholas Ferguson travaille peut se révéler très dangereux si vous
ne vous méfiez pas.
— Cet
homme… je le connais ?
Dolem hésita une seconde.
— Non,
mais lui vous connaît à présent, et votre rencontre se produira tôt ou tard. Le
plus tard serait le mieux.
— Mais
pourquoi me voudrait-il du mal ? s’étonna Cassandra. Me rendrait-il
responsable de l’échec de Ferguson ?
— Si
ce n’était que cela… Il existe d’autres raisons, plus graves, plus profondes,
plus terribles.
— Je
suis perdue… Qu’est-ce que tout cela signifie ?
— Je
ne puis encore vous révéler la vérité, déclara Dolem d’un ton grave. Ce serait
prématuré. Plus tard, vous ne comprendrez que trop bien…
Elle fit brusquement volte-face et se
dirigea vers la porte.
— Je
vais disparaître à présent, car je suis moi-même en grand danger. J’ai
soustrait la pierre à cet homme, et sa vengeance sera impitoyable.
— Attendez !
cria Cassandra.
— N’insistez
pas, lança Dolem par-dessus son épaule, il est inutile de me questionner
davantage.
— Juste
une question. Pourquoi avez-vous fait venir Gabriel en Bohême ?
— Sa
présence a permis d’ouvrir la dernière porte et d’accéder à la pierre
philosophale, n’est-ce pas une explication suffisante ? Je vous l’ai dit,
tout était écrit.
— Mais
pourquoi dans ce cas avoir contré le destin en le sauvant ensuite ?
Cassandra pressentait un secret, une
aura trouble entourant Gabriel, comme si le jeune homme était la clé de toutes
les énigmes qui la tourmentaient.
— Croyez
bien que je ne l’aurais pas fait sans une excellente raison, répondit Dolem qui
s’était immobilisée près de la porte.
— Vraiment ?
Et quelle est-elle je vous prie ?
Dolem demeura silencieuse, ce qui
accrut les soupçons de Cassandra.
— Julian
m’a dit que vous avez semblé surprise en voyant Gabriel dans le sanctuaire…
très surprise…
— Naturellement,
sourit Dolem. Sa beauté est hors du commun.
Cassandra sentit une onde de colère la
parcourir.
— Ne
vous moquez pas de moi ! J’exige de connaître la vérité !
— Vous
exigez ? Vous ignorez à quel danger votre curiosité vous expose !
— Je
suis prête à courir le risque ! Je veux des explications !
— Non !
Dolem s’était redressée de toute sa
taille et la fixait avec une effrayante dureté.
— Non,
répéta-t-elle. Je dois partir maintenant, mais peut-être nous reverrons-nous un
jour. Adieu.
Coupant brutalement court à la
conversation, elle quitta la chambre dans un bruissement d’étoffe et regagna la
voiture qui l’attendait devant le perron. Les chevaux hennirent, l’attelage se
mit en branle, et bientôt il disparut au détour de l’allée de gravier.
Stupéfaite, Cassandra n’avait pas fait un geste pour la retenir.
Était-ce la peur qui avait ainsi fait fuir Dolem ?
Cela y ressemblait fort. Si le mystérieux inconnu qui intriguait tant Cassandra
pouvait inspirer une telle crainte à cet être si puissant, et immortel de
surcroît, il devait réellement être terrifiant.
Dehors, des flocons de neige virevoltaient dans l’air
immobile. Cassandra s’approcha de la fenêtre et contempla le calme paysage
d’une blancheur immaculée qui s’étendait sous ses yeux. Sa solitude lui parut
soudain écrasante, et, durant quelques interminables secondes, elle eut
l’impression de suffoquer. Il allait lui falloir apprendre à vivre sans Andrew,
mais en cet instant son absence emplissait douloureusement chaque parcelle du
monde.
En silence, Cassandra se mit à pleurer
Épilogue
D’un bleu pur étincelant, le ciel
embrasse avec fougue l’étendue neigeuse de la campagne environnante. Les rayons
glacés du soleil d’hiver dardent les hautes herbes malmenées par le vent.
Cassandra écarte une mèche récalcitrante de son front et inspire profondément
avant de faire jouer le marteau de la lourde porte ferrée. Une femme large
d’épaules, à la carrure presque masculine, et dotée d’un visage carré, vient
lui ouvrir et la guide dans un dédale de couloirs gris. À intervalles
réguliers, un sanglot ou un hurlement déchire le silence oppressant. Ces sons
atroces, qui se répercutent sur les murs nus et
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