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Le Cercle du Phénix

Le Cercle du Phénix

Titel: Le Cercle du Phénix Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Carolyn Grey
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quelqu’un.
    « Seigneur, songea-t-elle. Les nuits se suivent et
se ressemblent. Cela commence à devenir lassant ! »
    Elle sentait clairement une présence dans le hall, une
menace diffuse mais bien réelle. Un grand froid l’envahit, tandis que la sueur
perlait à son front. Sans réfléchir, elle s’empara d’une statuette de bronze
qui trônait à portée de main sur un guéridon et projeta son arme improvisée
vers la silhouette qui avait surgi dans son dos. L’inconnu fit un bond en
arrière pour éviter le coup, mais la statuette heurta sa main et une lame tomba
sur le carrelage avec un tintement métallique.
    Cassandra se jeta sur le poignard au manche de nacre que
l’homme venait de laisser échapper en maudissant intérieurement sa robe qui
l’empêchait de se mouvoir en toute liberté. Elle ramassa l’arme, se redressa
avec promptitude et attendit l’assaut.
    Face à elle, l’intrus se tenait immobile, une deuxième
lame scintillant dans le prolongement de sa main. N’eût été la gravité de
l’instant, Cassandra se serait laissée aller à la surprise. Elle avait affaire
à un très beau jeune homme, doté de traits délicats et d’extraordinaires
cheveux blancs qui brillaient d’un éclat argenté. Cependant, l’inhumanité de
son regard la terrifia ; il y avait là un abîme que personne ne semblait
pouvoir jamais franchir.
    Avec une incroyable célérité, l’inconnu se rua soudain
vers elle. Le tranchant de son poignard accrocha un bref instant la lumière
d’une lampe avant de plonger vers la poitrine de Cassandra dans un sifflement
lugubre. Celle-ci se rejeta en arrière et esquiva le coup de justesse,
renversant le guéridon dans son élan. Lorsqu’elle eut retrouvé son équilibre,
elle brandit son poignard en direction du jeune homme dans un geste de défi. Ce
freluquet ne savait pas à qui il avait affaire.
    L’inconnu se mit à tourner lentement autour d’elle, à la
manière d’un fauve guettant sa proie. Ses gestes étaient calmes, totalement
dépourvus d’hostilité ou de colère, et cette absence de sentiments affichés ne
le rendait que plus effrayant.
    Commença alors une succession de déplacements
circulaires ponctués d’attaques, de ripostes, de parades et d’esquives, chacun
des adversaires essayant tour à tour de porter le coup décisif. Les lames
acérées s’entrechoquaient, et leur cliquetis résonnait belliqueusement dans le
vaste hall dallé du manoir. L’affrontement tournait toutefois au désavantage de
Cassandra, trop empêtrée dans ses jupons pour espérer donner la pleine mesure
de ses talents dans l’art du combat. D’autant que son adversaire, loin d’être
un amateur, parait ses coups avec une déconcertante facilité et multipliait des
attaques aussi précises que dangereuses. À un moment, la pointe de son poignard
déchira l’étoffe de la robe de Cassandra et traça une estafilade sur son
épaule. Aussitôt, le sang perla de la chair ouverte et coula en filets sur la
peau. Furieuse d’avoir été touchée, Cassandra bondit et empoigna l’inconnu. Ils
roulèrent sur le sol et luttèrent quelques minutes avec ardeur, corps
confondus, puis Cassandra parvint à se dégager. Elle ramassa ses jupes dans un
geste absolument dénué d’élégance et de féminité mais remarquablement efficace,
et se précipita vers la panoplie de chasse accrochée au mur au milieu de
laquelle elle prit un pistolet qu’elle savait chargé. Haletante, elle braqua
son arme sur son assaillant, persuadée qu’elle venait de remporter la victoire.
Son triomphe fut de courte durée.
    Son adversaire tenait également un pistolet pointé sur
son front.
    Durant une longue minute, ils restèrent immobiles l’un
en face de l’autre, se fixant et se menaçant mutuellement.
    L’inconnu baissa les yeux vers le cou de Cassandra. Elle
voulut y porter la main pour le cacher, mais il était trop tard. Il avait vu la
bourse contenant le Triangle.
    Sans un mot, il fit signe à Cassandra de la lui
remettre. Celle-ci capitula et ôta le cordon qui la retenait. Le voleur s’en
empara, l’ouvrit et examina le Triangle. Des pas précipités dans l’escalier
menant à l’office se firent alors entendre ; les domestiques devaient
s’être réveillés et venaient au secours de leur maîtresse. Sans cesser de tenir
Cassandra en joue, le jeune homme ramassa les deux poignards qu’il avait perdus
dans la lutte, puis fit volte-face, ouvrit la porte d’entrée à la

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