Le Cercle du Phénix
ces excavations était surmontée d’un
symbole énigmatique gravé sur une plaque d’émeraude :
Cependant, Julian ne prêtait que peu d’attention à ce
spectacle : il s’était arrêté devant une des lampes qu’il examinait d’un
œil curieux.
— Voilà
sans doute l’explication du mystère dont parlait le pêcheur : c’est la
lumière rouge dégagée par ces lampes qui doit être visible la nuit, dit-il d’un
air pensif. Cela n’explique pas toutefois comment ce phénomène peut durer
depuis des siècles…
Julian fronça les sourcils, puis la stupéfaction se
peignit sur ses traits.
— Serait-ce
possible ? murmura-t-il, abasourdi. Elles existeraient donc réellement…
— De
quoi parlez-vous ? s’enquit Cassandra qui l’avait rejoint.
— Je
crois que ce sont des lampes perpétuelles, répondit Julian d’une voix où
perçait une excitation presque enfantine.
Interloquée, Cassandra observa la lampe avec attention.
— De
quoi parlez-vous ? demanda à son tour Jeremy.
Julian s’arracha à sa fascination.
— Selon
certains alchimistes, la pierre philosophale a le pouvoir de produire une huile
à base d’or permettant à la mèche d’une lampe de brûler tout en se renouvelant.
Dans l’obscurité, cette lumière inextinguible brille d’une lueur rouge et
phosphorescente. C’est là l’origine des lampes perpétuelles, dont plusieurs
exemplaires ont été trouvés dans des sépultures antiques. Par exemple, une lampe de ce type fut découverte au XV e siècle dans le tombeau de Tullia, la fille de l’empereur Cicéron ;
bien que ce tombeau n’eût pas été ouvert depuis mille cinq cents ans, elle
brûlait encore et répandait une vive lumière… En dépit des nombreux témoignages
allant dans le même sens, je n’accordais que peu de crédit à l’existence de
telles lampes. Je me trompais cependant, nous en avons la preuve sous les yeux…
Julian paraissait ébranlé. Pour la première fois depuis
son arrivée au manoir Jamiston, il commençait à prendre au sérieux l’aventure
dans laquelle les circonstances l’avaient entraîné. Il mourait d’envie
d’arracher une des lampes du mur afin de pouvoir l’étudier à son aise, mais
naturellement il était trop bien élevé pour céder à une impulsion aussi
dégradante, même s’il semblait peu probable que quiconque vienne jamais lui
reprocher cet acte de vandalisme.
La voix de Nicholas l’extirpa de ses coupables pensées.
À l’opposé de l’entrée de la salle, l’avocat se tenait devant une porte cintrée
en pierre blanche, sculptée d’une profusion de fruits et de feuillages
entrelacés. Ferguson s’arc-bouta contre le bloc et tenta de forcer le passage
vers la sortie. Andrew et Jeremy vinrent à son aide. Les trois hommes
s’escrimèrent plusieurs minutes durant, mais la porte ne bougea pas d’un pouce.
— Impossible
de l’ouvrir, pesta Nicholas en essuyant d’un geste rageur de la main son front
couvert de sueur. Et pourtant c’est la seule issue possible.
— Un
mécanisme doit déclencher son ouverture, conjectura Cassandra sans grand risque
de se tromper. Regardez, des mots sont gravés dans la pierre entre les motifs
de feuilles, ici et là.
— Encore
du latin ? fit Jeremy avec une grimace méfiante.
— Non,
de l’anglais…, répondit-elle en essuyant doucement la poussière qui recouvrait
les lettres. C’est un quatrain.
Et Cassandra lut en détachant chaque syllabe :
« Le soleil marque l’or, le
vif-argent Mercure ;
Ce qu’est Saturne au plomb, Vénus
l’est à l’airain ;
La Lune de l’argent, Jupiter de
l’étain,
Et Mars du fer sont la figure. »
Un silence perplexe fondit sur le groupe, bientôt rompu
par Julian.
— Je
crois comprendre, dit-il en englobant la salle d’un regard circulaire.
— Vous
avez de la chance ! s’exclama Jeremy. Pour ma part, ce pourrait tout aussi
bien être de l’hébreu.
— Comme
les peintures que nous venons de voir, expliqua Julian, ce texte fait référence
aux sept métaux alchimiques. Puisque, selon un vieux précepte hermétique,
« le semblable engendre le semblable », il faut travailler sur les
métaux pour produire la pierre philosophale. Ce qui explique leur rôle
essentiel dans le Grand Œuvre, et la place prépondérante qu’ils occupent dans
ce sanctuaire…
— Mais
nous nous trouvons dans le sanctuaire de l’Eau, pas de la Terre, intervint
Megan, les sourcils
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