Le Cercle du Phénix
froncés. N’est-ce pas paradoxal ?
— « Omnia ab uno et in unum
omnia », repartit sobrement
Julian. Et les alchimistes étaient friands de paradoxes. Je disais donc que ce
texte faisait référence aux sept métaux, et plus précisément à leurs
correspondances avec les planètes.
— Les
planètes ?
— Les
alchimistes étaient convaincus de l’influence des planètes sur la formation des
métaux au sein de la Terre. D’après leurs théories, chaque métal devait sa
naissance à la planète dont il portait le nom, et les six autres planètes unies
chacune à deux constellations zodiacales lui donnaient diverses qualités. Aux
sept métaux étaient donc attribués le nom et le signe de sept planètes…
Julian sortit un carnet et un crayon d’une poche de son
manteau et entreprit de coucher sur le papier les corrélations entre les métaux
et les planètes.
— Les
deux métaux parfaits, l’or et l’argent, étaient symbolisés par le Soleil et la
Lune, tandis que les cinq métaux imparfaits étaient mis en relation avec les
planètes Mercure, Saturne, Jupiter, Mars et Vénus. Le Soleil était censé
produire l’or, la Lune l’argent, Saturne le plomb, Jupiter l’étain et ainsi de
suite.
Julian se dirigea vers les cercles concentriques.
— Selon
moi, nous sommes en présence d’une représentation partielle du système solaire…
À sa suite, le petit groupe s’approcha du globe doré qui
dominait majestueusement la pièce sur son socle de rubis écarlate.
— Ce
globe a la circonférence d’une roue de carrosse, commenta Jeremy, l’air secoué.
C’est vraiment de l’or, à votre avis ?
Comme pour vérifier, il tapa du poing sur la surface
lisse et brillante.
— Arrêtez !
s’écria Julian, scandalisé. Ce globe n’est pas un jouet ! Il symbolise le
Soleil, l’or qui lui est associé, et par voie de conséquence la pierre
philosophale.
— Ah,
désolé…, fit Jeremy en retirant précipitamment sa main.
Julian soupira puis désigna le sol.
— Chacun
des six cercles est ponctué d’une marque circulaire qui semble prête à
accueillir un des globes placés dans les excavations qui nous entourent. Ces
excavations, vous l’aurez sans doute remarqué, sont surplombées des symboles
des métaux planétaires.
Tous hochèrent la tête. La lumière commençait à poindre
dans leur esprit.
— Les
globes représentent la Lune et les planètes Mercure, Saturne, Jupiter, Mars et
Vénus ; ils figurent en même temps les métaux mis en corrélation avec
elles…
— C’est
une sorte de jeu, observa Megan, résumant l’opinion générale. Les globes
doivent être posés sur les marques qui leur correspondent, en fonction de la
distance des planètes par rapport au soleil.
— Exactement,
approuva Julian. Voyons, la planète la plus proche du soleil est Mercure, puis
viennent Vénus, la Lune, Mars, Jupiter et enfin Saturne.
Il guida ses compagnons vers l’ouverture dominée par ce
qu’il affirma être le signe du Mercure, un cercle surmonté du croissant lunaire
et souscrit d’une croix. Avec l’aide d’Andrew, il sortit un globe de couleur
verte de la cavité et le posa à l’emplacement prévu sur le premier cercle
concentrique, juste à côté du globe d’or.
Les cinq autres globes furent à leur tour extraits de
l’obscurité dans laquelle ils reposaient depuis des siècles et amenés à la
place que l’astronomie leur avait assignée. Un globe bleu figurait Vénus et le
cuivre, un globe blanc la Lune et l’argent, un globe jaune orangé Mars et le
fer, un globe gris Jupiter et l’étain, un globe noir Saturne et le plomb.
Lorsque le dernier globe eut rejoint sa position, ils
s’écartèrent et échangèrent des regards interrogateurs.
— Il
ne…, commença Jeremy, dépité.
Un éclair doré illumina soudain la salle, le sol trembla
et la porte cintrée s’ouvrit dans un grondement sourd en déplaçant des nuages
de poussière. Impressionnée, Cassandra posa sa main sur le bras de Julian.
— Félicitations,
mon ami, votre aide est très précieuse.
Andrew se renfrogna instantanément. À sa grande fureur, cet
accès de jalousie n’échappa pas à Ferguson qui lui décocha un sourire
goguenard. Pour garder contenance, il attrapa la main de sa sœur et franchit la
porte qui donnait sur un long couloir carrelé, sombre et poussiéreux. Julian et
Jeremy leur emboîtèrent le pas.
Nicholas s’apprêtait à les
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