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Le Cercle du Phénix

Le Cercle du Phénix

Titel: Le Cercle du Phénix Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Carolyn Grey
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remonter dans la voiture,
impatient de rentrer.
    Le véhicule s’ébranla et la pluie se mit à crépiter sur
le toit. Julian se sentait très fatigué tout à coup. Son corps s’engourdissait,
sa vue se troublait, il avait du mal à respirer. Il déboutonna son manteau et
desserra le nœud de sa cravate de soie d’une main tremblante, puis dut
s’appuyer au dossier de la banquette pour ne pas s’écrouler sur le plancher de
l’attelage.
    Au début, il ne comprit pas ce qui lui arrivait. La
blessure était superficielle, elle ne pouvait être cause de cet état de
faiblesse. Mais peu à peu, la paralysie gagna ses membres, et un grand froid
intérieur le saisit. À demi-inconscient déjà, une pensée atroce traversa son
esprit brumeux. Ce n’était pas cette estafilade qui allait le tuer. Non,
c’était le poison qui enduisait la lame de l’épée et qui accomplissait
maintenant son œuvre dévastatrice. Les paroles prononcées par son assaillant
prenaient un sens nouveau et cruellement ironique à la lumière de cette
découverte…
    Horrifié, Julian voulut appeler à l’aide, mais sa gorge
desséchée refusa d’émettre le moindre son. Seul un sourd gémissement lui
échappa avant qu’un rideau noir ne tombe
brutalement devant ses yeux.
     
    *
     
    Le ciel d’automne, bas et sombre, semblait vouloir
engloutir la terre. Sans crier gare, le soleil s’était enfui et une pluie fine
et pénétrante s’était mise à tomber, inondant la vaste pelouse du manoir
Jamiston. Les gouttes d’eau s’écrasaient sans relâche sur les basses branches
des hêtres et des cèdres et roulaient sur les feuilles brillantes des
lauriers ; les rhododendrons, les bruyères blanches, les arbousiers
rougeâtres ruisselaient, et le paysage entier était obscurci par cette pluie
désolante.
    Assise dans l’embrasure de la fenêtre, Cassandra
contemplait ce triste spectacle. Toujours attentif au moindre détail, son
majordome entra dans le petit salon et alluma le fagot préparé dans la
cheminée. Une magnifique flambée jaillit instantanément et éclaira la pièce
d’une chaude lumière. Andrew apparut alors sur le seuil de la porte, trempé
jusqu’aux os et l’air terriblement grognon.
    —  Quel
temps sinistre ! marmonna-t-il en se hâtant de retirer son manteau qui
dégoulinait sur le tapis d’Aubusson.
    —  As-tu
passé une bonne journée ? s’enquit Cassandra par pure politesse, car
Andrew ne semblait pas précisément d’humeur joyeuse.
    Contre toute attente cependant, le visage de son ami se
dérida.
    —  Il
y a eu mieux, dit-il avec un sourire. Et toi ?
    —  La
journée a été désespérément morne, répondit Cassandra avec un haussement d’épaules
désabusé. J’ai cru mourir d’ennui.
    —  Évidemment,
dès que personne n’essaie de t’assassiner, toi tu t’ennuies ! se moqua
Andrew en se versant une tasse de thé. Où est Megan ?
    —  Dans
la bibliothèque.
    —  Je
me demande pourquoi je pose la question ! gémit Andrew en levant les yeux
au ciel. Elle est toujours dans la bibliothèque.
Elle va finir par épouser un livre si ça continue !
    —  Oh,
tu ne vas pas recommencer ta complainte du mariage ! protesta Cassandra,
mi-amusée, mi-excédée.
    —  Mais
c’est un sujet fondamental ! rétorqua Andrew avec indignation. Megan doit
absolument trouver un bon parti !
    —  Ne
t’est-il pas venu à l’esprit que se marier ne la rendrait pas heureuse, en tout
cas pas pour le moment ? Elle a d’autres moyens de s’épanouir et elle est
encore jeune, pourquoi ne la laisses-tu pas chercher sa voie et prendre seule
ses décisions ?
    Andrew s’assombrit et fixa la nappe d’un regard dur que
Cassandra ne lui connaissait pas.
    —  Ce
n’est pas aussi simple. Le temps passe si vite, Dieu seul sait de quoi demain
sera fait…
    À ces mots, un mauvais pressentiment étreignit
Cassandra. L’obsession croissante de son ami pour le mariage de Megan lui était
incompréhensible. Andrew était le moins matérialiste des hommes, le moins
obsédé par sa position sociale ; ce n’étaient donc pas ces motifs qui
justifiaient son attitude. Elle savait aussi qu’il aimait profondément sa sœur
et ne souhaitait pour rien au monde être séparé d’elle. Alors pourquoi
agissait-il de cette manière ? Et pourquoi paraissait-il si sombre, si sérieux,
en cet instant ? Ces interrogations l’angoissaient.
    Comme le silence s’éternisait et devenait pesant,
Cassandra essaya

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