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Le Chant des sorcières tome 1

Le Chant des sorcières tome 1

Titel: Le Chant des sorcières tome 1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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nous sommes cernés.
    Djem se frotta la barbiche.
    — Alors ce sera cette nuit, décida-t-il. Demain, ils nous auront désarmés.
    Les regards de ses compagnons convergèrent vers le sien.
    — Toi, Houchang, fais passer le mot à l'agha. Que ses janissaires se tiennent prêts à empêcher les Hospitaliers de quérir leurs renforts. S'ils les ont appelés, c'est qu'ils craignent nos cimeterres. Nous tenterons une sortie discrète au moment du dernier office. Le cadilecher a sensiblement ma corpulence. Il prendra ma place. Alité, on s'y trompera. Je me joindrai à vous, grimé par son costume. Comme tous les soirs, vous sortirez pour prendre le frais.
    — Et Philibert de Montoison ?
    — J'en fais mon affaire. J'ai donné l'ordre à Mounia de ne pas succomber, juste de l'entreprendre. Dès que la nuit sera tombée, elle ira le rejoindre. Le cadilecher aura peu de temps pour que nous échangions nos rôles, mais cela devrait suffire.
    Houchang secoua sa tête enturbannée.
    — On ne nous laissera pas quitter la commanderie après le couvre-feu.
    — Nous passerons par-derrière, à travers bois. Arrange-toi pour que trois accanguis y dissimulent leurs montures.
    Nassouh passa une main soucieuse sur sa barbe en fer de lance.
    — Même en pleine montagne, que pourrons-nous face à une armée ?
    — Ma vie est trop précieuse à ces chiens pour qu'ils la risquent. De toute manière, dès que l'alerte sera donnée, le duc en sera informé. Avec un peu de chance…
    Ils échangèrent un regard complice.
    — Puisse Allah, cette nuit, nous l'accorder, pria Anwar.
    — Et Dieu regarder de l'autre côté, ajouta Djem en tapotant l'épaule de son frère de lait.
    L'instant d'après, les femmes les ayant rejoints, ils avaient retrouvé leurs mines détendues. Philibert de Montoison ne tarderait pas et il était essentiel pour la réussite de leur évasion de donner le change jusqu'à la dernière minute.
     
    À peine Philibert de Montoison avait-il enfilé le corridor, si étroit et haut de plafond que la lueur des torches s'y perdait, que l'Égyptienne l'avait immobilisé en lui prenant le bras. Il avait sondé ses yeux noirs. La bouche était exquise, entrouverte, juste assez pour laisser entrevoir la rangée de dents, immaculées. Un rapide coup d'œil de droite à gauche pour s'assurer de leur isolement et elle se colla à lui, brièvement, pour l'embrasser.
    — Viens, lui dit Philibert de Montoison, la verge haute.
    S'il était pris, Djem exigerait réparation, et son épouse serait exécutée. Il l'entraîna vers un réduit qui servait à entreposer de vieux uniformes de l'Ordre. L'endroit, depuis longtemps abandonné, sans ouverture autre que cette petite porte si basse qu'il fallait se baisser pour la passer, puait la moisissure et une odeur rance que le chevalier aurait été incapable de nommer. Il n'avait pourtant pas d'autre endroit pour se satisfaire d'elle. Pas le temps non plus d'en chercher. Il la plaqua contre les étagères et l'étouffa de ses baisers. Les mots qu'elle tentait de prononcer, tout comme ses mains tendues pour le repousser, se perdirent dans la détermination que le chevalier mettait. Excités depuis trop longtemps, ses sens réclamaient leur dû avec violence. Mounia dut y trouver son compte puisque, émaillé de discrets gémissements, son souffle se fit court à peine l'eut-il pénétrée. Pour mieux l'en convaincre, elle enroula ses jambes autour de son bassin.
    « Cette garce jouit comme une dame, mais se donne comme une putain », songea furtivement Philibert de Montoison. Le temps d'imaginer quelle amante serait Philippine qu'il se libérait en elle dans un hoquet étouffé. Si Djem passait derrière lui, l'un et l'autre seraient faits. Il s'écarta vivement.
    — Il ne doit pas te toucher, dit-il en grec.
    — Pas de risque, je ne lui plais pas. Et quand bien même, c'est lui qui me l'a demandé, ricana Mounia en langue franque mâtinée d'un accent prononcé.
    Philibert de Montoison se figea, soudain en alerte. Avait-il bien entendu ? Dans l'obscurité du réduit, il ne pouvait voir son visage.
    — Que dis-tu ?
    — Qu'il voulait que je t'éloigne pour entendre le rapport de ses amis. Le prince se joue de toi et des autres.
    Philibert de Montoison sentit une onde glaciale lui parcourir l'épine dorsale.
    — Pourquoi te croirais-je ? Je n'ai rien perçu, hasarda-t-il.
    — Leurs échanges se font en farsi au milieu des rires.
    — Tu connais cette langue,

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