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Le Chant des sorcières tome 1

Le Chant des sorcières tome 1

Titel: Le Chant des sorcières tome 1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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la lui offrir, de même que le costume de Mathieu. Le banquet se ferait sous le gros chêne une nouvelle fois, ou dans la salle de réception du château si le mauvais temps s'en mêlait. Ils seraient peu nombreux. Leurs Seigneuries qui présideraient, les résidents et la famille de Jean. Du côté d'Algonde, il ne restait personne à part sa mère. Mais cela ne la gênait pas. Algonde voulait de la sobriété. Une cérémonie toute simple par le père Vincent qui l'avait vue naître, et ses mets préférés que maître Janisse se faisait, d'avance, une joie de lui préparer. On danserait au son des violes jusqu'à l'aube sans doute. Ce serait une belle fête, sans commune mesure avec celle qui avait précédé, mais bien suffisante pour la combler. D'autant qu'au lendemain les malles seraient chargées. C'était ainsi qu'elle l'avait voulu en fixant la date avec sa mère. Pour emporter avec elle un souvenir heureux et frais encore. Espérant adoucir la tristesse des adieux.
    — Sens-tu le balancement de la croupe ?
    Elle tourna la tête vers Philippine qui avait ralenti son allure pour se laisser rattraper.
    — Je ne sens plus grand-chose en vérité tant j'ai les fesses et les cuisses mâchées.
    Philippine éclata d'un rire clair.
    — Tu t'y feras, tu verras. Ne te raidis pas, au contraire, épouse le mouvement.
    Algonde hocha la tête mais garda les cuisses tétanisées pour ne pas tomber. Épouser le mouvement. Voilà exactement ce qui l'attendait dès lors qu'elle quitterait Sassenage. Trois jours plus tôt, Mathieu était venu la trouver. Philippine était absente, partie au trot par les sentiers forestiers. Dans un champ voisin, Algonde ramassait une brassée de fleurs sauvages pour renouveler les jonchées dans les chambres. Il l'avait surprise alors qu'elle fauchait une marguerite en fredonnant.
    — Pas une n'est aussi belle que toi, avait-il murmuré avant de l'attirer dans l'herbe, à l'ombre d'un rocher.
    Il l'avait belinée avec douceur et tendresse cette fois, avant de rouler à ses côtés et de piquer une tige à la commissure de ses lèvres. Les yeux perdus dans les nuages qu'un vent d'est poussait, un bras replié sous sa tête, il lui avait offert l'autre pour qu'elle s'y blottisse. Comme autrefois, ils avaient laissé passer les minutes, crayonnant dans les cieux des formes fantasques au gré de leur imagination. Celle de Mathieu était bien plus guerrière, hélas, que bucolique, mais Algonde avait refusé de se laisser gâter ce moment. Il n'avait pas duré. Mathieu était retourné à ses exercices et elle à ses brassés abandonnées sur l'herbe, sans qu'ils aient évoqué autre chose que les préparatifs du mariage.
     
    — Connais-tu un endroit appelé les Cuves ?
    Algonde sursauta.
    — Pourquoi ?
    — Parce que c'est là que nous allons.
    Le cœur d'Algonde se mit à battre plus vite. Ce sourire énigmatique aux lèvres de Philippine. Aurait-elle appris ? Comment ?
    — C'est un endroit dangereux. Le Furon s'y enfonce dans la roche. Ce n'est pas une bonne idée, damoiselle Hélène, avec ces dernières pluies les berges ne sont pas stables.
    — Guide-moi.
    — Non.
    Philippine sursauta.
    — C'était un ordre, Algonde.
    — Je ne le suivrai pas.
    Et pour bien marquer sa détermination, elle tira sur le mors comme on le lui avait appris. Le cheval suspendit son pas. Philippine en fit autant. La route était déserte à cette heure. Les soldats, en retrait, derrière, ne pouvaient les entendre. Elles s'affrontèrent du regard.
    — Si tu ne m'indiques pas le chemin, je le demanderai, si tu refuses d'avancer, les soldats t'y contraindront, quitte à t'attacher sur cette selle…
    Algonde déglutit. Le ton, froid bien que posé, ne laissait aucun doute quant à sa détermination. Elle serra les dents et hocha la tête.
    — Je vous aurai prévenue, Votre Seigneurie, lâcha-t-elle avant de talonner son cheval.
    Pendant de longues minutes, elles restèrent silencieuses, côte à côte, puis Philippine soupira bruyamment. Une fois. Deux fois. Trois fois.
    — Cesse de bouder, tu vas me gâter le plaisir de cette promenade, finit-elle par lâcher.
    — C'est une corvée pour moi. J'y réponds par ma servilité. Je ne vous dois pas davantage, se buta Algonde.
    — Mais enfin je ne suis pas une enfant. Je veux juste voir. Depuis la route. Je ne vais pas me noyer…
    — Il n'y a rien à voir. La rivière, c'est la rivière, et un trou, un trou… C'est une idée

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