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Le Chant des sorcières tome 1

Le Chant des sorcières tome 1

Titel: Le Chant des sorcières tome 1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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Pour la première fois, il prit conscience qu'elle était devenue jolie. Excessivement. Sans doute gênée par cet examen, elle avait baissé les yeux et souhaité se retirer. Le baron ne l'avait pas retenue. Le désir qu'elle avait soudain éveillé en lui l'avait dérangé. Non qu'il fût homme à refuser de satisfaire ses pulsions lorsqu'elles se trouvaient bridées par l'abstinence, encore que, les années passant, elles se fussent émoussées, mais l'idée de contraindre la jouvencelle lui déplut. Précisément à cause de ce rêve et de son sens qu'il ne parvenait à déchiffrer. À peine sa toilette faite et son matinel avalé, Gersende lui avait annoncé qu'elle avait pu fixer une date pour ses épousailles avec Sidonie au 26 août, et commis Algonde au nettoyage de la chambre pour Philippine.
    — Faites seller mon palefroi que je puisse chevaucher jusqu'à la Rochette et informer maître Dreux des nouveaux délais, avait-il commandé en retour, rasséréné par ces nouvelles.
    Quelques minutes plus tard, il bouclait la porte de son appartement et l'envie de vérifier si le décor de son cauchemar était conforme à la réalité l'avait rattrapé.
    Un bruit sourd en provenance de l'étage supérieur acheva de le décider.
    Poussant la porte légèrement entrebâillée, il découvrit Algonde de dos, enveloppée d'un nuage de poussière soulevé par le balai qu'elle maniait. Un simple coup d'œil suffit au baron pour que remonte en lui le malaise. Immobilisé sur le seuil, il fixa le manteau de la cheminée où se découpait la trace sombre d'un cadre. Une veine tressauta à sa tempe tandis que son rythme cardiaque s'accélérait. Soit Gersende lui avait menti, soit le portrait avait été enlevé avant qu'elle pénètre dans la pièce. En ce cas, c'était lui qui l'avait retiré, même s'il ne s'en souvenait pas. Pour le mettre où et pourquoi ? Dans les deux cas, le mystère restait entier. Or le baron Jacques était trop féru de vérité pour se satisfaire de ne pas l'élucider.
    La jouvencelle suspendit son mouvement de va-et-vient pour se précipiter à la fenêtre, prise d'une quinte de toux. Craignant qu'elle ne pivote et ne le trouve ainsi figé, il tourna les talons et dévala l'escalier. La réponse à tout cela se trouvait peut-être à la Rochette et dans ce souterrain que Mélusine avait demandé en songe à Sidonie d'y creuser.
     
    Algonde avait perçu sa présence. Elle demeura encore quelques minutes immobile, feignant de s'étouffer, le cœur palpitant dans sa gorge, soulagée de voir que son subterfuge pour éloigner le baron avait réussi. Son regard sur elle tantôt l'avait effrayée. Aussitôt lui était revenue en mémoire sa conversation avec Mathieu. Il avait raison, de toute évidence le baron la voulait. Elle s'écarta de l'ouverture. Si le baron avait tenté de la prendre, elle aurait hurlé, ameutant le veilleur sur la terrasse. Elle aurait bien trouvé ensuite le moyen de se garder de son maître. Retournant à la porte, elle la barra de l'intérieur, se fustigeant de ne pas l'avoir fait avant. Elle récupérait son balai abandonné au sol lorsqu'il lui sembla entendre un appel si insistant qu'elle s'approcha du conduit de la cheminée d'où il provenait. Sans prendre conscience de ce qu'elle faisait, elle apposa sa main dans une empreinte taillée à même la pierre, sur la face intérieure du foyer. Ses doigts en épousèrent la forme à la perfection. Une dalle pivota, révélant un escalier qui descendait au cœur de la muraille. Une lumière diaphane le baignait, comme si des milliers de vers luisants tapissaient les anfractuosités du mur. Sans hésiter, Algonde posa le pied sur la première marche.
    Au bout d'une centaine de degrés, elle déboucha dans une crypte visiblement ancienne et creusée sous les fondations du château. Toujours cette lueur, partout alentour. Elle progressa sans crainte sous les voûtes séculaires taillées à même le roc. La voix, de toute évidence, provenait de ce qu'elle prit pour un autel de pierre au centre de la pièce. La jouvencelle s'en approcha. Il s'agissait en réalité d'une margelle à hauteur de poitrine qui encerclait un bassin étroit empli d'une eau noire. Bien que l'appel de son nom ait cessé, elle se sentit irrésistiblement attirée par la surface liquide et dut se faire violence pour ne pas y basculer, rattrapée par le souvenir de son ébauche de noyade.
    — Montrez-vous, Mélusine, ordonna-t-elle en reculant. Je ne

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