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Le Chant des sorcières tome 1

Le Chant des sorcières tome 1

Titel: Le Chant des sorcières tome 1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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lumière qui descendait en faisceau d'un trou dans la voûte à quelque deux cents pieds de haut, le lac couleur de bronze s'auréolait d'une tache plus claire en son centre. Ce faisceau s'avérait suffisant pour révéler la grandeur imposante de la grotte, de même que son décor somptueux. Jamais Jacques de Sassenage n'avait vu dentelle aussi travaillée au crochet d'une dame. Elle tombait en drapés par endroits, rejoignait comme une toile d'araignée les pointes de calcaire qui montaient ou descendaient, ruisselantes d'eau. On eût dit que la salle entière chuintait goutte à goutte une mélopée sans cesse continue et renouvelée.
    — C'est magnifique, murmura le baron.
    — Féerique me semblerait plus approprié, corrigea maître Dreux, parvenu à ses côtés.
    Jacques de Sassenage ne releva pas. Il s'avança jusqu'en bordure de l'eau qu'un remous venait de troubler et suivit l'ondulation d'un regard curieux.
    — Une anguille sans doute. On raconte qu'il en existe longues de plusieurs toises, dans les eaux du Furon, affirma-t-il au maçon.
    Maître Dreux lui offrit un sourire entendu, avant de s'écarter de la berge. Si leur présence déplaisait à Mélusine, elle aurait tôt fait de les entraîner dans les profondeurs. Libre au baron de mesurer le danger. Avisant une pierre plate suffisamment en retrait, il s'y installa et, les sens aux aguets, attendit de voir ce qui se passait.
     

14
    — Ne bouge pas, il ne peut nous remarquer d'où il se tient, chuchota Mélusine à l'oreille d'Algonde, qui venait de reconnaître le baron penché au-dessus des eaux sombres du lac.
    La jouvencelle opina du menton. La douleur en sa poitrine s'était calmée, même si ses poumons sifflaient discrètement à chaque expiration. Le froid de l'onde qui l'enserrait jusqu'à la taille la glaçait à présent qu'elle en avait conscience, et elle devait se contenir pour ne pas claquer des dents. Ses doigts agrippés, pour se garder en surface, à une des roches qui les dissimulaient, elle et la fée, avaient bleui et s'engourdissaient. Elle se demanda si Mélusine avait conscience de l'effort qu'elle fournissait. Elle tourna la tête vers elle. Comme la première fois qu'elle l'avait rencontrée, son teint verdâtre, granuleux, flasque et crevassé l'écœura, même s'il avait cessé de l'effrayer. Derrière les oreilles s'ouvraient des branchies que cachait la chevelure clairsemée, filasse et décolorée. La bouche autrefois riante et charnue, semblable à la sienne sur le portrait, n'était plus qu'un trait tombant et épais. Au-dessus de la taille, les seins s'étaient alourdis, bien qu'ils aient conservé leur galbe. Dans son dos, des ailes atrophiées rappelaient à peine la vaste envergure de celles que la légende lui prêtait. Seul le regard qu'elle portait au-delà des rochers restait vif, acéré. La remarque de Mathieu lui revint en mémoire au moment où Mélusine, prenant conscience de cet examen, se détournait du sien pour la fixer.
    — Vos yeux ont la couleur du Furon, murmura Algonde.
    La surprise s'y inscrivit.
    — Je suis le Furon, répliqua Mélusine, comme une évidence.
    Algonde devina dans le ton plus de tristesse que de fierté.
    — Où sommes-nous ? demanda-t-elle d'une voix à peine audible, refoulant la pitié que cette caricature lui inspirait.
    Malgré le froid qui la tétanisait, leur situation prêtait aux confidences et elle avait l'intention d'en profiter.
    — À la Rochette, répondit Mélusine, suivant des yeux les déplacements du baron qui longeait la berge et se baissait parfois pour ramasser une pierre avant de la rejeter.
    Elle savait ce qu'il cherchait et en souriait d'aise.
    — Sous le manoir ? s'étonna Algonde.
    — Exactement. Un souterrain mène à cette grotte depuis la maison forte.
    — Pourquoi ? demanda Algonde.
    Mélusine se tourna vers elle.
    — Tu es curieuse comme je l'étais aussi, dit-elle. Il n'existe pourtant qu'une seule réponse. La prophétie.
    — Vous m'avez demandé de vous amener l'enfant dont elle parle, mais je n'en comprends pas la raison, en vérité. Qui est-il ? Où le trouver ? Ces Hautes Terres qu'il doit conquérir, où se trouvent-elles ? Quel est ce serpent dont la morsure possède d'aussi surprenantes qualités ? Pourquoi me les avez-vous données alors que seul le pouvoir de Mélior peut servir à vous libérer, vous et Plantine ?
    Mélusine frôla d'un doigt palmé la joue d'Algonde.
    — Tu seras près de l'enfant

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