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Le Chant des sorcières tome 3

Le Chant des sorcières tome 3

Titel: Le Chant des sorcières tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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Bayezid et dont elle s'était gargarisée.
    — As-tu trouvé un goût particulier à ce que tu as mangé ?
    Mounia feignit l'angoisse.
    — Qu'essaies-tu de me dire, ma mère ?
    Le visage de la Khanoum se fit grave tandis qu'elle lui prenait les mains.
    — Tu fais une fausse couche. Sans doute provoquée par quelque substance qu'on t'aura administrée.
    Servie par la douleur d'une nouvelle contraction, Mounia devint blanche.
    — Vais-je perdre mon bébé ?
    — Il faut s'y attendre.
    Des larmes perlèrent aux yeux de Mounia.
    — Mais pourquoi ? Qui ? s'insurgea-t-elle avec tant de détresse dans la voix que la Khanoum ne douta pas un instant de sa sincérité.
    Lui prenant la main, elle l'aida à se relever.
    — Plus tard. Les réponses viendront plus tard. Pour l'heure, il faut t'allonger. Tu vas rester ici, sous ma protection, décida-t-elle en l'entraînant vers un rideau chatoyant. De l'autre côté, la couche était aussi basse que vaste, riche de tissus précieux aux couleurs éclatantes et irisées. Mounia s'y étendit avant, une nouvelle fois, de se recroqueviller sous la douleur.
    La Khanoum ne perdit pas davantage de temps. Abandonnant l'Égyptienne, elle repassa dans la pièce voisine, souleva une tenture et, à l'aide d'une clef qu'elle décrocha d'une chaîne à son cou, ouvrit la petite porte basse qu'elle dissimulait. Un eunuque tenait faction derrière.
    — Cours prévenir mon fils, dit-elle. Mounia a été empoisonnée.
    *
    Au château de Bressieux, au même moment, épouvantant Philippine, Marie de Dreux hurlait dans son lit, écartelée par la poussée. L'enfant arrivait. En avance quant à lui. Par malchance, les routes étant coupées par la tempête de neige qui faisait rage depuis trois jours, aucune ventrière n'était là pour l'aider. Une vieille servante assistait donc Algonde, qui pour l'heure était bien impuissante à soulager la malheureuse. Quelque chose d'anormal se passait et l'une comme l'autre avaient trop peu d'expérience pour intervenir.
    — Je vais mourir. Je vais mourir, s'époumona Marie en roulant des yeux fous.
    Elle ruisselait de sueur dans sa chemise de nuit relevée à mi-cuisses, les deux mains agrippées à la tête de lit.
    Une nouvelle lancée la fit se tendre de la tête aux pieds. Elle devint cramoisie. Gueula à en faire trembler les murs.
    — Il faut faire quelque chose, s'affola Philippine en se signant.
    Voilà douze heures que Marie usait ses forces. Elle était au bout et l'enfant ne sortait pas.
    Algonde plongea un linge dans la bassine qu'on lui avait rapportée des cuisines, puis, revenant se pencher au-dessus d'elle, le plaqua entre les jambes ouvertes. Se lâchant d'une main, Marie lui agrippa l'épaule dans un geste désespéré.
    — Pitié, implora-t-elle.
    Algonde déglutit. Ses pouvoirs, si grands soient-ils, lui étaient bien inutiles en cet instant. Pourtant cet enfant devait naître. Il devait naître. C'était une évidence. Pourquoi ne venait-il pas ? Elle se mit à trembler. Arracha cette main qui, se crispant sur sa chair, annonçait un nouveau combat, et détourna la tête vers la servante qui s'était approchée.
    — Voulez-vous que j'aille quérir le prêtre ? lui demanda celle-ci à mi-voix.
    — Non, répondit Algonde. Pas lui. Ramenez-moi Elora.
    La vieille femme demeura interdite. Algonde la brusqua.
    — Allez… Ne discutez pas.
    Tandis qu'Algonde, penchée de nouveau sur Marie, haletante, essuyait son front perlé de sueur, la servante disparut à petits pas, traînant un rhumatisme au genou gauche.
    Elle n'avait pas franchi la porte qu'un nouveau hurlement envahit la pièce. Il dura, marquant le silence de son effrayante torture. Puis retomba, laissant Marie à bout de forces, si blanche de teint et de lèvres qu'elle sembla passée.
    — Qu'espères-tu en réclamant Elora ? demanda Philippine, effrayée à l'idée de souffrir pareillement dans quelques semaines.
    Algonde lui sourit.
    Un miracle…
    Recouvrant le souvenir de ceux auxquels elle avait déjà assisté, Philippine se rasséréna malgré le sang qui rougissait peu à peu les draps. Algonde l'avait vu elle aussi. Elle devait en avoir le cœur net.
    — Détourne les yeux, conseilla-t-elle à Philippine qui ne se le fit pas dire deux fois.
    Sans hésiter, Algonde plongea ses doigts dans les chairs tuméfiées. Toucha le renflement d'un os au fond de la cavité.
    — Je le sens, Marie, dit-elle. Il faut pousser, pousser encore.
    — Je ne

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