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Le cheval de Troie

Le cheval de Troie

Titel: Le cheval de Troie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Colleen McCullough
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encore déformés par son accès de démence. Ses énormes mains pendaient, sans vie, les doigts légèrement recourbés.
    Teucer leva la tête et nous dévisagea avec amertume. Il avait posé son regard sur Ulysse et ce regard en disait long sur celui qui était à ses yeux responsable. Je ne pus deviner ce que pensait Ulysse, mais il ne broncha pas.
    — Que pouvons-nous faire ? se contenta-t-il de demander.
    — Rien, répondit Teucer. Je l’enterrerai seul.
    —  Ici  ? demanda Diomède, horrifié. Non ! il mérite mieux que cela !
    — Pas du tout. Il savait ce qui l’attendait. Moi aussi. Il aura exactement ce qu’il mérite selon les lois des dieux : la tombe d’un suicidé. C’est tout ce que je puis faire pour lui. Il doit payer dans la mort comme Achille a payé dans la vie. C’est ce qu’il a dit avant de mourir.
    Nous nous éloignâmes alors et les laissâmes seuls, les frères qui ne combattraient plus jamais ensemble. Le petit ne pourrait plus s’abriter sous le bouclier du grand. Huit jours s’étaient écoulés et ils étaient morts tous les deux : Achille et Ajax, l’âme et le courage de notre armée.
    — Quel malheur ! Ah ! Quel malheur ! s’écria Ulysse, le visage ruisselant de larmes. Comme les dieux agissent de façon singulière ! Achille a traîné Hector attaché au baudrier qu’Ajax lui avait donné. Maintenant Ajax tombe sur l’épée qu’Hector lui a offerte. Par la Mère, Troie m’écœure, ajouta-t-il. Je déteste jusqu’à l’odeur de l’air qu’on y respire.

29
    Récit d’Agamemnon
     
    On ne se battait plus dans la plaine désormais. Priam avait fermé la porte Scée et nous observait du haut des remparts. Il ne restait plus guère de combattants. Parmi les grands, seul Énée avait survécu. Ce fut une période d’attente pendant laquelle nos blessures se refermèrent et nous retrouvâmes lentement espoir. Une chose curieuse se produisit, un don des dieux que nul d’entre nous n’aurait imaginé : Achille et Ajax semblaient s’être réincarnés en chaque soldat grec. Jusqu’au dernier, tous étaient résolus à venir à bout des murailles de Troie. J’en parlai à Ulysse et lui demandai ce qu’il en pensait.
    — Ceci n’a rien de mystérieux, seigneur. Achille et Ajax se sont métamorphosés en héros. Les héros ne meurent jamais. Les hommes prennent leur relève. Et puis ils souhaitent rentrer chez eux, mais en vainqueurs uniquement. Cette campagne nous a coûté cher en sang versé, en cœurs meurtris, en cheveux gris. Nous pouvons à peine nous rappeler le visage de ceux que nous aimons et que nous n’avons pas vus depuis si longtemps, nous avons versé des larmes, bu à la coupe de l’amertume et du désespoir.
    — Alors, dis-je, j’aimerais consulter Apollon.
    — Il est plus troyen que grec, seigneur.
    — Même alors il rend des oracles. Aussi lui demanderons-nous ce que nous devons faire pour entrer à Troie. Il ne peut refuser aux représentants d’un peuple, quel qu’il soit, une véritable réponse.
    Le grand prêtre Talthybios plongea ses regards dans les entrailles incandescentes du feu sacré et soupira. Il n’était pas comme Calchas. C’était un Grec qui prédisait l’avenir dans l’eau et le feu. Il attendit que nous fussions réunis en conseil pour nous faire part de ce qu’il avait découvert.
    — Qu’as-tu vu ? lui demandai-je.
    — Bien des choses, seigneur, mais deux m’ont été plus clairement révélées.
    — À savoir ?
    — Nous ne pouvons pas prendre la cité en l’état actuel des choses. Nous devons d’abord remplir deux conditions. Si nous y parvenons, nous saurons que les dieux acceptent que nous entrions à Troie. Sinon, nous saurons que les dieux de l’Olympe nous sont hostiles.
    — Quelles sont ces deux conditions, Talthybios ?
    — En premier lieu, il vous faut l’arc et les flèches d’Héraclès. En second lieu un homme, Néoptolème, le fils d’Achille.
    — Nous te remercions. Tu peux disposer.
    Je les observai. Idoménée et Mérione faisaient triste mine. Ménélas était égal à lui-même. Nestor était si âgé que nous craignions pour sa vie. Ménesthée ne se laissait pas abattre. Teucer n’avait pardonné à aucun d’entre nous. Automédon ne s’était pas encore habitué a l’idée de commander les Myrmidons. Et Ulysse… Ah, Ulysse ! Qui savait vraiment ce qui se passait derrière ces yeux pleins de lumière ?
    — Eh bien, Ulysse, toi qui

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