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Le cheval de Troie

Le cheval de Troie

Titel: Le cheval de Troie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Colleen McCullough
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avait-il tout intérêt à me satisfaire. Je l’envoyai donc, chargé de présents, auprès de Clytemnestre. Iphigénie était morte, mais ce n’était pas moi qui avait donné l’ordre de la sacrifier. Ulysse , seul , avait tout organisé. Elle croirait au moins ça.
    — Je ne serai pas absent de Grèce bien longtemps, dis-je à Égisthe avant son départ, mais il est indispensable que Clytemnestre ne fasse pas appel au peuple pour raviver l’ancienne religion. Tu me représenteras donc.
    — Artémis a toujours été ton ennemie, répondit-il en s’agenouillant pour me baiser la main. Ne t’inquiète pas, Agamemnon. Je veillerai à ce que Clytemnestre se conduise décemment. Certes, j’espérais avoir ma part de butin quand Troie serait prise, car je suis bien pauvre…
    — Tu auras ta part. Maintenant va, accomplis ta mission.
     
    Lorsque je m’éveillai, le lendemain du sacrifice, le temps était clair. Les nuages avaient disparu et le vent s’était apaisé durant la nuit. Je me forçai à remercier Artémis de son aide, mais résolus de ne plus jamais solliciter l’aide de la Chasseresse. Ma pauvre enfant n’était plus, et pas même une stèle ne rappellerait son souvenir.
    Phénix apparut, impatient de commencer les préparatifs d’embarquement. Ils auraient lieu dès le lendemain si le temps se maintenait.
    — Il se maintiendra, affirma le vieil homme. Les eaux entre Aulis et Troie seront calmes comme lait dans une jatte.
    — Alors, dis-je, me rappelant soudain qu’Achille avait critiqué mes plans d’approvisionnement, remplis les navires de vivres, Phénix, remplis-les à ras bord.
    — Tu peux compter sur moi, seigneur, dit-il, l’air surpris mais avec un large sourire.
    Achille m’obsédait. Ses malédictions résonnaient encore dans ma mémoire, son mépris me torturait. Je ne comprenais pas ce qu’il avait à se reprocher, mais je ne pouvais m’empêcher de l’admirer. Il avait eu le courage de se blâmer devant ses supérieurs. Ô, si seulement il avait réussi à me trancher la tête !
    Le lendemain matin, l’aube teintait de rose le ciel pâle. Je me tenais à la proue de mon navire, les mains posées sur le bastingage. Enfin, le départ ! J’allai jusqu’à la poupe, où se dressait l’effigie d’Amphitryon. Je tournai le dos aux rameurs, heureux que mon navire fut ponté et qu’il y eût ainsi assez de place pour mes bagages, mes esclaves et tous les impedimenta nécessaires à un grand roi. Derrière mon navire, les gros bateaux rouge et noir glissaient à la surface des eaux éternelles. Il y en avait mille deux cents, avec quatre-vingt mille guerriers et vingt mille hommes qui les accompagnaient. Certains navires supplémentaires étaient réservés aux chevaux, car nous utilisions des chars, tout comme les Troyens.
    Je contemplai la scène, fasciné. C’était moi qui dirigeais cette puissante armée ! Le grand roi de Mycènes était destiné à être le grand roi de l’Empire grec ! J’avais peine à le croire. Le dixième des navires n’avait pas encore pris la mer que déjà je me trouvai au milieu du détroit d’Eubée. La plage au loin paraissait minuscule, j’eus un moment de panique : comment une flotte aussi importante réussirait-elle à ne pas se disperser, quand nous avions des lieues à parcourir en pleine mer ?
    Nous doublâmes la pointe d’Eubée sous un soleil radieux, passâmes entre elle et l’île d’Andros et, tandis que le mont Ochi disparaissait derrière nous, nous rencontrâmes les brises qui soufflent toujours en mer Égée. Les hommes attachèrent les rames et se rassemblèrent autour du mât, et bientôt un vent de sud-ouest gonflait la voile écarlate du navire royal.
    Je montai les quelques marches menant au gaillard d’avant, où se trouvait ma cabine. Dans notre sillage de nombreux vaisseaux voguaient à allure régulière face à la houle qui se brisait en vagues minuscules sur les proues recourbées. Télèphe, debout à l’avant, tournait la tête de temps à autre pour crier des instructions aux deux hommes qui manœuvraient les rames du gouvernail, afin de maintenir le cap. Il me sourit d’un air satisfait.
    — C’est parfait, seigneur ! Si le temps se maintient, nous continuerons à vive allure jusqu’en Troade. Avec un tel vent, tout va bien. Nous ne devrions pas avoir besoin de faire escale à Chio ou à Lesbos, et nous atteindrons Ténédos plus tôt que prévu.
    J’étais content. Télèphe

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