Le clan de l'ours des cavernes
du Clan, o˘ Creb avait appris d'une manière inexplicable qu'Ayla était différente, elle était quelquefois saisie par cette peur singulière, cet étrange désarroi, comme si le Mog-ur l'avait transformée.
Elle sentit des picotements, une nausée, un vertige, et frissonna quand le souvenir d'une obscurité plus profonde que celle de la grotte la plus sombre redevint réalité. Au fond de sa gorge, elle sentit le go˚t de terreau sombre et froid, de champignons des forêts primitives.
Un grondement rageur déchira le silence, et ceux, qui regardaient reculèrent, terrifiés. L'énorme ours des cavernes poussa de toutes ses forces sur la porte de la cage, qui céda et tomba par terre. L'animal furieux était libre ! Broud lui sauta sur les épaules, deux autres s'agrippèrent à sa fourrure. Soudain l'un d'eux tomba dans l'étreinte du monstre, et ses cris de souffrance cessèrent soudain lorsqu'un puissant coup de patte lui brisa l'échiné... Les Mog-ur soulevèrent le corps et le portèrent solennellement dans une grotte. Creb, vêtu de sa cape en peau d'ours, ouvrait la marche en claudiquant.
Ayla regardait le liquide blanc qui dégouttait du bol de bois fendillé.
Elle se sentait angoissée, elle avait commis une erreur : il n'aurait pas d˚ rester de breuvage. Elle porta le bol à ses lèvres, le vida. Sa vue changea, une lumière blanche se mit à briller en elle ; elle eut l'impression de grandir, de regarder d'en haut des étoiles éclairant un chemin. Elles se transformèrent en petites lumières vacillantes alignées le long d'une interminable galerie. Tout au bout, une lueur rouge s'amplifia, emplit tout son champ de vision. Prise d'étourdissements et de nausées, Ayla découvrit les Mog-ur assis en cercle, à demi cachés par des piliers stalagmitiques.
Pétrifiée de peur, elle sombra dans un abîme de ténèbres. Soudain Creb rejoignit en elle la lumière qui l'inondait, il l'aidait, il la soutenait, il apaisait sa frayeur. Il la guida en un étrange retour aux temps
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de hauts arbres. Puis, foulant de nouveau le sol, ils marchèrent longuement vers l'ouest en direction d'une grande mer salée. Ils parvinrent à une paroi abrupte qui faisait face à une rivière et à une vaste plaine, avec une anfractuosité sous un surplomb. C'était la grotte d'un ancêtre de Mogur mais, tandis qu'ils s'en approchaient, l'image de Creb commença à
s'estomper. Il la quittait.
La scène devint floue. Le Mog-ur s'éloignait, il avait presque disparu.
Ayla scruta désespérément le paysage, découvrit Creb au sommet de la falaise, au-dessus de la caverne de son ancêtre, près d'un gros rocher, une longue colonne de pierre un peu aplatie qui s'inclinait au-dessus de la paroi, comme figée dans sa chute. Ayla appela mais Creb s'était fondu dans la roche. Elle était effondrée : Creb avait disparu, elle était seule.
Jondalar apparut alors à la place du Mog-ur.
Elle se sentit planer au-dessus de mondes étranges et éprouva de nouveau la terreur du vide noir, mais c'était différent, cette fois. Elle partageait cette peur avec Mamut, et la terreur les submergea tous deux. Puis, au loin, elle entendit la voix de Jondalar, empreinte d'inquiétude et de tendresse, qui l'appelait, qui les ramenait, Mamut et elle, par la seule force de son amour. En un instant, elle se retrouva dans la grotte, glacée jusqu'aux os.
- Ayla, ça va ? lui demanda Zelandoni. Tu trembles.
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- Je vais bien, répondit Ayla. C'est juste qu'il fait un peu froid, ici.
J'aurais d˚ prendre un vêtement plus chaud.
Loup, qui avait exploré la nouvelle grotte, était apparu près d'elle et se pressait contre sa jambe. Elle se pencha pour lui caresser la tête, s'agenouilla et le serra contre elle.
- Il fait frais et tu es enceinte. Tu es plus sensible, dit Zelandoni, qui devinait cependant qu'il y avait autre chose. Tu es au courant pour la réunion de demain, n'est-ce pas ?
- Oui, Marthona m'en a parlé. Elle m'accompagnera, puisque je n'ai pas de mère pour venir avec moi.
- Tu le souhaites ?
- Oh, oui ! Je lui suis reconnaissante de son offre. Je ne voulais pas être la seule femme sans mère à cette réunion. La Première approuva d'un hochement de tête. Surmontant le sentiment de respect mêlé de crainte que la grotte leur inspirait, les membres de la Neuvième et de la Dix-Neuvième Caverne entreprirent de l'inspecter. Ayla vit Jondalar la parcourir à pas décidés dans
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