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Le combat des ombres

Le combat des ombres

Titel: Le combat des ombres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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connais d'autre que de votre unique visite en ce lieu, lorsque vous vîntes tenter de raisonner Nicolas Florin. Ils me contraindraient à témoigner après serment sur les quatre Évangiles et tordraient mon récit pour qu'il serve leur dessein.
    Agnan rejoignit sa petite table de travail dont le bois médiocre disparaissait sous les rouleaux et les registres.
    – J'ai recopié en cachette, pour servir madame d'Authon, l'essentiel des deux témoignages retenus contre vous. Prenez-en connaissance afin de vous préparer. Le plus incriminant est celui du petit coureur de rue. Ils ne feront pas comparaître les témoins à charge afin que vous ne puissiez les contredire. La procédure est habituelle.
    Artus parcourut les copies. Les récits étaient habilement mensongers, tournés au point qu'on y voyait l'inspiration d'un clerc et qu'ils seraient aisément interprétés en défaveur du comte.
    – L'interrogatoire que vous allez subir, puisqu'il faut bien le nommer ainsi, est entouré d'un inhabituel secret qui ne me dit rien qui vaille. Tout juste ai-je pu apercevoir les différents bijoux de doigts du monstre Florin récupérés dans le putel de la maison qu'il avait extorquée à l'une de ses victimes. En revanche, il se murmure qu'ils détiendraient une autre preuve à vous opposer, une preuve décisive dont j'ignore la nature.
    – Comment l'auraient-ils obtenue puisque je n'ai jamais franchi le porche de chez Florin ?
    – Je le sais bien. Le chevalier de grâce et de justice Leone m'a clairement renseigné sur son rôle. Il nous a débarrassé du monstre afin de sauver votre épouse, que Dieu veille toujours sur elle. Il m'est impossible de le dénoncer. De grâce, ne croyez pas que je redoute leur châtiment s'ils venaient à apprendre que j'ai dissimulé la confession que m'a faite un soir le chevalier. Ma seule terreur concerne madame d'Authon. Ils pourraient la rejuger s'ils parvenaient à prouver que le jugement de Dieu n'est pas intervenu en sa faveur. Or, je préférerais mourir que d'assister à nouveau à ses tourments. De surcroît, et même si j'ai commis un mensonge par omission, ma conscience est en grande paix. Madame devait vivre – de cela, je suis certain – et j'ai l'ardente conviction que Dieu est bien intervenu en envoyant cet hospitalier à son secours.
    – Voilà résumée mon inquiétude. C'est la raison pour laquelle je ne mentionnerai pas même le nom de Leone. Outre l'indignité du procédé qui consisterait à le dénoncer et à lâcher les chiens sur lui, Agnès pourrait en pâtir d'intolérable manière.
    – Il nous faut faire vite. Si leurs conciliabules parvenaient à leur terme et qu'ils vous découvrent ici… Monsieur… En dépit de l'horreur que me procure ce conseil, je vous en conjure : mentez. Mentez même après serment. Pour servir Dieu. Après tout, ne sont-ce pas eux qui bafouent les Évangiles en les utilisant afin de précipiter des innocents au fond de leurs geôles et de leurs salles de Question ?
    – Pourquoi vous placer en si grave péril afin de m'aider, Agnan ?
    – Pour madame de Souarcy, la comtesse, qui a illuminé ma vie de fourmi obstinée. Parce que je sens qu'elle est la plus précieuse des femmes. (Il baissa les yeux, son petit visage de fouine se fripant davantage, puis avoua d'une voix que la tristesse rendait presque inaudible :) Parce que, voyez-vous, je les ai crus, eux qui sont dans la salle d'interrogatoire et leurs semblables, avec toute ma naïveté, ma foi et mon imbécillité. J'ai cru à la pureté de leurs intentions, à la justesse de leurs condamnations. J'ai cru qu'ils ne cherchaient qu'à sauver l'âme des égarés, des pécheurs, jusqu'à ne plus pouvoir m'abuser moi-même. Certains des seigneurs inquisiteurs, comme Florin, ne sont que d'ignobles tortionnaires tout droit sortis de l'enfer. D'autres sont menés par la cupidité. Ils réquisitionnent les biens des accusés et se payent grassement dessus. Un acquittement se révélerait une exécrable affaire pour eux. Il n'y a donc pas d'acquittement. Et puis, il reste la foule de ceux qui sanglotent sur les souffrances du Sauveur mais n'éprouvent que mépris pour celles des faibles créatures de Dieu. Tordre les corps, les torturer jusqu'à la folie ou au trépas, est-ce là le seul moyen de sauver les âmes ? Je ne le crois plus et je me dégoûte d'y avoir un jour accordé foi.
    Un pauvre sourire éclaira le visage aigu. Agnan conclut :
    – Je

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