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Le commandant d'Auschwitz parle

Le commandant d'Auschwitz parle

Titel: Le commandant d'Auschwitz parle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Rudolf Hoess
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dégâts. Les installations III
et IV devaient incinérer 1 500 cadavres en vingt-quatre heures, mais
pour autant que je sache, ces chiffres n’ont jamais été atteints.
    Pendant l’incinération qui se produisait sans interruption,
les cendres retombaient à travers les tuyaux ; on les écartait
régulièrement après les avoir réduites en poussière. La poudre des cendres
était chargée sur des camions qu’on dirigeait vers la Vistule ; on la
jetait avec des pelles dans le fleuve où elle était immédiatement dissoute et
entraînée par le courant. La même méthode était appliquée aux cendres en
provenance des fosses d’incinérations du Bunker II et du crématoire IV.
L’extermination dans les Bunkers I et II se produisait exactement de la
même façon que dans le crématoire. Mais l’influence du bon et du mauvais temps
s’y faisait sentir avec un peu plus de force.
    Tous les travaux nécessités par le processus d’extermination
étaient effectués par les commandos spéciaux composés de Juifs.
    Ils accomplissaient leur tâche horrible avec une
indifférence hébétée. Ils cherchaient uniquement à achever leur travail aussi
vite que possible pour pouvoir se reposer plus longtemps et pour chercher du
tabac et des victuailles dans les vêtements des gazés. Quoiqu’ils fussent bien
nourris et dotés d’importants suppléments, on les voyait souvent traîner d’une
main un cadavre, tout en tenant dans l’autre quelque chose de mangeable. Même
pendant le travail le plus horrible – l’extraction des cadavres enterrés
dans les fosses communes – et pendant l’incinération, ils continuaient à
manger tranquillement.
    Ils ne se laissaient pas ébranler même lorsqu’ils trouvaient
les êtres les plus proches parmi les gazés.
    À l’occasion d’un voyage que je fis à Budapest en été 1943,
pour présenter mon rapport à Eichmann, celui-ci me fit connaître le projet de
nouvelles actions qu’on allait entreprendre contre les Juifs.
    À cette époque, on avait arrêté en Hongrie plus de 200 000 Juifs
d’Ukraine subcarpatique. On les avait installés dans cette province dans des
briqueteries où ils attendaient leur déportation vers Auschwitz.
    D’après les évaluations de la gendarmerie hongroise, chargée
des arrestations, Eichmann attendait de Hongrie l’arrivée de trois millions de
Juifs.
    Leur arrestation et leur transport devaient être effectués
au courant de l’année 1943. Mais les difficultés politiques soulevées par
le gouvernement hongrois firent retarder la date de ces opérations à plusieurs
reprises. C’était surtout l’armée hongroise, autrement dit les officiers
supérieurs, qui s’opposaient à la remise des Juifs et qui procuraient à la
plupart des Juifs du sexe masculin des refuges dans les détachements de travail
auprès des divisions du front, en les soustrayant ainsi à l’action de la
gendarmerie. En automne 1944, lorsque la ville de Budapest fut enfin, elle
aussi, englobée dans « l’action », il n’y avait plus que des vieux et
des malades parmi les Juifs de sexe masculin.
    Selon toute probabilité, on n’a pas transporté de Hongrie
plus d’un demi-million de Juifs.
    La Roumanie était le pays visé par la suite de l’opération.
Eichmann s’attendait, d’après les données reçues de son délégué à Bucarest, à l’arrivée
de quatre millions de Juifs en provenance de ce pays.
    Il m’expliqua toutefois que les pourparlers avec le
gouvernement roumain étaient difficiles. Les milieux antisémites voulaient se
charger eux-mêmes de l’extermination des Juifs dans leur propre pays. Il y
avait déjà de grands excès antisémites : on s’emparait des Juifs et on les
tuait en les projetant dans les gorges solitaires et profondes des Carpates.
Mais une partie du gouvernement était favorable à l’expédition en Allemagne des
Juifs indésirables.
    Il était question de faire suivre simultanément ou dans les
intervalles deux millions et demi de Juifs en provenance de Bulgarie. L’administration
locale avait donné son accord, mais voulait attendre l’issue de pourparlers
avec l’Allemagne.
    Eichmann me disait aussi que Mussolini avait promis la
remise des Juifs italiens et des Juifs en provenance de la partie occupée de la
Grèce. On ne disposait pas encore de chiffres, même approximatifs. Mais le
Vatican, la maison royale et tous les ennemis de Mussolini voulaient à tout
prix empêcher cette extradition

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