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Le commandant d'Auschwitz parle

Le commandant d'Auschwitz parle

Titel: Le commandant d'Auschwitz parle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Rudolf Hoess
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relations
avec l’extérieur. Nombreux étaient ceux qui pouvaient échapper au camp, après
avoir obtenu, au bout de quelques semaines, toutes les autorisations
nécessaires. Étaient exclus de cette possibilité les Juifs qui avaient eu des
rapports avec les femmes aryennes, qui avaient exercé des activités politiques
sous la République de Weimar ou qui avaient été inculpés dans des procès scandaleux.
    Ceux qui avaient l’espoir d’émigrer cherchaient avant tout à
éviter la moindre complication tant qu’ils étaient encore dans le camp. Ils
travaillaient avec zèle, dans la mesure du possible (car la majorité d’entre
eux n’avait pas la moindre habitude du travail manuel) ; leur conduite
était calme et ils accomplissaient consciencieusement leur devoir.
    Pourtant la vie à Dachau n’était pas facile. Ils étaient
chargés d’un travail pénible dans une carrière. On exerçait sur eux une
surveillance très stricte selon les ordres d’Eicke et les gardiens, influencés
par la lecture du Stümer [76] ,
les voyaient d’un mauvais œil.
    Ce périodique, qu’on voyait affiché aux murs dans toutes les
casernes et toutes les cantines, désignait les Juifs comme « les
corrupteurs de la nation allemande » et attisait la haine contre eux. Les
autres détenus qui n’éprouvaient, au fond, pas le moindre sentiment antisémite,
subissaient eux aussi l’influence de ce journal, placardé dans le camp. Les
Juifs réagissaient contre cette campagne en appliquant des méthodes typiquement
juives : ils soudoyaient les autres détenus. Ils avaient assez d’argent
pour acheter n’importe quoi à la cantine. En offrant de la charcuterie et des
bonbons aux prisonniers désargentés, ils les trouvaient tout disposés à leur
rendre service. Des kapos leur accordaient un travail plus facile, d’autres les
envoyaient à l’infirmerie. Je connais le cas d’un Juif qui se fit enlever les
ongles des orteils par un infirmier auquel il avait fait cadeau d’une boîte de
cigarettes ; il parvint ainsi à se faire hospitaliser.
    Ils avaient à souffrir surtout des chefs de chambrées et des
contremaîtres qui étaient pourtant leurs propres coreligionnaires. Leur chef de
bloc, Eschen, s’est particulièrement distingué dans ce domaine. Impliqué par la
suite dans une affaire d’homosexualité, il s’est pendu pour échapper au
châtiment. De son vivant, il ne reculait devant aucune méchanceté ni devant
aucune pression psychique pour torturer les autres détenus. Il les incitait à
violer le règlement et les dénonçait aussitôt. Il les poussait à des actes de
violence contre les « responsables » ou contre un autre détenu pour
pouvoir les punir. S’il ne les dénonçait pas, il pouvait les maintenir dans une
terreur perpétuelle. Personnification vivante du « Mal », il était
répugnant par sa servilité à l’égard des SS, et prêt à n’importe quel crime
contre les hommes de sa race. À plusieurs reprises j’ai essayé de le destituer,
mais je n’ai pas réussi, car Eicke voulait à tout prix le garder à son poste.
    Le même Eicke avait inventé pour les Juifs un procédé
spécial de brimade collective. Chaque fois que la presse mondiale s’engageait
dans une campagne de protestation contre les « horreurs des camps de
concentration », il interdisait aux Juifs de quitter leur lit pendant un
mois ou un trimestre. On leur permettait de se lever et de quitter le bloc
uniquement pendant le repas et les appels. Il était interdit d’aérer leur
barque où l’on verrouillait les fenêtres. C’était là une sanction que les
détenus ressentaient très durement. Obligés de rester couchés tout au long de
la journée, ils devenaient nerveux, irritables ; ils ne pouvaient plus se
supporter les uns les autres ; ils se disputaient et se battaient.
    Eicke prétendait que la campagne de protestation était organisée
exclusivement par les Juifs qui avaient émigré après leur libération de Dachau :
il était donc juste que l’ensemble des Juifs en pâtît.
    Pour ma part, je peux dire que je n’ai jamais apprécié le Stümer .
Cet hebdomadaire antisémite, dirigé par Streicher, me déplaisait par sa
mauvaise présentation, par son appel aux instincts les plus bas, par la
prédominance qu’il accordait au plan sexuel, pour ne pas dire pornographique.
Ce journal a fait beaucoup de mal sans rendre le moindre service à l’antisémitisme
sérieux. Je n’ai pas été étonné

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