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Le commandant d'Auschwitz parle

Le commandant d'Auschwitz parle

Titel: Le commandant d'Auschwitz parle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Rudolf Hoess
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d’apprendre, après la débâcle, que c’était un
Juif qui dirigeait le journal et écrivait les articles les plus violents [77] .
    Adepte fanatique du national-socialisme, j’étais fermement
convaincu que notre idéal pénétrait dans tous les pays et finirait par
triompher après s’être adapté aux particularités locales : la prédominance
de la juiverie se trouvait ainsi éliminée. L’antisémitisme n’était d’ailleurs
pas un phénomène nouveau : dans le monde entier il se manifestait chaque
fois que les Juifs devenaient trop puissants et affichaient trop leurs procédés
habituels.
    Mais je ne crois pas que l’on puisse servir l’antisémitisme
par une propagande de haine comme celle du Stümer  ; il fallait
employer des armes plus efficaces pour combattre la juiverie sur le terrain
spirituel. Je croyais que la force de notre idéal, bon par lui-même, aurait,
tôt ou tard, le dessus.
    Pour combattre la campagne de presse étrangère, je n’attendais
donc rien de la sanction collective introduite par Eicke. Cette campagne se
serait poursuivie même si on avait fusillé des centaines ou des milliers de
Juifs en guise de représailles. Mais, à l’époque, je pensais qu’il était juste
de punir les Juifs qu’on avait sous la main parce que les hommes de leur race s’appliquaient
à répandre des bruits au sujet des « horreurs » dont ils étaient
victimes.
    En novembre 1938, Goebbels procéda à la mise en scène
de la fameuse « Nuit de cristal » en guise de représailles pour l’assassinat
du diplomate von Rath abattu à Paris par un Juif. Dans le Reich entier on brisa
les vitres des magasins juifs, on détruisit les boutiques et on mit le feu aux
synagogues. On empêcha les pompiers de combattre les incendies. Afin de les
défendre « contre la colère du peuple » tous les Juifs qui jouaient
encore un rôle dans le commerce et l’industrie furent arrêtés et envoyés dans
les camps de concentration sous l’étiquette de « Juifs en détention
préventive ».
    C’est alors que j’appris à les connaître.
    Le camp de Sachsenhausen où il n’y avait auparavant presque
pas de Juifs, en était maintenant littéralement envahi. La corruption,
pratiquement inconnue jusqu’alors, s’y introduisit en force, sous les formes
les plus diverses.
    Pour les détenus « verts » (les criminels), les
Juifs étaient un objet d’exploitation accueilli avec joie. Nous nous vîmes
obligés d’interdire aux Juifs de recevoir de l’argent : sinon un désordre
complet se serait installé dans la vie du camp. Entre eux, ces Juifs
rivalisaient par tous les moyens. Chacun s’efforçait d’obtenir une petite
fonction quelconque : ayant amadoué les kapos, ils inventaient toujours de
nouveaux postes pour ne pas avoir à travailler. Ils n’hésitaient pas à porter
des accusations fausses contre leurs compagnons pour s’assurer une situation de
tout repos. Et lorsqu’ils étaient devenus « quelqu’un », ils se
mettaient à opprimer les hommes de leur race d’une façon impitoyable en
surpassant même les « verts » sous tous les rapports.
    Beaucoup de Juifs, plongés dans le désespoir par les
persécutions qu’on leur infligeait, se sont jetés contre les fils de fer
barbelés électrifiés, se sont pendus ou ont essayé de s’enfuir, assurés d’avance
qu’ils seraient abattus par les sentinelles.
    Le commandant du camp de Sachsenhausen jugea opportun de
signaler à Eicke ces incidents qui devenaient de plus en plus fréquents. Mais
celui-ci répondit simplement : « Laissez-les faire, ces Juifs, qu’ils
se dévorent donc entre eux. »
    Je voudrais souligner ici que personnellement je n’ai jamais
éprouvé de haine contre les Juifs. Je les considérais, certes, comme des
ennemis de notre peuple, mais je tenais à les traiter tout comme les autres
détenus en ne faisant aucune différence entre eux. Par ailleurs la haine n’est
pas un trait de mon caractère. Mais je sais ce que c’est que la haine et
comment elle se manifeste. J’ai vu le visage de la haine et j’en ai ressenti
les effets…
    C’est en 1941 que le Reichsführer jugea nécessaire de
procéder à la liquidation de tous les Juifs, sans exception aucune [78] . Mais l’ordre
donné dans ce sens fut bientôt remplacé par un autre prévoyant que les hommes
capables de travailler seraient employés dans les industries d’armement. C’est
alors qu’Auschwitz devint à son tour un camp de

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