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Le commandant d'Auschwitz parle

Le commandant d'Auschwitz parle

Titel: Le commandant d'Auschwitz parle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Rudolf Hoess
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propre existence. D’ailleurs j’ai eu l’occasion d’observer
des attitudes toutes différentes au moment où l’on procédait à des liquidations
générales ; j’aurai l’occasion d’y revenir.
Les femmes
    Tout ce que je viens d’écrire s’applique aussi aux diverses
catégories de détenues du sexe féminin.
    Seulement la situation des femmes était beaucoup plus
pénible, beaucoup plus insupportable parce que les conditions générales de vie
dans le camp des femmes étaient infiniment plus mauvaises, en ce qui concerne l’entassement
et les installations sanitaires. D’autre part, on n’a jamais réussi à mettre de
l’ordre dans ce camp de femmes, précisément parce que, dès le début, cette
promiscuité épouvantable ne le permettait pas.
    Les réflexes de la masse étaient sous tous les rapports plus
sensibles que chez les hommes. Lorsque les femmes étaient arrivées à un certain
niveau de déchéance, elles se laissaient aller complètement. Semblables à des
fantômes, dénuées de toute volonté, elles erraient entre les baraques, se
faisaient traîner par les autres : un beau jour, elles mouraient. Ces
cadavres ambulants présentaient un aspect terrifiant.
    La catégorie « verte » était dans le camp féminin
d’un genre tout à fait spécial. On nous avait envoyé de Ravensbrück, à ce qu’il
me semble, le rebut d’humanité. Ces femmes surpassaient de loin leurs
homologues masculins en vulgarité, en bassesse et en avilissement. C’étaient
pour la plupart des filles qui avaient déjà purgé de longues peines de prison.
Ces bêtes féroces devaient inévitablement assouvir leurs mauvais penchants sur
les détenues qu’elles devaient surveiller. Or, Himmler lui-même avait indiqué,
lors de sa visite à Auschwitz en 1942, qu’il les considérait comme particulièrement
désignées pour l’emploi de kapo auprès des femmes juives.
    Presque toutes ces filles ont survécu à la détention, à
moins d’avoir été victimes d’une épidémie. Pour elles, les souffrances morales
n’existaient pas.
    Je les vois encore aujourd’hui participant au massacre de
Budy. Je ne crois pas que les hommes soient capables d’atteindre un tel niveau
de bestialité. Je frissonne en me rappelant comment elles étranglaient les
Juives françaises, comment elles les tuaient à coups de hache et les déchiraient
en lambeaux [81] .
    Heureusement toutes les femmes « vertes [82]  » et « noires [83]  » n’étaient
pas aussi dépravées. Il y avait parmi elles un certain nombre d’« êtres
humains », capables d’éprouver de la sympathie pour les autres détenues,
mais cela ne leur valait que des persécutions des autres représentantes de leur
catégorie et la plupart des surveillantes affichaient à leur égard un mépris
total.
    Contrastant avec ces éléments déplorables, on trouvait les « sectatrices
de la Bible », désignées vulgairement comme « abeilles ou vermisseaux
de la Bible ». Malheureusement trop peu nombreuses, elles étaient très
recherchées malgré leur attitude plus ou moins fanatique. On les employait dans
les familles nombreuses des SS, dans la maison des Waffen-SS et même dans la
maison qui servait de lieu de réunion aux chefs du camp ; mais elles
travaillaient surtout la terre, ou faisaient de l’élevage de volaille à
Harmensee et dans diverses fermes.
    Point n’était besoin de les surveiller ni de les faire
garder par des sentinelles. Elles se montraient assidues et zélées au travail
en pensant obéir aux ordres de Jéhovah. C’étaient pour la plupart des
Allemandes d’un certain âge, mais il y avait aussi parmi elles quelques jeunes
Hollandaises. Pendant trois ans, j’ai employé deux femmes, assez âgées, dans ma
propre maison et ma femme me disait souvent qu’elle n’aurait pas pu faire mieux
que ces détenues. Elles prodiguaient des soins touchants à tous les enfants
grands et petits et ceux-ci s’attachaient à elles comme à des membres de la famille.
Au début, nous avions craint qu’elles ne cherchent à convertir les petits au
culte de Jéhovah, mais elles ne faisaient rien de semblable et s’abstenaient
même d’aborder des questions religieuses dans leur conversation avec les
enfants, discrétion étonnante pour qui connaît leur fanatisme.
    On trouvait aussi parmi elles quelques êtres bizarres. L’une
de ces femmes employées chez un Führer SS s’appliquait à deviner tous ses
désirs, mais elle se refusait

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