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Le commandant d'Auschwitz parle

Le commandant d'Auschwitz parle

Titel: Le commandant d'Auschwitz parle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Rudolf Hoess
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temps pour
participer à leurs jeux. Aujourd’hui je regrette amèrement de ne pas avoir
consacré plus de temps à ma famille. Je pensais que toute ma vie devait être
sacrifiée au service et cette notion exagérée du devoir m’a rendu l’existence
encore plus difficile qu’elle ne l’était en réalité. Combien de fois ma femme
ne m’a-t-elle pas sermonné : « Ne pense donc pas toujours au service,
pense aussi à nous ! » Mais elle ne savait rien de toutes mes
préoccupations obsédantes : je ne lui en ai jamais soufflé mot.
Nouvelles fonctions administratives
    Au moment où l’on procéda au sectionnement de l’administration
d’Auschwitz, sur proposition de Pohl, celui-ci me laissa le choix entre deux
postes : commandant de Sachsenhausen ou chef de bureau D 1 [99] .
    Pour Pohl, c’était déjà exceptionnel de laisser le choix d’un
poste à l’intéressé. En l’occurrence, il fit mieux : il me donna
vingt-quatre heures pour réfléchir. Il voulait se montrer bienveillant parce qu’à
son avis je devais regretter mon départ d’Auschwitz.
    Effectivement, j’ai éprouvé au premier moment une certaine
peine en m’arrachant à Auschwitz ; je me sentais trop lié à ce camp où j’avais
eu à vaincre tant de difficultés et tant d’abus, où tant de lourds problèmes
restaient à résoudre.
    Mais, tout compte fait, j’étais heureux d’en être libéré.
Dans aucun cas, je ne me serais chargé d’un autre camp : après les neuf
années que j’avais consacrées à leur gestion (dont trois ans et demi à
Auschwitz) j’en avais vraiment assez. Je me décidai donc à accepter le poste de
chef du bureau D 1. C’était le seul choix qui me restait car on ne me
laissait pas aller au front : à deux reprises, une demande rédigée en ce
sens avait été catégoriquement rejetée par Himmler.
    Je ne tenais pas particulièrement au travail de bureau, mais
Pohl m’avait bien expliqué que je pourrais exercer mes fonctions comme bon me
semblerait.
    Lorsque je fus installé dans mon poste, le 1 er  décembre 1943,
Glücks me laissa complètement libre. Il n’était pas particulièrement content de
m’avoir désormais parmi ses plus proches collaborateurs mais, puisque Pohl le
désirait, il ne lui restait plus qu’à se résigner à l’inévitable.
    Quant à moi, je ne pensais nullement avoir trouvé une
occupation de tout repos. Mes projets étaient nettement définis : je
voulais faciliter la tâche des commandants de camp en envisageant les problèmes
dans l’optique du camp lui-même, c’est-à-dire en faisant le contraire de ce qu’avaient
fait mes prédécesseurs. Je voulais maintenir une notion exacte des difficultés
et des abus, et me mettre ainsi en mesure d’obtenir de mes chefs hiérarchiques
des décisions qui tiendraient compte des réalités.
    Les documents, les instructions et toute la correspondance
en provenance de tous les camps, conservés dans mes bureaux, me permettaient de
suivre leur évolution depuis le moment où Eicke était devenu inspecteur et de
me faire une idée exacte de la situation. Il y avait beaucoup de gens que je ne
connaissais pas personnellement. Mon bureau enregistrait toute la
correspondance de l’inspection générale des camps dans la mesure où il ne s’agissait
pas de l’emploi de la main-d’œuvre, des problèmes sanitaires ou purement
administratifs.
    Mais c’était tout. Les dossiers, les archives ne
fournissaient aucune indication sur l’état réel des camps. Mon intention était
d’aller me rendre compte par moi-même et d’ouvrir grand les yeux.
    J’allais donc entreprendre de nombreux voyages d’inspection,
conformément au désir de Pohl qui voyait en moi un spécialiste « actif »
et non théorique de la vie d’un camp.
    Je pus voir ainsi beaucoup de choses, constater de
nombreuses déficiences et des abus cachés. Avec l’aide de Maurer, qui dirigeait
le bureau D 2 et représentait, en tant qu’adjoint de Glücks, le véritable
inspecteur, j’ai pu en supprimer un bon nombre. Mais en 1944 il n’y avait plus
grand-chose à changer. Les camps se remplissaient de plus en plus, avec tout ce
que cela comportait d’inconvénients.
    À Auschwitz, par exemple, l’exécution du nouveau plan d’armement
entraîna le départ de dizaines de milliers de Juifs, qui malheureusement, ne
gagnèrent guère au change. On les avait réunis dans la plus grande hâte, avec
une précipitation vraiment incroyable, selon

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