Le commandant d'Auschwitz parle
pas
capable d’un tel reniement.
En lisant les publications des documents retrouvés et les
procès-verbaux de Nuremberg, je me suis aperçu que les dirigeants du Troisième
Reich ont provoqué par leur politique de violence cette guerre terrible avec
toutes ses conséquences.
J’ai compris que nos dirigeants, en se servant d’une
propagande et d’une terreur inouïes, sont parvenus à soumettre à leur volonté
notre peuple tout entier qui, à de rares exceptions près, les a suivis jusqu’au
bout sans manifester le moindre esprit de critique ou de résistance.
À mon avis, on aurait pu atteindre tout aussi bien par des
moyens pacifiques l’élargissement nécessaire de notre espace vital. Ceci dit,
je suis fermement convaincu que les guerres ne peuvent être évitées et qu’elles
se produiront aussi dans l’avenir.
Mais pour jeter un voile sur la politique de force adoptée
par nos dirigeants, il fallait rendre leurs mesures acceptables pour la nation
en déformant la réalité par la propagande. Pour empêcher que se manifeste le
doute ou l’opposition, il fallait également instaurer la terreur que nous avons
connue.
Pour ma part, je crois qu’un ennemi sérieux peut être
désarmé si on lui oppose des principes meilleurs que les siens.
Hitler était le représentant le plus typique d’une doctrine
fondée sur la « mystique du chef ». Chaque Allemand devait se
soumettre sans condition et sans critique aux dirigeants de l’État, considérés
comme seuls capables de comprendre et de satisfaire les vraies aspirations
populaires.
Tout citoyen qui ne se soumettait pas à cette doctrine
devait être éliminé de la vie publique. C’est dans ce sens et dans ce but qu’Himmler
a créé et élevé ses SS, les camps de concentration et la direction de la
Sécurité du Reich.
Aux yeux d’Himmler, l’Allemagne était le seul État qui avait
le droit d’exercer sa domination sur l’Europe. Tous les autres peuples étaient
relégués au deuxième plan. Les nations au sang nordique prédominant devaient
jouir d’un traitement privilégié afin qu’on puisse les englober, par la suite
dans le corps de l’Allemagne. Les peuples de sang oriental, par contre,
devaient être morcelés et réduits à néant, à l’état d’ilotes.
En s’inspirant de ces idées, on avait organisé, dès avant la
guerre, des camps de concentration destinés à l’internement des ennemis de l’État.
Grâce au procédé de la sélection, ils devinrent, par là même, des lieux d’éducation
pour les asociaux et rendirent dans ce domaine des services précieux à la
nation tout entière. Ils devinrent aussi un instrument utile pour la « lutte
préventive [119] »
contre la criminalité.
Mais, à partir de la déclaration de guerre, ces camps se
transformèrent en lieux d’extermination directe et indirecte où allait être
anéantie cette partie de la population des territoires conquis qui se rebellait
contre ses conquérants et ses oppresseurs.
J’ai déjà longuement expliqué mon attitude personnelle à l’égard
de ces « ennemis de l’État ».
De toute façon, c’était une erreur de procéder à l’extermination
de grandes parties des nations ennemies. On aurait pu réduire les mouvements de
résistance par un traitement bienveillant et raisonnable de la population des
territoires occupés : en fin de compte, le nombre des adversaires vraiment
sérieux serait devenu insignifiant.
Aujourd’hui, je reconnais aussi que l’extermination des
Juifs constituait une erreur, une erreur totale. C’est cet anéantissement en
masse qui a attiré sur l’Allemagne la haine du monde entier. Il n’a été d’aucune
utilité pour la cause antisémite, bien au contraire, il a permis à la juiverie
de se rapprocher de son but final.
Quant à la direction de la Sécurité du Reich, ce n’était que
l’organe d’exécution, le bras policier prolongé d’Himmler. Cette direction et
les camps de concentration eux-mêmes n’étaient destinés qu’à servir la volonté
d’Himmler et les intentions d’Adolf Hitler.
J’ai déjà amplement expliqué dans les pages précédentes l’origine
des horreurs qui se sont produites dans les camps de concentration. Pour ma
part, je ne les ai jamais approuvées. Je n’ai jamais maltraité un détenu ;
je n’en ai jamais tué un seul de mes propres mains. Je n’ai jamais toléré les
abus de mes subordonnés.
Et lorsque j’entends maintenant parler, au
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