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Le commandant d'Auschwitz parle

Le commandant d'Auschwitz parle

Titel: Le commandant d'Auschwitz parle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Rudolf Hoess
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rendis, avec un ordre de marche établi au nom du
quartier-maître Franz Lang, dans l’île de Sylt où se trouvait l’école de
signalisation de la Marine. Je renvoyai mon fils auprès de ma femme avec mon
ordonnance et ma voiture.
    Comme j’étais un peu au courant de la vie de marin, je ne me
fis pas spécialement remarquer. J’avais donc le temps de réfléchir sérieusement
à tout ce qui nous était arrivé.
    Un jour, j’entendis par hasard la radio annoncer l’arrestation
d’Himmler et sa mort par le poison [116] .
J’avais toujours sur moi ma fiole : je pensais m’en servir le cas échéant.
    On évacua notre école dans l’espace réservé aux internés,
entre le canal de Kiel et la Schlei : le bâtiment de l’école, avec l’ensemble
des îles de la Frise, était destiné par les Anglais aux SS faits prisonniers
dans leur zone. C’est ainsi que je me trouvai tout près de ma famille : je
pus la voir à plusieurs reprises ; mon fils aîné venait me rendre visite
tous les deux jours. En ma qualité d’agriculteur professionnel, j’obtins une
libération anticipée ; je passai sans difficulté à travers tous les
contrôles britanniques et fus placé par le bureau de travail comme ouvrier
agricole dans une ferme près de Flensburg. Le travail me plaisait ; je
jouissais de toute mon indépendance car le fermier était encore prisonnier chez
les Américains. Je restais là pendant huit mois et je pouvais maintenir le
contact avec ma femme par l’intermédiaire de son frère, employé à Flensburg.
    Celui-ci m’avait informé que j’étais recherché par la
gendarmerie de campagne britannique, que ma famille était strictement
surveillée et soumise à des perquisitions fréquentes.
Mon arrestation
    Le 11 mars 1946, à vingt-trois heures, on vint m’arrêter.
    Deux jours avant cette date, ma fiole de poison s’était
brisée.
    Réveillé en sursaut, je pensai être attaqué par des
cambrioleurs qui étaient alors très nombreux dans la région : on n’eut
donc aucune peine à m’arrêter. Le traitement que je subis de la part de la
Field Security Police ne fut pas particulièrement clément.
    On m’emmena à Heide et je me retrouvai par hasard dans la caserne
même d’où les Anglais m’avaient libéré huit mois plus tôt.
    Mon premier interrogatoire fut « frappant » au
sens exact du terme. J’ai signé le procès-verbal, mais je ne sais pas ce qu’il
contenait : l’alternance de l’alcool et du fouet était trop sensible, même
pour moi. Le fouet était ma propriété personnelle : il se trouvait par
hasard dans les bagages de ma femme. Je ne crois pas que j’en ai frappé mon
cheval et certainement pas les détenus. Mais l’homme qui m’interrogeait pensait
probablement que je m’en servais pour battre des prisonniers à longueur de
journée.
    Au bout de quelques jours, je fus conduit à Minden sur la
Weser, centre des interrogatoires de la zone anglaise. Là, j’ai subi un
traitement encore plus brutal de la part du procureur militaire, un commandant
anglais. Le régime de la prison où je me vis enfermé correspondait à son
attitude.
    Au bout de trois semaines, je fus brusquement conduit chez
le coiffeur qui me rasa la barbe et me coupa les cheveux ; on m’autorisa
aussi à me laver. Depuis mon arrestation, c’était la première fois qu’on m’enlevait
mes menottes.
    Le lendemain, on me transporta en voiture spéciale à
Nuremberg, en compagnie d’un prisonnier de guerre qu’on avait amené de Londres
comme témoin à décharge pour Fritzche [117] .
Après mes expériences précédentes, mon séjour dans la maison d’arrêt me fit l’effet
d’une cure en sana. Je me trouvais dans le même pavillon que les principaux
accusés et je pouvais les voir constamment lorsqu’on les conduisait au
tribunal. Des représentants de tous les pays alliés venaient presque tous les
jours faire un tour dans notre prison : chaque fois on me montrait comme
une « bête féroce » particulièrement curieuse.
    On m’avait fait venir à Nuremberg comme témoin à décharge de
Kaltenbrunner, sur demande de son défenseur. Jusqu’à ce jour, je ne suis pas
parvenu à comprendre pourquoi c’était moi entre tous qu’on avait choisi pour ce
rôle.
    Les conditions de mon séjour étaient excellentes sous tous
les rapports ; nous disposions d’une grande bibliothèque et je pouvais
employer tout mon temps à lire. Mais les interrogatoires étaient vraiment

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