Le Conseil des Troubles
ancêtre.
Le marquis ne cessait de regarder le général d'un air joyeux qui commençait à agacer celui-ci. Enfin, n'y tenant plus, le marquis questionna :
— Que savez-vous du pape Jules II?
Surpris, Bamberg répondit :
— C'était un homme violent mais il fit venir Michel-Ange et Raphaël.
— Excellent ! Ami des arts, en effet. De son nom Julien della Rovere. Né à Savone en 1443, mort à Rome en 1513. Élu pape en 1503. Entre cent autres choses, il fit reconstruire la basilique Saint-Pierre.
— C'est fort intéressant ! répondit Bamberg, ironique.
Pontecorvo hocha la tête :
— Donc, ce pape avait besoin d'argent.
— Voilà qui change tout !
— De beaucoup d'argent...
— C'est très papal, cela...
Un petit sourire au coin des lèvres, Pontecorvo expliqua :
— Il se souvint alors du fabuleux trésor des Templiers, sans doute le plus immense existant en Occident. Aussi offrit-il 10 pour cent du Trésor à celui qui permettrait de le retrouver.
— Quelle générosité ! répondit Bamberg qui s'ennuyait de plus en plus.
Le marquis se planta face au général qui songea « Il a encore mangé de l'ail » puis, le sourire s'élargissant :
— Général, l'offre tient toujours. Aucun des successeurs de Jules II n'est revenu sur cette promesse qui figure en tant qu'acte... Sauf à déterrer le trésor, nous ne pouvons vous offrir 10 pour cent mais acceptez au moins la cassette.
— Mais qu'en ferais-je, c'est là une immense fortune?
— Ah, mon ami, que puis-je vous dire ?
— Voilà un nouveau problème!... grommela Bamberg, l'air contrarié.
Le lendemain matin, Pontecorvo le mit en rapport avec des joailliers, la fine fleur de la profession. L'estimation fut si hallucinante que ces messieurs, Hollandais, Lombards, Juifs, Florentins..., durent s'associer à sept et demander un mois de délai pour réunir les fonds.
Une heure plus tard, Bamberg procédait au rassemblement de ses dragons dans la cour de la caserne des gardes-françaises.
Il leur laissa la moitié du trésor à se partager avec les familles de tous les dragons tués aux Opérations Spéciales, ce qui faisait 153 parts mais chacune d'elles correspondait à trois mille ans de solde.
Il poursuivit en disant qu'il comprendrait parfaitement qu'on veuille quitter l'armée mais qu'à son avis, l'honneur commandait de ne point le faire avant d'avoir vengé les camarades, notamment Worden des Forts et La Mothe-Sislées. Et qu'en outre, la baronne de Neuville était toujours prisonnière de leurs ennemis. Il invita ceux qui voulaient demeurer à faire un pas en avant : tous les dragons s'exécutèrent.
Enfin, en raison de la mort de ses amis, il dut procéder à quelques promotions de remplacement. Ainsi, l'excellent baron de Sereni fut-il promu lieutenant-colonel, c'est-à-dire adjoint direct du général.
Matinée bien remplie, on le voit, les hommes se préparant avec le plus grand soin pour leur dernière bataille.
***
Toujours guettant la rue Garance depuis la fenêtre, Bamberg se retourna, joyeux, vers les deux policiers :
— Enfin, le vent change !... Que le chirurgien qui attend en bas se tienne prêt !
Puis, dévalant l'escalier, il sortit dans la rue pour se montrer.
Alors, le malheureux chien qui venait de s'asseoir dans la neige devant la porte massive de l'hôtel de Von Ploetzen, aperçut le général et arriva en boitillant.
Aussitôt Bamberg le prit en ses bras, rentra dans l'immeuble et posa le chien sur une table sous l'oeil du chirurgien lequel, aussitôt, se livra à une rapide inspection :
— Fameux coup de sabre, monsieur le général. Tout le flanc est ouvert et trois côtes brisées. Il survivra mais il faut le calmer car il a perdu beaucoup de sang.
Bamberg fit alors une chose très inattendue, qui surprit la totalité des hommes présents : il embrassa le chien sur la truffe. Il ne crut pas nécessaire d'expliquer le courage de Scrub, blessé, suivant la voiture où se trouvait sa maîtresse et passant la nuit dehors par un froid polaire.
Puis, se redressant, il songea à la situation.
Ses hommes se trouvaient embusqués chez l'habitant, des deux côtés de la rue, mais le général subodorait qu'on lui préparait quelque chose.
Il avait demandé les plans de l'hôtel particulier Von Ploetzen mais le cabinet de l'architecte avait brûlé et l'homme étant mort peu après, le reste des archives fut détruit.
Le lieutenant-colonel de Sereni, en patrouille dans le centre de la ville, en
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