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Le Conseil des Troubles

Le Conseil des Troubles

Titel: Le Conseil des Troubles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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advenir, se dressa d'un bond mais Tancrède le calma d'un geste :
    — Ne t'inquiète pas.
    — Mais la pierre ?
    — Je ne pense pas que ce soit une pierre, Hugo. Plutôt un métal, un métal inconnu, étrange et effrayant.
    Comme absent, il ôta la chaîne d'argent et présenta le bijou noir au regard de Pomarès qui en détailla le motif avec intensité en disant :
    — Mon Dieu, tout y est, semblable à ce qui est décrit dans le Grand Livre.
    Il leva les yeux et rencontra le regard soupçonneux de Bamberg auquel il expliqua :
    — Je vous dirai tout cela mais de grâce, ne différez pas l'instant. Que je sache, enfin !
    Sans l'ombre d'une hésitation, Bamberg jeta le médaillon noir dans le creuset.
    Sous les yeux étonnés de ses compagnons et de Pomarès, la pierre se liquéfia avec une extrême rapidité. Bien plus surprenant encore, alors que son volume ne pouvait produire, sous la fusion, que la pointe de la future dague, elle dut multiplier sa densité par dix car c'est le creuset tout entier qui s'emplit d'un métal lourd, épais, couleur d'argent. Sans le moindre bouillonnement et là encore, la chose allait contre toute logique.
    S'armant de lourdes pinces de forge, Pomarès ôta le creuset du fourneau. Aussitôt, le métal en fusion se durcit et prit la couleur du charbon.
    Un instant perplexe, le vieillard tapota le creuset sur le sol pour décoller l'arme de son moule.
    Tancrède précisa d'une voix lasse :
    — C'est inutile, il n'est déjà plus d'adhérence car le métal se trouve immédiatement refroidi au contact de l'air.
    — Impossible, cela n'existe pas! répondit Pomarès qui versa le contenu du creuset en un seau d'eau glacée.
    La dague y tomba, sans provoquer le moindre bouillonnement provenant ordinairement du métal en fusion jeté en l'eau froide.
    Les deux compagnons du duc et Pomarès échangèrent un regard stupéfait puis le vieil homme se pencha vers le seau tandis que Bamberg grondait :
    — Surtout, ne touchez pas à la dague!
    Pomarès jeta l'eau et précipita la dague dans un seau de neige que Clément venait d'aller quérir dans la cour.
    La dague noire tomba dans la neige sans que celle-ci ne fonde.
    — Tudieu, elle est donc froide? Mais comment pareille diablerie est-elle possible ? demanda Hugo.
    Tancrède haussa les épaules :
    — Je connais bien cet effet mais n'en possède pas l'explication. Et pareillement de ceci qui a le mérite d'être amusant.

    Il désigna le creuset et aussitôt, on s'approcha.
    Sur le fond demeuraient quelques gouttes de métal en fusion qui ne refroidissaient pas. Puis une goutte attira une autre, une autre encore, une nouvelle... C'était un jeu étrange et magique : des quatre coins du creuset, les gouttes venaient à la première en s'y mêlant.
    Puis l'ensemble prit une forme plate, de l'envergure d'un oeuf de pigeon, devint noir comme l'ébène tandis qu'on y distinguait un motif.
    — Diable, quelle sorcellerie que cela ! lança Clément.
    Pomarès le reprit aussitôt :
    — Ce qu'on ne peut expliquer et qui appartient à la nature relève de la science et nous sommes loin de tout savoir.
    Hugo, qui n'avait pas écouté tant le motif l'intriguait, dit sa pensée à voix haute :
    — Cette gravure n'a point de sens...
    Pomarès et Clément s'approchèrent pour y regarder de plus près.
    On ne voyait qu'un personnage. Coiffé d'un casque antique où se distinguait un dauphin couronné de feuilles de chêne, avec une barre d'acier protégeant le nez, il portait une tunique tombant à mi-cuisses, tenait un glaive dans une main et, dans l'autre, une pierre qu'il semblait avoir tout juste ramassée sur un objet oblong, très plat, enfoncé de bosses. En les airs, un autre objet oblong, parfait celui-là, lançait un trait sur l'homme qui paraissait n'en point souffrir. Au contraire, ses bras s'écartant, il semblait s'en désaltérer. Enfin, en le lointain, une montagne fumait en son sommet.
    — L'ensemble, regardez, paraît subir un léger tremblé ! remarqua Hugo.
    — Serait-ce pour donner, par le mouvement, une impression de scène vivante ? demanda Clément.
    — Attendez, attendez! lança Pomarès qui regardait avidement.
    Seul Tancrède ne disait rien. Légèrement en retrait, il écoutait avec attention, sachant que les explications viendraient de Pomarès.
    Ce qui ne manqua pas car le vieillard releva la tête en disant à Hugo :
    — C'est très finement observé. Et il n'est pas douteux que ce léger « tremblé », comme vous

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