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Le Conseil des Troubles

Le Conseil des Troubles

Titel: Le Conseil des Troubles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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interdit, Marie-Thérèse s'obstinait depuis les seize ans du duc à le vouvoyer et l'appeler « Monseigneur ». Il n'y prêtait plus attention.
    Il répondit :
    — Je crois que ce sera pire encore que l'année dernière. Après cet hiver glacé, qui sera long, nous aurons un printemps pluvieux qui va tout pourrir.
    — Encore la famine en le royaume... constata Hugo avec tristesse.
    Après la tarte, Marie-Thérèse se leva et recueillit des braises dans la cheminée : les officiers savaient qu'il ne servait à rien de protester.
    Bien que son coeur fût saisi d'angoisse à l'idée que demain, ceux qu'elle appelait en secret « mes chers fils » s'en iraient affronter les dangers et les horreurs de la guerre, elle s'activa consciencieusement pour chauffer les draps avec son long instrument.
    Puis elle entendit dans l'escalier des bruits de bottes, les rires et les cris des officiers qu'elle envoya au lit en donnant artificieusement de la grosse voix.
    ***
    Couché dans les draps délicieusement chauds, son regard allait des braises pourpres de la cheminée au spectacle de la chute de neige éclairée de lune à travers l'étroite fenêtre à petits carreaux sertis de plomb.
    Tancrède se sentait bien, pris par cette féerie dans une douce chaleur. Le froid, ce serait pour bientôt avec en outre la fatigue, la faim et la peur, davantage pour ses hommes que pour lui-même.
    Il chassa ces pensées.
    Il regretta son chien Philémon, tué d'une balle hollandaise et qui, l'année passée, dormait encore au pied de son lit.
    Il se retourna. La chaleur des draps sur ses jambes et son bas-ventre lui parut un bienfait des dieux en même temps qu'il mesurait le grand vide de sa vie sans amour.
    Loin des aventures sans lendemains, qui suffisaient à Hugo et Clément, il s'était juré de ne plus céder qu'à l'amour où l'âme se trouve en semblable ravissement que le corps. Ce serment remontait à deux ans ! Deux ans sans une caresse, un baiser doux, le parfum d'une chevelure de femme...
    Observant la chute paresseuse des flocons, il murmura :
    — Deux ans. Et j'en ai trente et un!... Tout doit être éteint en moi... Au reste, ce n'est pas en repartant à la guerre que je rencontrerai celle que... qui...
    En quoi il avait raison car ce n'est pas une, mais deux femmes qui allaient entrer en sa vie. Non sans y amener quelques désordres et de très grands dangers...

15.
    Ils voyageaient depuis deux jours, très lentement, en raison tout à la fois du temps qui rendait les déplacements difficiles et parce qu'ils étaient sur leurs gardes, devinant tous trois, d'instinct, que les teutoniques n'en resteraient pas là.
    Cependant, bien qu'il ne jugeât point utile de s'en entretenir avec ses compagnons, ce qui pourrait les inquiéter, Tancrède prêtait aux teutoniques, et à ce géant qui les commandait et avait nom Heinrich von Ploetzen, des motifs différents.
    Ainsi, pour Hugo et Clément, ils s'estimaient « en compte » avec l'aristocrate prussien. Prenant le parti des templiers, il leur paraissait naturel que l'autre veuille en tirer vengeance et tout aussi normal qu'eux ne le laissent pas faire. Querelle de sang qui ne finirait qu'avec l'extinction de l'un ou l'autre parti.
    Pour Bamberg ces motifs, s'il les prenait en considération, n'étaient pas suffisants. Pomarès, en aparté, lui avait dit que pour le Prussien, sa seule existence, étant donné ce qu'il était, constituait un trouble, une anomalie et donc un danger.
    Cependant, pour l'instant, le danger semblait limité car retournant dans le Nord affronter les armées coalisées de la Ligue d'Augsbourg, Bamberg se savait hors de portée des teutoniques. C'est le grand avantage des guerres, quand les boulets et les balles vous prennent pour cible : on ne rencontre pas ses ennemis, peu désireux de vous suivre jusque-là.
    Au fond, le seul danger immédiat se trouverait à Paris, même s'ils n'y restaient que vingt-quatre heures. Ainsi devaient-ils acheter du tabac, différents onguents et préparations d'apothicaires, des petites fournitures personnelles et une longue liste d'articles demandés par les officiers et soldats des Opérations Spéciales demeurés en Flandres.
    La plupart de ces articles, allant du linge de corps à la poêle à frire en passant par la timbale de fer, ne se trouvaient qu'à Paris à des prix assez bas mais il faudrait aussi acheter un mulet afin de ramener ces multiples choses.
    Tancrède songea à ses hommes qui devaient geler de

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