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Le Conseil des Troubles

Le Conseil des Troubles

Titel: Le Conseil des Troubles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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choses.
    Elle se retourna vers lui :
    — Le garde est toujours là, les autres doivent fouiller les maisons. Je vais cacher votre uniforme dans ce coffre avec vos armes. Et vous vous ferez passer pour mon frère, un simple d'esprit.
    — Je n'aurai pas de trop gros efforts à fournir...
    Elle haussa les épaules, mais avec gentillesse.
    Bamberg posa son sabre sur la table, suivi de ses deux pistolets, un autre encore qui se trouvait sous l'habit, un poignard dans la tige d'une de ses bottes, un couteau de lancer dans l'autre, et de nouvelles armes encore, dissimulées sur tout le corps.
    Considérant le tas très impressionnant d'engins de mort sur la table, elle lança en souriant :
    — Mon Dieu, mais c'est vraiment tout un arsenal qui voyage en votre compagnie.
    Il lui rendit son sourire :
    — Vous l'avez vu vous-même, nos routes ne sont point sûres.

26.
    — J'ai suivi vos instructions. Vous... vous avez de grandes connaissances, le résultat est stupéfiant, j'avoue n'avoir jamais rien vu de semblable.
    L'armurier tenait à manifester de façon ostentatoire son admiration.
    Il lui semblait de bonne justice de donner carrière aux ambitions d'un homme qui s'avérait très en avance sur son temps.
    — Avez-vous noté la formule des alliages ? demanda son interlocuteur.
    — Certes non, vous m'aviez prié de n'en rien faire. Au reste, c'est inutile, j'ai mis tant de passion à fabriquer ce fusil selon vos indications que tout est gravé en mon esprit à tout jamais.
    L'inconnu portait justaucorps, veste et culotte en déclinaison de tons marron et rouille bien assortis à un chapeau noir à plumes jaunes. Il était coiffé d'une perruque qui ne dissimulait pas tout à fait ses cheveux roux.
    Il regarda l'armurier droit dans les yeux :
    — Avez-vous tiré avec ce fusil ?
    — Mais certainement et là encore, j'en suis demeuré confondu : un enfant de dix ans, muni d'un tel fusil, ne pourrait pas rater son homme ! Ah, monsieur, vous m'étonnez, et je ne sais pas même votre nom?
    Il s'agissait, quoi qu'elle fût discrète, d'une prière et l'homme aux cheveux roux sembla prendre cette requête qui ne s'affichait point comme telle en considération.
    Il réfléchit quelques instants puis, souriant aimablement :

    — Pourquoi pas?... Je me nomme Augustin de Nestoc.
    L'armurier rendit le sourire :
    — Voilà un bien joli nom, en vérité. Nestoc sonne comme « estoc » en l'expression « frapper d'estoc ».
    — On m'en a déjà fait la remarque... répondit l'homme aux cheveux roux d'un ton modeste.
    L'armurier suivit le regard de Nestoc qui s'attachait au fusil posé sur le comptoir de fer encombré d'outils et, aussitôt :

    — Ah, monsieur, prenez-le donc en main et jugez par vous-même.

    Sans répondre, Augustin de Nestoc saisit l'arme. Il l'épaula très vite, la tourna et retourna, caressa le métal, observa l'intérieur du canon, y introduisit le petit doigt :
    — C'est bien, l'intérieur du canon est parfaitement lisse.
    L'armurier fut flatté du compliment :
    — Parfaitement lisse, en effet. Vous aviez beaucoup insisté et ce ne fut certes pas le plus facile.
    — Rien n'est jamais facile à l'homme qui aime son métier et davantage que les autres se remet inlassablement à l'ouvrage.
    L'artisan prit le temps de se bien pénétrer de ces paroles avant de répondre :
    — On ne saurait dire plus justement les choses et sans doute étiez-vous en cet état d'esprit en imaginant ce fusil.
    — Tout à fait.
    — L'étonnant, pourtant, réside en ceci qu'il n'est point sur cette arme un changement mais que tout est différent. Ainsi les alliages, le bois, tout n'est que légèreté et ce fusil pèse deux fois moins que les autres. Une chose pourtant m'étonne car je la comprends mal.
    Nestoc, jusque-là très courtois, se montra une fois encore des plus accommodants :
    — Mais je vous en prie, dites-moi cette chose qui vous surprend.
    — Eh bien cela tient à la mollesse de la balle.
    Augustin de Nestoc hocha gravement la tête et reposa délicatement le fusil sur le comptoir de fer. Puis son regard se perdit au-delà de l'armurier, vers la petite ruelle déserte où se situait l'échoppe.
    — C'est que mes balles tuent deux fois. Ne comprenez-vous pas pourquoi ?
    — J'avoue que la chose m'échappe...
    Le tueur réfléchit, comme un adulte cherchant à se faire bien comprendre d'un petit enfant, puis :
    — Il devrait être remarqué des esprits observateurs que la course d'une balle... Ah, je vais

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