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Le Dernier Caton

Le Dernier Caton

Titel: Le Dernier Caton Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Matilde Asensi
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que la septième et la neuvième pouvaient correspondre à d’autres choses.
    — Ah ! oui. Ce peuvent être les épreuves, mais il n’y en a que sept. Ce pourrait être une référence aux symphonies de Beethoven, mais aussi aux septième et neuvième mots de la prière du père Stephanos.
    — Cela me paraît intéressant, dis-je en me levant pour m’approcher de la reproduction du texte sur le panneau.
    Après quatre jours de travail intense, je le connaissais par cœur et le lus à voix haute. Puis je poussai un soupir. Nous pouvions en effet être sûrs d’une chose, comme l’avait dit Glauser-Röist, c’était un vrai rideau de fumée !
    — Prends un feutre, Ottavia, me demanda Farag de son fauteuil. J’ai une idée.
    Je lui obéis aussitôt, car en général ses intuitions étaient toujours justes. Donc, en prenant le gros feutre noir dans la main droite, j’attendis immobile, comme une élève disciplinée, que le professeur daignât dispenser son savoir.
    — Bien. Supposons que les deux phrases écrites à l’encre rouge aient un sens particulier…
    — Mais nous avons déjà vu cela plusieurs fois cette semaine ! protesta le capitaine.
    — « Toi qui as vaincu l’orgueil et l’envie, vaincs maintenant la colère avec patience. » Il n’y a pas de doute, ce premier énoncé est une façon d’attirer notre attention. Le candidat arrive à la crypte du Saint-Sépulcre, et découvre la tablette avec cette phrase qui le prévient que ce qui va suivre fait partie de l’épreuve qu’il doit surmonter.
    — Ce que je ne comprends pas, murmurai-je, c’est comment les stavrophilakes qui débarquent à Jérusalem peuvent découvrir l’existence de cette crypte sacrée, et comment ils parviennent à y entrer.
    — Cela fait combien de temps que nous avons commencé les épreuves ? demanda soudain le capitaine en s’arrêtant net.
    — Cela fait exactement deux semaines, le dimanche 14 mai. Ce jour-là, j’étais à Palerme pour assister à l’enterrement de mon père et de mon frère, quand vous m’avez appelée au téléphone. Nous sommes le 28 mai, cela fait donc exactement deux semaines.
    — D’accord, eh bien, supposez qu’au lieu de nous déplacer d’une ville à l’autre en hélicoptère ou en avion, au lieu de disposer d’ordinateurs et d’Internet, de compter sur vos amples connaissances et celles de tous ceux qui nous aident, chacun dans leurs villes respectives, supposez qu’un seul de nous ait dû faire tous ces déplacements à pied ou à cheval, et trouver ce qu’il y avait à Sainte-Lucie ? Combien de temps croyez-vous qu’il aurait mis pour parvenir à ce résultat ?
    — Ce n’est pas pareil, Kaspar, protesta le professeur. Pensez que ce qui pour nous ne sont que des connaissances historiques lointaines représentait, du XII e au XVIII e siècle, le contenu normal des études de tout homme bien né. L’éducation était faite pour atteindre un épanouissement total, et obtenir qu’une personne fût peintre, sculpteur, poète, architecte, musicien, mathématicien, athlète… Tout à la fois ! La science et l’art n’étaient pas séparés alors comme ils le sont aujourd’hui. Souvenez-vous de Hildegarde von Bingen, ou de Léon Baptiste Alberti, ou de Léonard de Vinci. Tout candidat du Moyen Âge ou de la Renaissance, comme Dante, étudiait depuis l’enfance toutes ces choses que nous devons aller chercher dans les greniers des souvenirs. Dante était médecin aussi, vous le saviez ?
    — Oui, mais Abi-Ruj Iyasus, objectai-je, n’a pas reçu cette éducation classique.
    — Qu’est-ce qui te permet de l’affirmer ?
    — Rien, bien sûr, mais nous parlons de l’Éthiopie, un pays où les gens meurent de faim et où la moitié de la population vit dans des camps de réfugiés.
    — Ne te trompe pas, me contredit Farag. L’Éthiopie possède une histoire, une tradition et une culture que peuvent lui envier l’Europe et les États-Unis. Avant de connaître la situation catastrophique actuelle, l’Éthiopie, alors appelée Abyssinie, fut riche, forte, puissante, et surtout cultivée, très cultivée. Ce qui se passe, c’est que les images que nous offre aujourd’hui la télévision nous font penser à un pays misérable, perdu dans un coin lointain d’Afrique. Mais la reine de Saba était éthiopienne, et la maison royale de ce pays se considérait comme descendante du roi Salomon !
    — Professeur, s’il vous plaît,

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