Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le dernier royaume

Le dernier royaume

Titel: Le dernier royaume Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
Vom Netzwerk:
mais les chefs se
réunirent. Comme de coutume, Brida et moi servîmes d’yeux à Ravn, qui nous
expliqua à son tour ce que nous voyions.
    L’assemblée se tenait dans l’église du palais, un bâtiment
romain au toit en forme de demi-tonneau sur lequel étaient peintes la lune et
les étoiles, mais le bleu et l’or étaient à présent écaillés et pâlis. La fumée
du grand feu allumé au centre de l’église montait en spirale jusqu’à la voûte.
Halfdan présidait depuis l’autel, entouré des principaux jarls. L’un d’eux
était un homme fort laid avec un visage aplati, une énorme barbe brune et un
doigt coupé à la main gauche.
    — C’est Bagseg, nous apprit Ravn. Il se fait appeler
roi, alors qu’il ne vaut pas mieux que quiconque.
    Bagseg était arrivé du Danemark à l’été avec dix-huit
navires et près de six cents hommes. À ses côtés siégeait un homme sinistre aux
cheveux blancs et au visage agité de tics.
    — Le jarl Sidroc, expliqua Ravn. Son fils doit être
avec lui ?
    — Un homme maigre, avec le nez qui coule ?
interrogea Brida.
    — Le jarl Sidroc le Jeune. Il ne cesse de renifler. Mon
fils est là ?
    — Oui, dis-je. Auprès d’un très gros homme qui chuchote
à son oreille en souriant.
    — Harald ! s’exclama Ravn. Je me demandais s’il
viendrait. C’est un autre roi.
    — Un vrai roi ? demanda Brida.
    — Eh bien, il se fait appeler ainsi car il règne sur
quelques champs boueux et un troupeau de porcs puants.
    Tous étaient venus du Danemark et d’ailleurs. Le jarl Fraena
avait amené ses hommes d’Irlande et le jarl Osbern avait fourni la garnison de
Lundene pendant que l’armée se rassemblait. Ensemble, ces rois et jarls avaient
réuni bien plus de deux mille hommes.
    Osbern et Sidroc proposèrent de traverser la rivière et de
frapper directement au sud. Pour eux, cela permettrait de couper le Wessex en
deux et la partie est, ancien royaume de Kent, pourrait alors être prise rapidement.
    — Il doit se trouver bien des trésors à Contwaraburg,
insistait Sidroc. C’est la ville sainte de leur religion.
    — Mais pendant que nous marcherons sur leur ville
sainte, objecta Ragnar, ils nous prendront à revers. Leurs forces sont à
l’ouest. Il suffit de vaincre l’ouest pour faire tomber tout le Wessex. Nous
prendrons Contwaraburg une fois que nous aurons battu l’ouest.
    Tel était l’objet du débat. Soit prendre la partie la plus
facile du Wessex, soit s’attaquer à leurs principales places fortes à l’ouest.
Deux marchands danes furent consultés ; deux semaines plus tôt, ils
avaient fait commerce à Readingum, à quelques milles en amont, aux abords du
Wessex. Ils prétendaient avoir ouï dire que le roi Æthelred et son frère Alfred
rassemblaient leurs cavaliers à l’ouest. Selon eux, l’armée ennemie compterait
au moins trois mille hommes.
    — Parmi lesquels seuls trois cents seront des soldats
aguerris, coupa Halfdan.
    Son sarcasme lui valut un concert de coups d’épées et de
lances sur les boucliers. Le vacarme résonnait sous la voûte arrondie de
l’église quand survint un nouveau groupe de guerriers, menés par un homme de
très haute taille, à la forte carrure, vêtu d’une tunique noire. Il avait une
allure impressionnante avec son visage glabre, et devait être très riche, car
sur son manteau noir brillait une énorme broche d’ambre et d’or et il portait
abondance de bracelets, un marteau et une lourde chaîne, le tout en or. Dans
son sillage, le silence se fit. L’atmosphère, jusque-là enjouée, parut soudain s’assombrir.
    — C’est le jarl Guthrum, chuchota Ravn.
    — Guthrum ?
    — Guthrum le Malchanceux.
    — Avec tous ces bracelets ?
    — Tu pourrais lui donner le monde, expliqua Ravn, que
Guthrum croirait toujours que tu l’as trahi.
    — Il a un os accroché dans les cheveux, fit remarquer
Brida.
    — Tu lui demanderas de te l’expliquer, s’amusa Ravn,
refusant d’en dire plus sur l’os, manifestement une côte ornée d’une pointe
d’or.
    Guthrum le Malchanceux, jarl de Danemark, annonça qu’il
disposait de quatorze navires. Personne n’applaudit.
    Guthrum, qui avait le visage le plus lugubre et le plus
renfrogné qui fût, contempla l’assemblée comme un homme s’attendant à être
condamné après un procès. Ce fut Ragnar qui brisa ce silence gêné.
    — Nous avons décidé d’aller à l’ouest, déclara-t-il.
(Nul n’avait pris la moindre décision,

Weitere Kostenlose Bücher