Le discours d’un roi
à préparer son discours. Cette année encore, le roi ne pouvait pas ne pas s’adresser aux citoyens de l’Empire.
Il faisait froid mais beau, ce jour-là. N’ayant guère d’espoir du côté des trains, Logue opta pour le bus de la Green Line jusqu’à Windsor. « J’avais passé la nuit dans le froid, et lorsque la porte s’ouvrait, les gens frissonnaient à l’intérieur, écrivit-il. C’était comme entrer dans une glacière. J’avais de plus en plus froid, et lorsque nous avons atteint Windsor, je suis sorti du bus complètement frigorifié. » Logue commença à se réchauffer en marchant jusqu’au château. À ses efforts s’ajouta ensuite un verre de vin de Xérès avec Mieville, ainsi qu’un bon feu brûlant dans la cheminée. Il fut enfin comblé de recevoir un étui à cigarettes en or de la part de la reine.
Après un dîner composé d’une tête de sanglier aux prunes, Logue suivit le roi jusqu’à son bureau et les deux hommes se mirent au travail. Logue n’aimait pas le discours. Pour lui, le roi n’avait pas grand-chose à en tirer, mais il ne pouvait rien y faire. Dans ce discours, le roi avertissait son peuple des difficultés à venir tout en affirmant que nous étions « sur le chemin de la victoire et [qu’]avec l’aide de Dieu, nous [finirions] par obtenir la paix et la justice ».
La guerre continua. Le 22 juin 1941, l’Allemagne, avec, à ses côtés, d’autres puissances de l’Axe ainsi que la Finlande, envahit l’Union soviétique en lançant l’opération Barbarossa. L’objectif était d’anéantir la Russie et le communisme, non seulement pour agrandir le Lebensraum, l’espace vital de l’Allemagne, mais également pour accéder aux ressources stratégiques dont elle avait besoin pour vaincre ses autres adversaires. Au cours des mois suivants, l’Allemagne et ses alliés enregistrèrent des victoires importantes en Ukraine et dans les pays baltes, assiégèrent Leningrad et se rapprochèrent de Moscou. Hitler n’avait toutefois pas atteint son objectif et Staline disposait toujours d’une force militaire considérable. Le 5 décembre, les Russes passèrent à la contre-attaque. Deux jours plus tard, les Japonais bombardaient Pearl Harbor, faisant entrer la puissance américaine dans la guerre aux côtés des Alliés.
Les forces de l’Axe continuèrent à progresser durant l’année 1942. L’armée japonaise se déploya dans toute l’Asie, conquérant la Birmanie, la péninsule malaise, les Indes orientales néerlandaises et les Philippines. L’Allemagne, pour sa part, décimait les transports alliés au large des côtes américaines et lança une vaste offensive en juin pour mettre la main sur les champs de pétrole du Caucase et occuper les steppes du Kouban. Les Russes l’arrêtèrent à Stalingrad.
La guerre faisait également rage en Afrique du Nord où l’ Afrikakorps du général Rommel, composé d’infanterie et d’unités mécanisées allemandes et italiennes, menaçait d’atteindre Le Caire. Rommel attaqua le 26 mai, obligeant les Français à évacuer Bir Hakeim ; une semaine plus tard, il campait devant les portes de Tobrouk. Il déploya ensuite ses hommes vers l’est, quittant la Libye pour arriver en Égypte et atteindre, le 1 er juillet, la ville d’El Alamein, à moins de cent kilomètres d’Alexandrie. Le coup était rude pour les Alliés. Churchill, qui se trouvait alors à Washington, dut rentrer à Londres et affronter une motion de censure, qu’il remporta facilement.
C’est alors que se produisit en Afrique un tournant décisif, et certainement pour toute la guerre. Les forces britanniques contre-attaquèrent et repoussèrent Rommel. Les Allemands creusèrent des tranchées et un bras de fer s’engagea, durant lequel le général Montgomery fut nommé commandant en chef de la 8 e armée. Le 23 octobre, les Alliés repartirent à l’assaut, alignant 200 000 hommes et 1 100 chars face aux 115 000 soldats et 559 chars des puissances de l’Axe. Rommel, qui était rentré en Allemagne pour des raisons de santé, revint précipitamment à la tête de ses hommes. La supériorité numérique des Alliés était incontestable et, le 2 novembre, le général allemand avertit Hitler que ses hommes n’étaient plus en mesure de résister. Pour le Führer, il n’était pas question de capituler : « Ce ne serait pas la première fois dans l’histoire qu’une volonté inflexible triomphe de plus
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