Le discours d’un roi
été le premier à être appelé en 1940 et servait à présent dans le corps médical de l’armée royale (RAMC). Ayant travaillé dans la restauration à Lyon, Laurie fut assigné au transport de nourriture. Envoyé en Afrique, il entra dans la Gideon Force sous les ordres de l’excentrique colonel Orde Wingate, qui contribua à chasser les Italiens hors d’Éthiopie et à restaurer Hailé Sélassié sur son trône. Promu sous-lieutenant en février 1942, il était cité à l’ordre du jour le mois suivant et nommé lieutenant en juin 1943.
Vint ensuite le tour de Tony. Après seulement un an à l’école de médecine à l’université de Leeds, il rejoignit les Gardes écossais ( Scots Guards ) en 1941. Il effectua un bref séjour à Sandhurst, puis fut envoyé en Afrique du Nord. Quant à Valentine, il poursuivit ses études de médecine en Angleterre : après un bref passage en chirurgie générale pour soigner les victimes du Blitz , il s’orienta à partir de 1941 vers la neurochirurgie, alors en plein essor. Nommé dans un premier temps à l’hôpital de St. Albans, où il se spécialisa dans les blessures à la tête, il s’installa ensuite à Édimbourg.
Sexagénaire, Logue était désormais trop vieux pour s’engager dans l’armée, mais il travaillait trois nuits par semaine en tant que membre de la défense passive. Sa santé commençait à décliner : en août 1943, il fut admis à l’hôpital pour être opéré d’un ulcère de l’estomac. Le roi, qui passait comme d’habitude ses vacances d’été au château de Balmoral, fut tenu informé de l’état de santé de son orthophoniste par Mieville qui invita Logue à venir passer quelques jours au bord de la mer pour se remettre. Le 23 octobre, Logue écrivait au roi : « Je suis heureux de vous annoncer mon rétablissement presque complet et j’attends avec impatience votre retour. Cela fait maintenant trois longs mois. Cet ulcère – le premier de ma vie – n’aura pas été une expérience plaisante mais je remercie Dieu que tout se soit bien déroulé. »
La guerre était également source de problèmes financiers : la plupart des jeunes hommes qui formaient l’essentiel de la clientèle de Logue avaient été mobilisés, comme ses fils. Quant à ceux qui restaient, les incessants bombardements du Blitz les dissuadaient de venir pour une consultation à Londres. Les 500 livres que le roi fit parvenir à Logue en janvier 1941 – « en reconnaissance de [ses] services distingués » – furent particulièrement bienvenues.
« Je suis profondément touché qu’avec toutes vos responsabilités et vos soucis, vous preniez la peine de me remercier et de m’aider si naturellement, écrivit Logue plein de reconnaissance. J’ai toujours été à votre humble service et cela a été un grand privilège que de vous servir. […] J’ai souvent été touché par votre grande bonté et espère sincèrement et du fond du coeur vivre encore de longues années pour vous servir. »
Ces cadeaux exceptionnels, bien qu’appréciés, ne suffisaient toutefois pas à régler les problèmes financiers de la famille. La grande maison de Sydenham Hill commençait à devenir une charge. « Il est de plus en plus difficile d’entretenir la maison de Beechgrove maintenant qu’il n’y a plus de main-d’oeuvre, déplore Logue en juin 1942 dans une lettre à Rupert, le petit frère de Myrtle. Myrtle n’a personne pour l’aider et il est impossible de trouver quelqu’un pour tondre le gazon. Une maison de vingt-cinq pièces et cinq salles de bains est un véritable cauchemar ces temps-ci. Comme je n’ai pas le droit d’utiliser la tondeuse à moteur, je dois utiliser la vieille tondeuse à main, inutile de vous dire la taille des cales sur mes paumes. » Finalement, le couple décida d’acheter un mouton pour s’occuper de la pelouse.
Le travail de Logue avec le roi ne lui valut pas seulement des compensations financières : décoré de l’ordre royal de Victoria la veille du couronnement du roi, Logue fut également ajouté à la liste des honneurs de juin 1943 et officiellement élevé au rang de commandeur le 4 juillet de l’année suivante. Il fut en outre nommé représentant de la British Society of Speech Therapists au sein de la British Medical Association, même si, ainsi qu’il l’écrivit à Rupert, il aurait « préféré que cela arrive vingt ans plus tôt car j’aurais pu en profiter bien
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