Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Druidisme

Le Druidisme

Titel: Le Druidisme Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
Vom Netzwerk:
spéculations du
christianisme celtique tel qu’il a été vécu en Irlande et dans les communautés
bretonnes, qu’on arrive à comprendre ce que pouvait être la religion druidique.
Une tradition religieuse, surtout lorsque son emprise a été très forte – c’est
le cas du druidisme –, ne disparaît jamais pleinement. À cet égard, ce qui
s’est passé le 27 juin 1970, en Bretagne, lors d’une cérémonie chrétienne au
sein de l’Église celtique restaurée, rattachée à l’orthodoxie, est profondément
significatif. Un des membres de cette Église celtique, voulant quitter cette
Église, sollicita de son supérieur, l’archevêque Iltud, sinon une bénédiction
apostolique, du moins unefiliation
initiatique. L’archevêque accepta et déclara dans un avertissement
préliminaire : « Mon intention est de donner à X toutes les lignées
initiatiques dont je suis détenteur et particulièrement celles des lignées qui
ont pu passer dans les églises depuis les druides mes prédécesseurs, par
exemple au moment de la consécration des druides aux charges d’évêques » [368] . On
sait en effet que Patrick et ses premiers disciples ont baptisé, ordonné et
consacré de nombreux membres de la caste sacerdotale druidique. On peut tirer
de cela les conclusions qu’on voudra mais il est certain que, bien souvent, on
cherche des druides là où ils ne sont pas et on côtoie des druides sans le
savoir. Allons même plus loin : il y a des héritiers des druides qui ne
savent pas qu’ils sont dépositaires d’une lignée initiatique.
    Cela dit, et en écartant toutes les affabulations qui ont
été répandues sur le sujet, il est possible d’avoir une idée d’ensemble du
druidisme. C’était donc une religion d’origine incontestablement
indo-européenne, parallèle aux religions de l’Inde, de la Grèce, de Rome et de
la Germanie. Mais, comme toute religion ancrée dans un pays déterminé,
confrontée aux anciennes croyances des populations aborigènes, le druidisme
s’est chargé d’éléments qui n’appartenaient pas au fonds originel
indo-européen. Si la structure même de la hiérarchie sacerdotale et la répartition
trifonctionnelle qui caractérisent son « panthéon » sont
indubitablement d’essence indo-européenne, de nombreuses croyances et de
nombreux rites ne semblent pas avoir la même origine. D’où la spécificité du
druidisme. D’où les références possibles à des religions antérieures comme les
cultes mégalithiques et les cultes solaires de l’Âge du Bronze nordique. Car,
de toute façon, le druidisme a une coloration nordique par rapport aux religions méditerranéennes. Il paraît plus proche de la
religion germanique et même des religions finno-ougriennes que de la religion
de la Grèce classique et de celle de la Rome républicaine. C’est même dans
cette perspective « nordique », concernant l’immense plaine
asiatico-européenne qui va du Pacifique à l’Atlantique, que le druidisme a des
croyances et des pratiques semblables à celles du chamanisme. Là, l’héritage
des Scythes se fait sentir, eux qui furent les médiateurs entre l’Orient et
l’Occident, mais par le nord. Les Grecs de l’Antiquité n’avaient peut-être pas tort
lorsqu’ils confondaient les Celtes et les Germains sous la vague appellation
d’Hyperboréens. Et si ce n’est pas une vérité, c’est néanmoins un indice.
    Ce qui peut encore être mis en évidence, c’est le caractère social du druidisme. Jamais une religion n’a fait
autant corps avec le groupe social, assurant à celui-ci son équilibre et sa
raison d’être, réalisant le couple druide-roi, semble-t-il, à la perfection, le
roi n’existant pas sans le druide, ni le druide sans le roi. C’est la preuve du monisme fondamental qui caractérise la pensée
druidique : rejet définitif du faux problème de la dualité, vision
dialectique de l’univers, unité et multiplicité de la Divinité, tendance
certaine à un pur monothéisme, Dieu étant unique et multiple dans ses
manifestations.
    C’est dire que le druidisme ne s’est pas contenté de rassembler
et de mettre en ordre certaines pratiques rituelles plus ou moins magiques. Le
druidisme avait une portée spirituelle que les Grecs et les Latins ont admirée
sans la comprendre, mais dont ils ont assurément porté témoignage. Le druidisme
a été certainement l’une des plus grandes et des plus exaltantes aventures de
l’esprit humain,

Weitere Kostenlose Bücher