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Le Druidisme

Le Druidisme

Titel: Le Druidisme Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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le druidisme, qui, de toute façon, n’était pas originaire d’Irlande,
ne pouvait provenir que de ces îles mythiques situées dans un nord non moins
mythique. Nous retrouverons d’ailleurs ce thème à propos de l’Autre Monde, tel
qu’il a été pensé par les Celtes. Et le procédé ne pouvait que garantir les
lettres de noblesse du druidisme qui, en tant que doctrine sacrée, devait avoir
nécessairement une origine sacrée.
    Nous avons vu que le récit de La
Bataille de Mag Tured voit dans les Tuatha Dé Danann les introducteurs
du druidisme en Irlande. Il y a là un point essentiel à éclaircir, car les
Tuatha Dé Danann, quatrième peuple à occuper l’Irlande post-diluvienne selon la
pseudo-histoire traditionnelle que racontaient les Irlandais du Moyen Âge, et
prédécesseurs immédiats des Gaëls, jouent un rôle considérable dans la
mythologie et la religion non seulement de l’Irlande, mais de tous les Celtes.
Les Tuatha Dé Danann, comme leur nom l’indique (« gens de la déesse Dana »),
sont un peuple de dieux. Ce sont eux qui fournissent le panthéon irlandais, et
certains se retrouvent en Grande-Bretagne et sur le continent, parfois sous des
noms identiques comme Lug et Ogma-Ogmios, ou sous des appellations différentes
qui n’empêchent pas de les reconnaître, comme Dagda-Sucellos ou Dagda-Taranis,
sans parler des innombrables divinités connues seulement sous un surnom local.
    Nous sommes donc en plein mythe, presque en pleine théogonie.
Mais dans toute tradition mythologique – et c’est encore plus vrai chez les
Celtes –, il faut toujours se demander si le mythe ne recouvre pas une certaine
réalité historique, soit par processus d’évhémérisation, soit parce que le
mythe, pour être compréhensible et transmissible, doit s’incarner, se
matérialiser dans la fiction comme dans l’histoire. Se borner à affirmer que
toute la tradition irlandaise est mythologique, et qu’on ne peut y apporter la
moindre référence historique, c’est une position logique, permettant de mieux
examiner les ressorts propres du mythe, mais c’est se priver d’une ouverture
sur le réel : en accentuant la dichotomie entre le réel et l’imaginaire,
on dissocie arbitrairement deux tendances qui coexistent chez l’être humain et
qui, pourtant, étudiées conjointement, ont de fortes chances d’expliquer son
comportement quotidien. C’est en refusant l’opposition mythe et réalité, mythe
et histoire, qu’on peut en apprendre davantage sur l’aventure de l’esprit.
    Le caractère nordique des Tuatha Dé Danann, même s’il n’est
que symbolique, ne fait aucun doute. La tradition en fait cependant les
descendants de Nemed, dont la race fut la deuxième occupante de l’Irlande
post-diluvienne. Le sens de Nemed est très clair : c’est le
« Sacré », ce qui indique donc pour les Tuatha une généalogie divine.
D’après le Leabhar Gabala , « Livre des Conquêtes »,
vaste compilation mythico-historique du XII e  siècle
irlandais, les ancêtres des Tuatha se trouvaient en Scandinavie, mais la
Scandinavie, depuis les invasions des Vikings, est une localisation commode de
l’Autre-Monde. D’après l’ Histoire d’Irlande de
Keating, c’est en Grèce que se trouvaient les Tuatha, mais ils séjournèrent
sept ans en Scandinavie, puis dans le nord de l’Écosse, avant d’aborder en
Irlande. De toute façon, la plupart des textes sont formels : les Tuatha
Dé Danann ont mis le pied en Irlande « le lundi de Beltaine  » (c’est-à-dire le 1 er  mai,
la seconde grande fête celtique de l’année), et ils brûlèrent leurs navires,
s’entourant ainsi d’un halo de fumée qui les rendait encore plus mystérieux.
C’est une allusion au rituel des feux de Bel, caractéristiques de la fête du 1 er  mai.
Ces Tuatha arrivaient avec les quatre talismans fondamentaux qui réapparaissent
constamment dans la tradition mythologique des Celtes, même dans les versions
les plus récentes comme les romans arthuriens, à savoir : la Pierre de
Fâl, ou Pierre du Couronnement, la Lance flamboyante de Lug (qui est peut-être
celle qu’on découvre dans le fameux Cortège du Graal), l’Épée de Nuada, qui ne
peut être brandie que par son propriétaire (et qu’on retrouve dans l’Excalibur
d’Arthur) et la chaudron inépuisable de Dagda, prototype évident du Graal.
    Tout cela, bien compris, signifie que les Tuatha apportaient
avec eux une doctrine religieuse, une

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