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Le Druidisme

Le Druidisme

Titel: Le Druidisme Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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d’interprétation que de
prétendre que le gui doit être cueilli avec ses boules. Cela signifie donc
qu’il pouvait être cueilli toute l’année, à condition que ce fût le huitième
jour de la lune. Cela dit, la vieille coutume de l’ Aguilanée ou de l’ au-gui-l’an-neuf, coutume demeurée
très vivace dans toutes les régions, particulièrement en Bretagne, et appuyée
sur des chansons populaires, est ou bien moins vieille qu’on le dit, ou bien
déplacée de sa date originelle. En effet, autrefois, l’ année commençait le
1er avril , tandis que le Nouvel An celtique était la fête de
Samain, le 1 er  novembre.
    Tout cela permet d’affirmer de la façon la plus formelle que la cueillette du gui n’a rien à voir avec le solstice
d’hiver, ni avec la fête de Noël . Mais elle se déroulait dans des
conditions bien précises : le druide coupe lui-même le gui « avec une
faucille d’or ». Le gui est recueilli « dans un linge blanc »,
et le druide est vêtu « d’une robe blanche ». La couleur blanche est
la couleur sacerdotale par excellence. Cette cueillette concerne donc au
premier chef les druides. L’usage qu’ils feront du gui, c’est un autre problème.
La « faucille d’or » fait un peu sourire, car elle est devenue une
véritable image d’Épinal. D’ailleurs l’or est beaucoup trop mou pour pouvoir
couper quoi que ce soit : il s’agissait sans aucun doute d’une faucille en
bronze ou en fer, revêtue d’une pellicule d’or. Mais de toute façon, le
symbolisme luni-solaire est apparent : l’or est l’image du soleil, la
faucille le croissant de lune. Ce n’est pas un hasard. Et Pline ajoute que
cette cueillette du gui était suivie d’un sacrifice de taureaux blancs , très jeunes puisque « leurs cornes sont
liées pour la première fois » (XVI, 249). On sait, par ailleurs, que le
sacrifice des taureaux est un rite d’intronisation royale. Cela semblerait
indiquer que la cueillette du gui n’est pas un rituel isolé, mais qu’il n’est
qu’une partie d’un ensemble cérémoniel qui nous reste inconnu. La spécificité
de cette coutume a dû faire son succès auprès des Grecs et des Latins,
provoquant du même coup sa mise en relief au détriment des autres composantes.
    Mais il y a d’autres cueillettes rituelles. Ainsi, pour
cueillir « la plante appelée selago , on
ne fait pas usage du fer ; on passe la main droite du côté gauche du
vêtement, comme pour commettre un vol ; il faut, de plus, être habillé de
blanc, avoir les pieds lavés et nus, et avoir fait auparavant une offrande de
pain et de vin » (Pline, XXIV, 103). La selago est le lycopode, d’un usage très courant actuellement en homéopathie : et
l’on sait que les préparations homéopathiques nécessitent des manipulations
délicates, à l’abri de tout contact métallique qui risquerait d’altérer
certaines propriétés du produit brut ou élaboré. On comprend ainsi beaucoup
mieux la « faucille d’or », l’or étant un métal neutre, voire
bienfaisant. Et le rituel est significatif. La droite est le côté de la lumière,
la gauche, c’est-à-dire le nord, puisque les Celtes s’orientent face au soleil
levant, est le côté mystérieux, le côté de l’ombre. La cueillette de la selago est une prise de possession de forces
mystérieuses. Et pour ne pas altérer ces forces, il importe d’être en tenue
sacerdotale (le vêtement blanc) et d’avoir un contact total avec la terre par
les pieds lavés et nus. Mais, là encore, cette cueillette de la selago n’est qu’une partie d’un rituel plus
complexe, puisqu’il y a offrande de pain et de vin. On cueille également le samolus , une plante des marais, dans des conditions
précises : « Celui qui la cueille ne doit ni regarder derrière lui ni
déposer la plante ailleurs que là où l’on entrepose les boissons », et
surtout, il doit opérer « de la main gauche » (Pline, XXIV, 104).
Tout cela fait partie d’un rituel de médecine religieuse dont les plantes
semblent être la principale composante. Il est bon de se souvenir de la
Fontaine de Santé du dieu Diancecht. Et Pline signale encore que les druides
utilisent la verveine pour tirer les sorts « en chantant des
incantations » (XXV, 106).
    On a tendance à parler ici de « magie » végétale [202] . Mais
le mot peut prêter à de déplorables confusions. On a méprisé les Gaulois et
tourné les druides en ridicule pour moins que

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