Le Druidisme
fameux Fiana du roi Finn avaient
l’habitude de passer les six mois d’hiver dans les maisons des Irlandais,
qu’ils avaient pour mission de protéger, mais dès le 1 er mai,
ils s’en allaient à travers toute l’Irlande, vivre une vie nomade. C’est
également à Beltaine qu’ont lieu les invasions
mythiques de l’Irlande. De toute évidence, la fête de Beltaine est une ouverture sur la vie et la lumière,
une introduction dans l’univers diurne, alors que Samain marque l’entrée dans le monde nocturne, ce qu’on appelle encore en Bretagne les
« mois noirs ».
Le rituel de Beltaine demeure très incertain. Certes, il s’agissait d’une fête sacerdotale, et les
druides devaient y être à l’honneur. Sans doute y avait-il des cérémonies, des
jeux, des assemblées, des festins. La coutume des branches plantées dans les
champs, dans les jardins et sur les étables, coutume qui persiste de nos jours,
est un lointain souvenir de ce rituel. Les feux dits de la Saint-Jean se
déroulaient à cette date, et le roi d’Irlande devait être le premier à allumer
le feu. Tous ceux qui se seraient permis de le faire avant lui auraient été
condamnés à mort. On sait que saint Patrick le fit, d’ailleurs impunément, et
que cela compta beaucoup, à ce qu’on raconte, dans la conversion des Irlandais
à la nouvelle religion. Mais, depuis l’extinction du druidisme, le 1 er mai
est resté cependant la fête populaire de l’activité humaine, surtout
économique. Ce n’est certes pas pour rien qu’on y a placé la Fête du Travail.
Dans les pays germaniques, la nuit de Beltaine est
la « Nuit de Walpurgis » durant laquelle se rassemblent tous les
sorciers et les sorcières. Cela veut dire que, ce jour-là, ou plutôt cette
nuit-là, la classe sacerdotale agit. Mais, comme les druides ont disparu en
tant que prêtres, philosophes et juristes, ils réapparaissent dans la mémoire
populaire sous l’aspect dépréciatif de sorciers. Cela explique en partie les
rituels de conjuration extrêmement nombreux qu’on remarque dans la tradition
populaire à propos du 1 er mai : bénédiction des animaux et
des étables, passage des troupeaux à travers des rangées de flammes ou de
braises, purification magique des locaux où ont séjourné les animaux, incantations
diverses pour protéger les troupeaux des maladies et des bêtes sauvages.
Si, à Samain , on entre en
« dormition », à Beltaine , on donne
le signe du réveil. Pendant l’hiver, le feu est invisible, caché dans les
pierres, dans le bois, dans la matière inerte. Mais l’énergie que représente le
feu existe à l’état de potentialité. À la fête de Beltaine ,
cette énergie se manifeste, accomplit une véritable « épiphanie ».
Les flammes qui jaillissaient du bûcher de la colline de Tara, allumé par le
roi d’Irlande, sous la protection des druides, étaient plus qu’un
symbole : dans le cycle des saisons et des jours, elles étaient la preuve
que de la mort pouvait jaillir la vie.
La quatrième fête, Lugnasad ,
se situait au 1 er août. D’après la tradition, Lugnasad (étymologiquement, la « Fête de
Lug ») avait été établi par le dieu Lug lui-même, à Tailtiu, en mémoire de
sa mère nourricière, la déesse Tailtiu, symbole de la Mère-Irlande. La fête
consistait en jeux divers et surtout en assemblées plénières. Il semble que Lugnasad soit avant tout une fête royale. Le roi y
préside en effet des courses de chevaux, des joutes poétiques, mais il n’y a
pas de jeux guerriers, ni de morts rituelles. Le roi, en cette époque de
l’année, est supposé être en possession du maximum de sa puissance. Il le faut,
d’ailleurs, puisque va commencer la période où l’on récolte les fruits de
l’année. On ne peut oublier que tout cela se passe sous le patronage d’une
déesse-mère qui, d’après le mythe, est morte elle-même afin d’assurer la
prospérité à ses nombreux enfants. Lugnasad a
disparu du calendrier christianisé, mais elle survit en partie, dispersée dans
d’autres fêtes, comme celle, religieuse, des Rogations, et les nombreuses fêtes
profanes des Moissons. De toute façon, l’été n’est pas propice aux longues
festivités, encore moins aux festins interminables. C’est l’époque du travail
intensif, où l’on prépare la venue des « mois noirs » afin de pouvoir
les franchir sans dommage.
Ainsi donc, le festiaire celtique est articulé autour de
quatre
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