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Le Druidisme

Le Druidisme

Titel: Le Druidisme Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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Romains,
comme les premiers évangélisateurs chrétiens, avaient tout intérêt à noircir le
tableau concernant le druidisme et à dénoncer des pratiques qu’ils jugeaient
contraires aux leurs. Cela dit, les Romains avaient beau jeu de s’offusquer,
eux qui, ayant abandonné les sacrifices humains religieux depuis fort longtemps,
les pratiquaient de façon profane sous forme de combats de gladiateurs ou de
condamnés livrés aux bêtes fauves [260] .
D’ailleurs, les Romains ont souvent accusé les premiers chrétiens de sacrifier
des enfants nouveau-nés : ils ne comprenaient pas le rituel de la messe,
ou manquaient d’informations à ce sujet. L’incompréhension et la méconnaissance
des faits conduisent bien souvent à des erreurs et des outrances.
    C’est pourquoi il faut émettre des réserves quant aux sacrifices
humains attribués aux Celtes, qu’ils soient Gaulois, Bretons ou Irlandais. De
la même façon que les batailles inexpiables décrites dans les épopées sont des
narrations symboliques, les sacrifices humains sont des réalités mythiques,
c’est-à-dire des sacrifices par substitution ou des morts rituelles.
L’embrasement des mannequins d’osier dont parle César doit être ramené à sa
juste dimension : il s’agissait simplement d’un simulacre, comme il se
doit dans tout rite de passage, avec mort apparente – et extase – suivie d’une
résurrection non moins symbolique. La pendaison à l’arbre et la suffocation dans
le chaudron devaient être de même nature : pour ce dernier rite, le
Chaudron de Gundestrup, déjà signalé, constitue la preuve qu’il s’agissait d’un
acte de régénération. La mort sacrificielle du roi est également une sorte de
jeu dramatique au cours duquel se déroule le rajeunissement du roi, son
renouvellement intérieur, faute de quoi sa puissance aurait risqué de décroître
au détriment de la collectivité tout entière. On peut affirmer sans crainte que
le druidisme n’a jamais pratiqué de sacrifices humains autrement que par
substitution, par simulacre [261] ou
par symbole. Toutes les accusations portées par les Romains et par les premiers
chrétiens sont le résultat de calomnies parfaitement conscientes, ou d’un
manque d’informations précises.
    Par contre, on ne peut pas douter un seul instant de
l’authenticité du rituel des Têtes Coupées. Mais ce n’est pas un sacrifice
sanglant dans la mesure où on ne coupe pas la tête d’un vivant : c’est
celle d’un mort que l’on coupe. Diodore de Sicile et Strabon rapportent, d’après
Posidonios, que les Gaulois coupaient la tête de leurs ennemis abattus, et
qu’ils clouaient ces trophées aux portes de leurs maisons. Tite-Live dit à peu
près la même chose à propos de la mort du consul Postumius, dont le crâne,
nettoyé et recouvert d’or, devint un vase sacré. Le cycle épique d’Ulster fait
référence à cette coutume : dans la forteresse du roi Conchobar, il y a
une salle réservée à l’exposition de ces crânes. Cela est corroboré par
l’archéologie : dans les sanctuaires du midi de la Gaule, on a retrouvé
des « accrochoirs à crânes », et la statuaire, notamment celle
d’Entremont, près d’Aix-en-Provence, présente de nombreux exemples de têtes
coupées aux yeux clos. Il arrive aussi que l’on coupe la tête d’un de ses
compagnons morts, pour éviter que cette tête ne tombe aux mains des ennemis.
C’est le cas de Mac Cecht qui, dans la Destruction de
l’Hôtel de Da Derga , coupe la tête de son roi, Conairé, et l’emporte
avec lui [262] .
C’est le cas pour de nombreux héros. Après la mort de Cûchulainn, ses ennemis
lui ont coupé la tête, mais le compagnon de Cûchulainn la récupère [263] . Il
semble que la possession de la tête soit l’équivalent de la possession totale
du personnage, non seulement du point de vue physique, mais également du point
de vue psychique et spirituel [264] .
    Il ne faut pas oublier que, dans la version galloise de la
Quête du Graal, c’est-à-dire le récit de Peredur ,
le Graal n’est pas un vase, ni un chaudron, mais une tête coupée, baignant dans
le sang, et portée sur un plateau. C’est dire la valeur de la tête en tant que
réceptacle non seulement de la vie et de la pensée, mais aussi de l’énergie
mystérieuse, sans doute divine, qui s’y manifeste parfois par ce qu’on appelle
la « Lumière du Héros », ce rayon qui semble surgir de la tête des
individus les

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