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Le Fardeau de Lucifer

Le Fardeau de Lucifer

Titel: Le Fardeau de Lucifer Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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de sa perfidie. Il multipliait les enchères par mille. À Cabaret, j’avais juré à Pernelle que jamais plus je ne la laisserais sans défense, et voilà qu’une fois encore je me retrouvais incapable de la protéger. Ne te laisse pas détourner de ta voie par ceux que tu crois aimer ! m’avait averti Métatron. Mais ne m’avait-on pas justement puni en aiguisant ma conscience afin que je sois à même de peser le poids de mes actes ?
    Rongé par ma propre impuissance, je jetai à Montfort un regard meurtrier, auquel il répondit par un sourire narquois.
    —    Tu l’aimes bien, cette petite hérétique, n’est-ce pas ? demanda-t-il d’un ton amusé. Elle est boiteuse, mais je suppose que pour quiconque est porté sur les fillettes. C’est son petit cul qui t’a fait renier la vraie foi ? Est-ce qu’elle crie quand tu la montes ? Ou se contente-t-elle de couiner comme une truie ?
    Fou de colère, je fis mine de m’élancer vers lui, seulement pour voir mon élan stoppé par mes liens. Dans mon épaule droite, quelque chose se déchira, mais je n’en tins pas compte. Je me débattais comme une bête en furie, espérant futilement rejoindre la gorge du croisé pour la déchirer avec mes dents.
    —    Comme tu le sais, la moralité me tient à cœur, continua-t-il, amusé par mes vains efforts. J’ai épousé dame Alice de Montmorency devant Dieu et les hommes voilà des années et, depuis ce jour béni, jamais ma verge n’a trempé ailleurs. J’en suis fort fier.
    —    Elle doit prendre un vilain plaisir au devoir conjugal, alors, la puterelle. À moins que, sous couvert de vertueuse abstinence, tu camoufles le fait que tu n’es pas en mesure de réclamer ton dû.
    Une gifle mit une fin abrupte à mes fanfaronnades.
    —    Par le même souci de pureté, poursuivit-il, je refuse, dans la mesure du possible, que des putains accompagnent mes troupes. La plupart de mes hommes n’ont donc pas connu de femme depuis des mois et ont les couilles bien gonflées, les pauvres. M’est avis qu’ils apprécieraient un moment avec ton amie. Qu’en penses-tu ?
    Je me débattis à nouveau, sans plus de succès.
    — Mais avant, j’aimerais accueillir quelques invités qui, comme toi, apprécieront le spectacle à sa juste mesure.
    Il fit un signe de tête à Raynal, qui abandonna à regret ses caresses à Pernelle et sortit de la tente. Une minute plus tard, il revint en compagnie de soldats qui portaient des corps inertes qu’ils jetèrent sans ménagement sur le sol avant de repartir. Ma pauvre cervelle sonnée par les coups eut besoin de plusieurs secondes avant de décoder ce que mes yeux voyaient. Un des hommes, roulé en boule sur le côté, était immense. Je ne voyais que son dos nu, couvert de plaies ouvertes laissées par un fouet. Son souffle était irrégulier et interrompu de quintes de toux liquides. L’autre gisait sur le ventre, le visage tourné de l’autre côté. Sa longue chevelure presque blanche était encroûtée de sang. Là où aurait dû se trouver sa jambe gauche, il n’y avait qu’un moignon. Ugolin et Montbard. Ou ce qu’il en restait. Ils n’avaient pas été tués pendant notre entrée à Toulouse, comme je l’avais cru, mais pris par les croisés, sans doute avec la complicité de Raynal, eux aussi.
    Le traître empoigna mon maître par les cheveux, le tira sans ménagement et le retourna de force pour qu’il fasse face à Pernelle. Ce que je vis me brisa le cœur. L’air hagard, un mince filet lui coulant de la bouche, il n’avait pas seulement été sauvagement battu, mais torturé. Son visage n’était qu’une masse informe de viande crue ornée d’une barbe ensanglantée. Son seul œil valide était presque entièrement fermé. Tout son corps était couvert de brûlures suintantes. Ses mains n’étaient plus que des ruines aux doigts brisés, dont chaque ongle avait été arraché pour ne laisser que des extrémités sanglantes. Mais tout cela n’était rien en comparaison de son ventre. Son tourmenteur avait poussé le raffinement jusqu’à lui rouvrir la panse, là où Pernelle l’avait recousue deux fois.
    Incroyablement, lorsqu’il me vit, son visage s’éclaira d’un faible sourire qui exposa des gencives dont on avait arraché la plupart des dents. Raynal lui administra un violent coup de pied dans ses entrailles exposées. Mon maître se crispa de souffrance et vomit du sang et de la bile, puis resta étendu face contre terre,

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