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Le feu de satan

Le feu de satan

Titel: Le feu de satan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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où vous pouvez aller. Si on vous chasse, Ranulf, ne discute pas. Retrouvons-nous ici dans moins d’une heure.
    Il quitta l’hostellerie pour déambuler dans le domaine. Il passa nonchalamment près des écuries, des forges, des granges et, franchissant un grand portail, pénétra dans un vaste jardin superbement conçu, véritable havre de paix et de silence. Une tonnelle de roses et de chèvrefeuille courait le long du mur. Il s’assit sur une banquette gazonnée, près d’un carré de muguet, et parcourut le paysage d’un regard admiratif.
    — Oh, si seulement Maeve était ici ! murmura-t-il.
    Son épouse adorait les jardins. Celui-ci surpassait en beauté tous ceux qu’il avait vus, même dans les palais d’Édouard. Les plantes, dans les plates-bandes bien tracées, embaumaient l’air vespéral de leurs parfums entêtants. Au bout d’un moment, il alla contempler pervenches, polypodes, fenouil, primevères et iris florentins. Non loin, l’achillée, les marguerites et le gaillet jaune poussaient dans des parterres surélevés. Puis il pénétra dans un modeste verger où l’ombre des pommiers, poiriers et mûriers noirs le protégeait des ardeurs du soleil couchant. Se retournant vers le manoir, il avisa les archères et les fenêtres étroites où brillait le verre et se demanda si on ne l’observait pas.
    Une porte basse, dans le mur, donnait sur une prairie qui descendait en pente douce jusqu’à un bosquet, au bord de l’immense lac étincelant. Des étables voisines lui parvenait le meuglement des vaches que l’on rentrait pour la nuit. La brise lui apporta le bruit d’un marteau sur une enclume et il entendit un homme fredonner une chanson. Scène idyllique qui fît resurgir en lui le souvenir doux-amer de son propre manoir de Leighton. Mais il se sentait mal à l’aise, pourtant, sûr que l’on épiait ses moindres gestes. Il tourna sur sa droite et, contournant le logis principal, s’avança vers une rangée d’arbres, derrière laquelle se profilait le labyrinthe, véritable océan de hautes haies verdoyantes et épineuses qui finissaient à la courtine d’enceinte. Il le longea en scrutant chaque entrée jusqu’à ce qu’il aperçût une longue corde sur le sol. Il s’aventura dans le dédale en suivant la corde qui y serpentait.
    — À la Grâce de Dieu ! chuchota-t-il en considérant l’épaisseur des buissons qui enserraient l’allée. Guido Reverchien devait être avide de mortifications.
    Soudain il sursauta : un oiseau, surgi d’un troène, s’était élancé dans le ciel en un bruissement d’ailes qui lui rappela le vrombissement d’un carreau d’arbalète. Il poursuivit son chemin, néanmoins. Aucun son. On aurait dit qu’il s’était perdu dans une forêt magique et secrète. Il suivait toujours la corde. Le silence oppressant s’appesantit. Son coeur battait la chamade et la sueur lui picotait la nuque. Les ombres s’allongeaient, et, par endroits, les rayons du soleil mourant ne perçaient plus les hautes murailles vertes. Il avançait péniblement à présent, en regrettant de ne pas avoir attendu le lendemain. Tout d’un coup, il entendit crisser le gravier.
    Il fît volte-face. Le suivait-on ? Ou le son provenait-il d’un oiseau ou d’un petit animal de l’autre côté de la haie ? Il se figea, l’oreille aux aguets, avant de reprendre sa marche, rassuré. Enfin, la corde contourna une haie et finit au centre du labyrinthe. Une grande croix de pierre se dressait devant lui, précédée de quelques marches sur lesquelles Reverchien devait s’être agenouillé. La pierre et les lourds candélabres de fer étaient fendillés et noircis. Corbett contempla la face sculptée du Sauveur.
    « Que s’est-il passé ? se demanda-t-il. Comment ce feu mystérieux a-t-il pu consumer un vieux soldat en train de prier ? »
    Il étudia l’endroit dévasté par les flammes. Il ne comprenait pas ce qui les avait provoquées. Les cierges avaient disparu, mais il restait de fines traces de cire. Des étincelles auraient pu en jaillir à la rigueur et légèrement brûler quelqu’un, mais pas le transformer en torche vivante. Il s’assit sur la banquette gazonnée et s’efforça de revivre la scène. Reverchien avait sans aucun doute emprunté cette même allée en récitant les psaumes, les doigts crispés sur son chapelet. Le jour qui allait poindre donnait assez de lumière pour qu’il remarque éventuellement quiconque aurait cherché à se

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