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Le Gerfaut

Le Gerfaut

Titel: Le Gerfaut Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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qui avait stoïquement attendu en promenant Merlin et qui rendit à Gilles son bagage.
    Les trois hommes se saluèrent. Mais Gilles sentit au cœur un pincement désagréable en voyant s’éloigner, aux mains du valet, le cheval qu’il s’était pris à aimer. Cette fois, il allait être vraiment seul…
    Tout à coup, Noailles, qui décidément s’intéressait à lui, revint sur ses pas.
    — Où comptez-vous descendre, jeune homme ? demanda-t-il. Il n’est pas plus facile de se loger ici que de prendre place sur un vaisseau du Roi.
    — Cela n’a plus guère d’importance, maintenant ! Le mieux serait même de repartir tout de suite…
    Il n’ajouta pas pour où car il n’en savait strictement rien. N’avait-il pas promis à son parrain de ne revenir à Hennebont qu’une fois devenu un homme ? Douarnenez serait encore la meilleure destination après tout. Peut-être Mme du Couédic trouverait-elle un moyen ?
    — Je ne vous le conseille pas, fit le vicomte gravement. La nuit commence à tomber et, Dieu me pardonne, la pluie également ! Ce n’est pas un temps à errer sur les chemins… surtout à pied puisque vous voilà démonté. Passez au moins la nuit ici.
    — Dans ce cas on m’a indiqué l’auberge du Pilier Rouge, près la maison de poste des Sept-Saints. L’aubergiste est de mon pays.
    — Eh bien, allez-y et n’en bougez avant demain. La nuit, dit-on, porte conseil. Ce n’est pas toujours vrai mais au moins elle apporte le repos et vous en avez besoin…
    — Que faites-vous donc, Noailles ? reprocha la voix mécontente du Suédois qui revenait sur ses pas. Le temps se gâte et nous allons être trempés. Laissez ce garçon aller se faire pendre où il voudra. L’affaire est terminée.
    Le geste de colère impulsif de Gilles, prêt à sauter au visage de cet insolent Suédois qu’il commençait à détester, fut arrêté net par la main du jeune Noailles.
    — Je viens ! fit-il calmement. Puis, plus bas : Promettez-moi de ne pas quitter Brest avant demain midi.
    — Mais, je…
    — N’allez pas vous imaginer Dieu sait quoi mais faites-moi cette promesse. Si je ne vous ai pas donné signe de vie, à midi vous serez libre de partir.
    — Ce sera du temps perdu… mais je promets, monsieur, et vous remercie quoi qu’il en soit !…
    Demeuré seul sur le quai, Gilles, s’interdisant d’épiloguer sur les paroles sibyllines de ce Vicomte dont il ignorait tout, se mit sans plus tarder en quête du Pilier Rouge. Il avait eu son compte de déceptions pour la journée et préférait faire taire son imagination.
    Pourtant, une autre déception l’attendait à l’auberge. Quand il se présenta à l’hôte, celui-ci, dans un beau geste tragique, leva les bras au ciel.
    — Une chambre ? Mais qu’est-ce que le cousin Guillaume s’imagine ? Que ma maison est aussi grande que le palais du Roi ? Non seulement je n’ai plus de chambre, pas même pour moi, mais il ne me reste pas le plus petit cabinet ! D’ordinaire, je loge les gens de la campagne, les colporteurs, les petits commerçants mais avec tout ce monde qui encombre la ville j’en suis venu à loger des officiers. J’ai même un colonel. Un Monsieur de quelque chose, chamarré sur toutes les coutures. Chez moi…
    De toute évidence, il ne revenait pas de cet honneur sans pourtant s’en montrer pleinement satisfait. Le Colonel devait être encombrant.
    — Écoutez, plaida Gilles, ne pouvez-vous me trouver un petit coin, même au grenier ? Il faut absolument que je reste ici jusqu’à demain midi. Je… j’attends des nouvelles d’un ami. Et puis, j’ai faim, je suis las. Guillaume Briant m’avait dit que vous vous chargeriez de moi. Je peux payer, vous savez !
    Maître Corentin Briant ôta son bonnet pour se gratter la tête plus commodément.
    — Pour ce qui est de la nourriture, c’est tout simple mais c’est le logement qui est difficile. Savez-vous qu’il y a des gens qui couchent sur les plages à cette heure ? Mais d’un autre côté, si je vous laisse coucher dehors, le cousin Guillaume est homme à ne jamais me le pardonner… Bon, écoutez, si vous voulez vous contenter d’une botte de paille et d’un coin de la remise, ça pourra aller. Il n’y a pas beaucoup de place parce qu’elle est pleine, la remise. La voiture du Colonel, une grande machine avec des beaux coussins de drap la remplit tout entière…
    — Il ne m’en faut pas plus, s’écria Gilles tout joyeux.

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