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Le Gerfaut

Le Gerfaut

Titel: Le Gerfaut Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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amusements, messieurs, et vais reprendre avec M. le chevalier de Ternay notre inspection des abords. Ah ! j’allais oublier, jeune homme, ajouta-t-il en revenant vers Gilles. Vous m’avez bien dit que vous étiez adressé à Mme la comtesse du Couédic ?
    — En effet.
    — Vous n’avez pas de chance. Madame du Couédic est partie pour son château de Kerguelénen. Depuis la mort de son époux, la vie à Brest lui était trop pénible. Si vous désirez aller vers elle, il vous faut retourner jusqu’auprès de Douarnenez… À vous revoir, monsieur…
    — Mais, mon général…
    Le vent emporta la protestation de Gilles. Déjà, Rochambeau lui avait tourné le dos et rejoignait son compagnon qui, préférant laisser le général en chef s’arranger comme il l’entendrait avec ses subordonnés, s’était éloigné de quelques pas et regardait la mer. Les deux hommes disparurent rapidement dans le vent qui soulevait leurs grands manteaux noirs, suivis des yeux par Gilles bien près du désespoir. C’était sa chance qui s’en allait. Madame du Couédic absente de Brest, il n’avait plus aucun moyen d’approcher l’un des chefs dont il espérait tellement ! Le temps d’aller à Douarnenez, surtout à pied puisqu’il n’avait plus de monture, de revenir et l’escadre, sans doute, serait déjà loin…
    Un toussotement le rappela à l’existence de ses compagnons d’aventure qu’il avait, pour l’heure, complètement oubliés.
    — Eh bien, monsieur, fit Noailles. Venez-vous ou bien prétendez-vous passer la nuit ici ?
    En se retournant il vit que le Suédois s’était rhabillé et agrafait son manteau.
    — Excusez-moi, dit-il. Je vous avais oubliés. Est-ce que nous ne nous battons plus ?
    Fersen haussa les épaules.
    — Vous ne trouvez pas que cela suffit ? L’alerte a été chaude mais je reconnais que votre présence d’esprit nous a tirés de ce mauvais pas. Je vous en rends grâce et m’estime d’autant plus satisfait que vous m’avez rendu le cheval… emprunté ! Restons-en là et rentrons à Brest.
    Et, sans plus attendre, il s’éloigna lentement sur le chemin du bac tandis que Gilles, déçu, regrettant presque une mort qui eût tout arrangé, reprenait à son tour ses vêtements sous l’œil intéressé de Noailles demeuré auprès de lui.
    — Qu’allez-vous faire ? demanda enfin le Vicomte quand ils se remirent en route. Et qu’est-ce que cette Mme du Couédic, dont je n’ai pas l’honneur de connaître autre chose que le nom, était censée faire pour vous ?
    Sensible au ton plein de sympathie de cet inconnu, Gilles le lui dit tout simplement, se permettant seulement un soupir en ajoutant :
    — Maintenant tout est perdu. Le temps d’aller à Douarnenez et de revenir et vous serez tous partis. Tout à l’heure, je n’ai pas su retenir le général qui n’a d’ailleurs aucune raison de s’intéresser à moi. Je ne serai jamais son secrétaire et je n’irai jamais rejoindre ce Monsieur de La Fayette dont on dit qu’il est un héros digne de l’Antiquité. À moins que l’on n’accepte de m’enrôler dans l’un des régiments en partance.
    — N’y comptez pas ! On refuse du monde !
    — Comment cela ? Ce serait bien la première fois qu’un sergent-recruteur bouderait un volontaire. Je les ai vus bien souvent à l’œuvre : ils ne reculent devant rien pour augmenter leurs effectifs.
    — Certes ! On vous acceptera à bras ouverts si vous choisissez l’un des régiments stationnés ici, Karrer ou autre. Mais c’est pour l’Amérique que l’on refuse du monde. Comprenez donc ! Il y a déjà trop de troupes pour le nombre de navires disponibles. Le chevalier de Ternay, que vous venez d’apercevoir et qui s’imagine toujours que le ciel va lui tomber sur la tête, refuse d’embarquer plus de cinq mille hommes. Il y en a près de dix mille ici. Quant aux officiers volontaires, j’en sais plus d’un qui restera à terre, attendant un très éventuel prochain départ. On ne vous prendra pas.
    Ne voulant pas payer l’intérêt du jeune noble en gémissements, Gilles s’efforça de faire bonne contenance et, bien qu’il eût la mort dans l’âme, sourit courageusement.
    — Eh bien ! fit-il, voilà qui met fin à mon rêve. Mais je vous remercie, monsieur, de vous soucier de mon sort, ajouta-t-il en saluant le jeune homme.
    On reprit le bac comme à l’aller. Au pied de la tour de La Motte-Tanguy, Fersen retrouva son valet

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